Emmanuel Macron face à la promesse toujours plus difficile du plein emploi

La remontée du chômage en 2023 passant de 7,1% à 7,5% repousse la promesse toujours plus délicate d'Emmanuel Macron de parvenir au plein emploi avant la fin de son quinquennat. Plombées par des perspectives atones, les entreprises devraient levier le pied sur les embauches.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée.
Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée. (Crédits : Reuters)

« Réveillez-vous, nous n'y sommes pas ». Fin novembre, devant un parterre de patrons de PME, Emmanuel Macron avait tapé du poing sur la table lors d'une réception au palais de l'Elysée. À l'époque, le chef de l'Etat avait rappelé que l'objectif du plein emploi, « ce n'était pas gagné ». Deux mois après, le retournement du marché du travail semble se confirmer. Le taux de chômage en France s'est stabilisé à 7,5% de la population active fin décembre par rapport à fin septembre. Et il a augmenté depuis juin (7,2%) selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce mardi 13 février.

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Sur un an, le chômage au sens du bureau international du travail (BIT) augmente de 0,4 point retrouvant son niveau de fin 2021. L'institut de statistique a très légèrement révisé son chiffre du T3 à 7,5% contre 7,4% auparavant. Le nombre de chômeurs est ainsi passé de 2,301 millions à 2,33 millions (+29.000). Ces derniers chiffres montrent que le pari d'Emmanuel Macron de faire baisser le chômage en France à 5% d'ici 2027 s'éloigne toujours plus. Le ralentissement du produit intérieur brut (PIB) a fini par enrayer la machine à créer des emplois.

Et le tour de vis sur les aides à l'apprentissage semble mettre un coup de frein à l'embauche des jeunes. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal a promis un acte 2 de la réforme du marché du travail aux contours encore flous. Sur l'assurance-chômage, l'exécutif a proposé de réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emplois de plus de 55 ans pour les aligner avec les autres classes d'âge. De leur côté, les partenaires sociaux planchent sur l'emploi des seniors après l'entrée en vigueur de la réforme décriée des retraites. Mais ces leviers ne devraient sans doute pas suffire à contrer l'essoufflement de l'économie française et européenne.

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Hausse pour les 25-49 ans et les chômeurs de longue durée

Par catégorie d'âge, les personnes âgées de 25 à 49 ans ont connu une hausse des inscriptions à France Travail avec un chômage passant de 6,8% à 7% entre le T3 et le T4. En revanche, les pourcentages de jeunes ou de seniors au chômage ont baissé sur cette période. Chez les jeunes, le taux de chômage (17,5%) demeure largement supérieur à la moyenne nationale. Mais il affiche un niveau inférieur à la période d'avant crise sanitaire (21,7%).

Du côté des chômeurs de longue durée, c'est-à-dire des personnes inscrites depuis plus d'un an à France Travail, ils ont légèrement augmenté passant de 538.000 (1,7%) à 571.000 (1,8%) sur la même période. Les chômeurs de longue durée sont cependant moins nombreux d'avoir que lors de la période d'avant crise sanitaire (650.000).

L'autre mauvaise nouvelle est que la part des jeunes ni en emploi ni en formation, les fameux « NEETS », augmente légèrement passant de 12,2% à 12,5% entre fin septembre et fin octobre. Cette proportion retrouve son niveau de fin 2019 après avoir connu une période en dent de scie pendant la pandémie.

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Des perspectives assombries

Sur le front des perspectives, les indicateurs ne sont pas réjouissants pour la Macronie. La Banque de France a prévu une remontée du chômage à 7,7% de la population active fin 2024 et 7,8% à fin 2025. De son côté, l'Insee prévoit également une légère hausse du chômage dans sa dernière note de conjoncture dévoilée fin décembre. « Il y a un coup de frein sur l'emploi », a déclaré le chef du département de la conjoncture, Dorian Roucher, lors d'une réunion avec des journalistes la semaine dernière.

La remontée des faillites d'entreprise depuis 2023 devrait amplifier les inscriptions à France Travail. A cela va s'ajouter la hausse de population active déjà en cours. En repoussant l'âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, la réforme du gouvernement a provoqué l'arrivée de plusieurs dizaines de milliers de séniors sur le marché du travail. Entre 2024 et 2029, la hausse moyenne serait de 150.000 chaque année selon des projections réalisées par l'Insee en juin dernier.

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Des gains de productivité toujours en berne

L'autre sujet préoccupant pour les économistes est la baisse des gains de productivité en France. Après la pandémie, la croissance de l'emploi a augmenté plus vite que l'activité pendant plusieurs trimestres. Ce paradoxe avait provoqué de nombreux questionnements chez les économistes et des inquiétudes sur le repli des gains de productivité, particulièrement en France. Pour Dorian Roucher, « il y a un arrêt de la dichotomie entre la croissance et l'emploi ». Le ralentissement de l'emploi devrait ainsi permettre de retrouver des gains de productivité selon plusieurs économistes.

« Il y a un mix de facteurs conjoncturels et structurels », explique Nicolas Carnot, directeur des études et synthèses économiques à l'Insee. « On assiste à une tendance séculaire du ralentissement de la productivité dans les pays développés ». En France, « l'arrivée de certains profils comme les apprentis moins productifs que la moyenne a augmenté l'emploi mais au prix d'une perte de productivité », ajoute-t-il. Dans certains secteurs, les entreprises ont privilégié les rétentions de main d'œuvre grâce aux mesures Covid. Mais la fermeture du robinet des aides a commencé à provoquer une remontée du chômage.  Reste à savoir si la productivité retrouvera des couleurs en France. Et si le chômage va stopper sa remontée.

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Grégoire Normand
Commentaires 27
à écrit le 14/02/2024 à 11:35
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Pourquoi venir s'étonner encore? Ce gouvernement subventionne l'économie de marché avec des fonds publics alors même que nous n'avons plus le droit d'ignorer qu'après la dérégulation massive de la sphère financière - avec toute la panoplie de l'innov...

le 14/02/2024 à 20:27
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Méritocratie, valeur travail notre classe dirigeante n'ose même plus en parler tellement ces notions ont été galvaudées mais vous en trouvez encore qui y croient tout comme au Père Noël d'ailleurs. "Encore un paradoxe " même si je fustige la finance ...

à écrit le 14/02/2024 à 5:49
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L'explosion du prix de l'électricité non pas du au prix de production mais aux taxes, la recherche d'économie pour essayer, et ce n'est pas gagne, de maîtriser la dette la baisser un rêve des charges qui grimpent les charges qui augmentent chaque ann...

le 14/02/2024 à 9:08
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il n'y a jamais cru lui meme car dans la réalité depuis 7ans il aurait envoyer bon nombre de fonctionnaire a retourner dans le prive pour produire de richesse mais il est plus facile pour un illusionniste comme m macron de baratiner son auditoire ...

à écrit le 13/02/2024 à 23:08
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Si le chômage augmente malgré le départ massif des boomers à la retraite, c’est vraiment que l’économie réelle est dans les choux.

le 14/02/2024 à 0:30
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Le privé est porté à bout de bras par l'Etat, la preuve, un smicard du privé coûte plus cher à l'Etat qu'il ne lui rapporte...

le 14/02/2024 à 9:53
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dans les annees 90, on prevoyait le plein emploi en france vers les annees 200 a cause du depart des boomers (a l epoque c etait une raison pour ne pas toucher au systeme de retraite). en 2024 malgre une situation favorable (le gors de boomers sont d...

le 14/02/2024 à 17:30
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Si un Boomer comme vous les appelez a travailler 45 heures par semaine il faut pas vous etonner qu il gagne plus qu un d jeuns qui fait 35 heures Et remettre les gens au boulot??

à écrit le 13/02/2024 à 22:55
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Dur de promettre le plein emploi quand on a été placé à la tête d'un pays pour le détruire complètement et méthodiquement, jusqu'à, in fine, détruire l'économie et l'emploi afin d'instaurer le revenu universel de survie ...

à écrit le 13/02/2024 à 19:19
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en faisant sa réforme des retraites sur les dos des salariés seniors et sans contre partie ou contre-pouvoir du patronat en France, MACRON s' est tiré lui-même une balle dans le pied..il aurait mieux valu qu il " sécurise l ' emploi des seniors" en 1...

le 14/02/2024 à 0:28
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Le pire, c'est que les plus chauds partisans de Macron avaient eux-même fini leur propre carrière à l'abri d'une lourde surtaxe du licenciement d'un salarié de plus de 50 ans... L'abjection de cet électorat est sans limite...

à écrit le 13/02/2024 à 18:36
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Son problème c'est de voir l'emploi comme une cause au lieu d'en voir une conséquence...par exemple; on demande des bras dans nos campagnes qui a le tort de se mécaniser et de s'endetter ! Fouillie McKronienne ! ;-)

le 13/02/2024 à 19:11
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OUI MAIS@LES BRAS SONT PAS LA A PART LA MAIN D OEUVRE EMPLOYEE AU NOIR OU DU MAGHREB QUI ACCEPTENT DES SALAIRES BIEN EN DESSOUS DU LE SMIC...ALLEZ EGALEMENT DANS LES CUISINES DES RESTAU MEME CHER ...CETTE SITUATION EXISTE DEPUIS 30 ANS EN FRANCE MA...

le 14/02/2024 à 9:25
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Ce qui n'est pas compris, c'est que les agriculteurs s'endettent et ne financent que des intermédiaires parasites, au lieu d'utiliser cela pour mieux rémunérer des salariés... qui n'auront pas à s'entasser en ville !

le 14/02/2024 à 12:23
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SI le droit du travail était respecté y compris dans nos campagne cela se saurait. Et quand les entreprises soustraitent des marchés publics....

à écrit le 13/02/2024 à 17:21
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Le libéralisme est la solution; il faudrait baisser les impôts de production et, parallèlement, les subventions. On remettrait la main sur l'Administration Fiscale qui pèse trop depuis l'Ancien Régime (mais que la Révolution s'est bien gardée de rem...

le 13/02/2024 à 19:26
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les pays neo-libéraux n' ont pas fait la preuve que c' etait plus performant en terme de chômage c ' est juste de l affichage et selon la situation économique, les les gens sont moins aidés ou catégorisés dans d autres "domaines" donc moins dans le...

à écrit le 13/02/2024 à 16:24
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Nombre de chômeurs en catégorie A au quatrième trimestre 2023, 3 033 300 (métropole 2 824 400 ). J'ignorais que 3 millions de chômeurs était un bon chiffre. Autrefois, on parlait de chômage de masse quand on avait trois millions de chômeurs. Le narr...

le 13/02/2024 à 17:40
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Sachant qu'un chômeur en formation, n'importe laquelle, sort des statistiques alors qu'il est toujours normalement en recherche d'emploi.

le 14/02/2024 à 0:18
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@Gribouille : entre temps, la population a augmenté... ceci dit, avant, le chiffre du chômage était le cumul des activités A + B + C, une des transformations constatées sur le marché du travail étant que si la proportion de salariés en CDI reste stab...

le 14/02/2024 à 7:36
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Ce ne sont pas les formations inutiles qui manquent chez France Travail....

à écrit le 13/02/2024 à 15:44
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Elle est d'autant pas tenue que Macron ne fait que supprimer leur droits aux chômeurs... donc on a pas jute un peu plus de chômeurs mais énormément plus si on prend les radiés de leurs droits qui ne sont pas comptés.. pour plus de transparence ne pou...

le 13/02/2024 à 22:57
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Dans ce que vous dites il faudrait un comparatif international avec les mêmes indicateurs sinon ça veut rien dire ..

le 13/02/2024 à 22:57
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Dans ce que vous dites il faudrait un comparatif international avec les mêmes indicateurs sinon ça veut rien dire ..

le 14/02/2024 à 14:42
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Pas obligé ce qui nous intéresse c'est pas les autres pays mais ne nombre de personne dans notre pays qui travail et le nombre qui be travail pas...

à écrit le 13/02/2024 à 15:43
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Macron croit être la responsable de la baisse du chômage, c'était surtout grâce à la croissance du aux taux d'intérêt bas de la BCE, des aides covid mondiales et à la baisse de la démographie. Vu que la BCE a monté ses taux brutalement et ainsi ruin...

à écrit le 13/02/2024 à 15:29
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Bof une promesse non tenue de plus, on a l'habitude depuis 2017 (voir les SDF).

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