C'est la première fois que le coût de la rentrée dépasse le seuil des 3.000 euros. D'après l'indicateur du coût de la rentrée 2023 réalisé par la Fage (Fédération des Associations Générales Etudiantes), un étudiant de 20 ans en licence à l'université, non-boursier et n'habitant plus le domicile familial devrait dépenser en moyenne 3.024,49 euros pour entamer l'année scolaire. D'après Etienne Matignon, président de la première organisation représentative des étudiants de France depuis 2017, c'est le signe que « l'éducation supérieure devient un peu plus chaque jour un luxe ».
Augmentation des frais spécifiques à la rentrée
Selon l'indicateur du coût de la rentrée réalisé par la Fage, les frais spécifiques à la rentrée ont augmenté de 2,10% par rapport à la rentrée précédente. Parmi ces frais, on trouve notamment l'augmentation de la CVEC. Il s'agit de la contribution à la vie étudiante et de campus, une taxe affectée aux centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires et aux établissements de l'enseignement supérieur et dont sont exonérés les seuls étudiants boursiers. Indexée sur l'inflation, la CVEC a connu une augmentation de 5,26% pour la rentrée 2023. Elle s'élève à 100 euros cette année, soit 10 euros de plus qu'il y a 5 ans.
La Fage note aussi une augmentation du montant des dépôts de garantie, conséquence d'une augmentation des loyers. Le dépôt de garantie impose le paiement de l'équivalent d'un mois de loyer supplémentaire pour accéder à un logement.
Des dépenses quotidiennes tirées par l'inflation
À ces dépenses ponctuelles, il faut ajouter les dépenses de la vie quotidienne qui doivent être réglées au mois de septembre. Or, les frais de la vie courante ont connu une forte hausse, de 8,8%, par rapport à 2022. Selon la Fage, cela représente un budget supplémentaire d'environ 100 euros par mois. Parmi les postes de dépenses les plus importants, on retrouve le loyer, qui représente près de la moitié des frais mensuels des étudiants. Ce dernier a augmenté de presque 9% (8,95%).
On note par ailleurs une majoration des frais de téléphonie et d'internet (+19%), pourtant essentiel au bon suivi d'un cursus d'enseignement supérieur. Quant au montant des budgets étudiants consacré à l'alimentation, il connaît une hausse de plus de 15% par rapport à 2022, en grande partie tiré par l'inflation qui sévit depuis 2021. Fin juillet, l'Insee déclarait que les prix alimentaires ralentissaient, mais restaient élevés, aussi bien du côté des produits frais (+10,4% sur un an après +11,2%) que des autres produits alimentaires (+13% après +14,1%).
Une méthodologie de calcul repensée pour être plus ajustée
Apolline Dumar, vice-présidente en charge des Affaires sociales de la Fage, précise que la méthodologie du calcul de ce 21e indicateur a été modifiée afin de se rapprocher au maximum de la réalité des dépenses des étudiants et de leurs spécificités. Trois grands axes sont mis en avant : inclure et rendre visible l'ensemble de problématiques auxquelles peuvent faire face les étudiants (comme les frais liés aux menstruations ou ceux liés au transport pour les étudiants venant d'outre-mer), améliorer l'évaluation du coût de la vie étudiante (en prenant en compte le prix d'une alimentation saine, de l'entretien du logement ou encore des loisirs) et enfin mieux appréhender les différents contextes territoriaux.
Cette méthode de calcul permet de refléter notamment les écarts territoriaux dans les dépenses des étudiants. Par exemple, si l'on prend les frais spécifiques à la rentrée de manière globale, ils s'élèvent à 1.824,82 euros. La Fage observe toutefois un écart de près de 400 euros entre les frais déboursés par les étudiants d'Île-de-France (2.196 euros) et les étudiants des régions (1.797 euros).
Des aides jugées insuffisantes
Pour aider les étudiants qui en ont le plus besoin, il existe des aides financières comme des bourses ou des aides au logement (APL). Mais « les aides dédiées aux étudiants sur ces postes de dépenses ne leur permettent pas de faire face à la hausse des frais », affirme la Fage. Au mois de mai, le gouvernement a annoncé que les barèmes d'éligibilité à une bourse étudiante pour critères sociaux allaient être revalorisés de 6 % à la rentrée 2023. Cette mesure consiste en une revalorisation de 37 euros par mois, ce qui reste inférieur à la hausse des frais de vie courante (+97,81 euros par rapport à 2022 selon la Fage). Quant aux APL, elles ont été revalorisées à hauteur de 1,6% en avril alors que la Fage constate une hausse des loyers de 8,95%. La priorité de l'organisation étudiante est d'obtenir une réforme structurelle du système des bourses étudiantes afin que ce dernier puisse garantir l'émancipation, la territorialisation et l'universalisation.