Les défaillances d'entreprises augmentent encore et se rapprochent de leur moyenne pré-Covid

La Banque de France a comptabilisé 56.290 faillites d'entreprises entre janvier 2022 et janvier 2023 ce qui correspond à une hausse de 30,9%. Si la dynamique commence à ralentir, certains observateurs anticipent encore une nouvelle hausse des faillites en 2024.
Les défaillances se sont accélérées dans les domaines de la construction (+36,5% sur un an) et du commerce et de la réparation automobiles (+27,9%).
Les défaillances se sont accélérées dans les domaines de la construction (+36,5% sur un an) et du commerce et de la réparation automobiles (+27,9%). (Crédits : Reuters)

La dynamique ne tarit pas. Les défaillances d'entreprises ont à nouveau progressé de 30% en France entre janvier 2022 et janvier 2023. De facto, elles se rapprochent un peu plus de leur moyenne pré-pandémie de Covid-19, a indiqué ce jeudi la Banque de France.

« À fin janvier, le nombre de défaillances cumulé sur les douze derniers mois poursuit son mouvement de rattrapage et atteint 56.290 », contre 55.996 en décembre, écrit la banque centrale dans un communiqué.

Dans le détail, la Banque de France indique que sur un an, les défaillances d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de grandes entreprises ont doublé (56 en janvier 2024, contre 28 un an plus tôt). Pour les petites et moyennes entreprises, l'indicateur a grimpé de 30,9% sur un an pour atteindre 56.234 défaillances en janvier 2024.

Lire aussi« En Europe, la hausse des faillites fait partie de notre scénario central en 2024 », (Ruben Nizard, Coface)

Côté secteurs, certains ont été davantage touchés que d'autres par l'inflation et le ralentissement économique. La Banque de France recense en janvier un accroissement de plus de 40% sur un an des défaillances d'entreprises dans les secteurs de l'information-communication et des activités immobilières. Les défaillances se sont également accélérées dans les domaines de la construction (+36,5% sur un an) et du commerce et de la réparation automobiles (+27,9%). Chacun de ces deux secteurs a enregistré environ 12.000 défaillances entre février 2023 et janvier 2024.

Un niveau toujours inférieur à celui pré pandémie

« Le nombre annuel de défaillances reste encore inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019 (59.342), avant la pandémie de Covid-19 », tempère toutefois la Banque de France. Cette dernière relève également que « le rythme de hausse des défaillances sur un an connaît un ralentissement continu depuis janvier 2023 ».

De fait, alors que le cumul sur douze mois des défaillances d'entreprises avait bondi de 35,6% entre décembre 2022 et décembre 2023, il progresse plus modestement, de 30,9%, entre janvier 2023 et janvier 2024.

Déjà en octobre, l'institution tempérait la dynamique qui pourrait être jugée inquiétante de prime abord. Cette hausse des faillites constitue un « rattrapage » arguait la Banque de France après la période de la crise sanitaire, où redressements et liquidations judiciaires avaient été limités par l'abondance d'aides publiques versées aux entreprises.

Face à la presse, Emilie Quema, directrice des entreprises au sein de l'institution, s'était alors voulue rassurante : « La remontée du nombre de défaillances est d'autant plus forte que la baisse » avait « été forte en 2020 ». Emilie Quema rappelait aussi que les entreprises défaillantes en 2022 avaient déjà subi en 2020 « un choc d'activité bien supérieur » aux autres.

Elles avaient vu leur activité reculer de près de 20% en 2020, contre environ 6% pour les autres. Les entreprises ayant été soutenues pendant le Covid par un PGE (prêt garanti par l'Etat), puis défaillantes, avaient connu une baisse de quelque 24% de leur chiffre d'affaires en 2020, contre 9% pour les autres.

Des factures d'énergie qui mettent à mal les entreprises

La dirigeante avait également ajouté que « les problèmes de remboursement de PGE sont très ponctuels », puisque sur les 143 milliards prêtés, 46% avaient été remboursés fin juin, soit 65,8 milliards d'euros.

Lire aussiEntreprises : les dépenses énergétiques des PME et TPE ont bondi de 73% en trois ans

Les entreprises font toutefois face à un autre problème, et pas des moindres : les prix de l'énergie. Dans une note consultée par La Tribune, début février, le Conseil d'analyse économique (CAE) a passé au crible des données bancaires inédites et anonymisées du Crédit Mutuel de plus de 100.000 entreprises. Résultat, les dépenses énergétiques ont bondi de 73% entre 2020 et 2023.

« Les dépenses énergétiques ont beaucoup augmenté depuis 2020. Mais il y a plusieurs étapes. En 2020, l'économie française était encore en période de confinement. Beaucoup d'entreprises étaient à l'arrêt. La hausse des dépenses pouvait s'expliquer au redémarrage de l'économie. Ensuite, les dépenses énergétiques ont augmenté car les tarifs de l'énergie ont bondi », rappelle le président du CAE et économiste Camille Landais.

Vers une amplification des défaillances en 2024?

Malgré ces factures pénalisantes, en octobre, la Banque de France affirmait s'attendre à « un plateau » des défaillances, « un peu en dessous de la moyenne pré-pandémique », selon Guillaume Richet-Bourbousse, chef de l'observatoire des entreprises de l'insitution.

Mais la dynamique ne devrait pas se tarir tout de suite. « La hausse des faillites fait partie de notre scénario central. Dans beaucoup de pays avancés, le retrait des mesures de soutien et des moratoires sur les procédures avaient entraîné une normalisation des défaillances. En France et aux Royaume-Uni, les défaillances sont déjà au dessus de leur niveau de 2019. Avec des conditions financières plus compliquées et des remboursements de prêts garantis par l'État, on peut s'attendre à une poursuite des hausses en Europe. On ne s'attend pas non plus à un tsunami », affirmait notamment l'économiste Ruben Nizard, en charge de l'Amérique du Nord chez Coface, dans un entretien à La Tribune, début février.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 16/02/2024 à 8:55
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Ben ouais les gars et 0.20 ct le kw prévu en 2035 par l'UERSS empire prévu pour durer mille ans, si donc vous n'avez pas votre réseau qui permet de vous brancher directement sur les caisses publiques ça va être très dur ! Bon courage aux derniers bon...

à écrit le 15/02/2024 à 19:16
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Voilà le bilan de macron,et en plus il a ruine la france Le sociopathe a encore sevi jusqu’à quand va durer la complaisance des medias

à écrit le 15/02/2024 à 17:10
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Faut-il alors saisir que l'État a bel et bien soutenu (à fond perdu) des "entreprises zombies" (durant et post Covid) avec les deniers publics?

le 15/02/2024 à 17:30
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Le cout de l'énergie plus le remboursement du pge ne font qu'accélérer le mouvement sachant que sans confinement de nombreuses entreprises sous perfusion auraient déjà disparues .Vous rajoutez que le télé travail a mis à mal la restauration rapide da...

le 15/02/2024 à 19:25
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Certes! Si "gouverner, c'est prévoir et ne rien prévoir, c'est courir à sa perte", l'adage ne précise pas que les manettes - tout aussi autoritaires qu'irrationnelles - doivent être concédées aux cabinets de conseil externe dont on sait les accointan...

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