Ces derniers jours, dans la presse, c'est un peu la foire aux sondeurs. L'élection présidentielle approchant, chaque commentateur y va déjà de son pronostic. Et les précieux sondages sont là pour remplir l'espace politique. Avant cette élection, ô combien cruciale sous la Vème République, se profile pourtant à grands pas d'autres échéances électorales : les élections régionales et départementales. Avec l'épidémie, celles-ci passent pour l'instant au second plan de l'agenda médiatique. Pour la structuration des forces politiques dans notre pays, elles sont pourtant particulièrement signifiantes. Et après la Bérézina d'En Marche ! aux dernières municipales, elles donnent pas mal de sueurs froides aux hiérarques de la majorité présidentielle...
Ces élections qui assurent le maillage politique intermédiaire dans notre pays auront lieu en juin. Enfin, si tout va bien : « Elles devront intervenir au plus tard le 20 Juin, nous assure un responsable macroniste. Car, après cette date, on se rapproche trop des grandes vacances d'été, et il y a le risque d'une trop forte abstention comme on a pu le voir lors du second tour des élections municipales. Sans parler de l'épidémie... Qui va accepter de tenir des bureaux de vote alors qu'aux dernières municipales, beaucoup d'assesseurs se sont fait contaminer. » Une chose est sûre : le texte législatif censé organiser ces élections doit arriver à l'Assemblée Nationale pour étude le 16 février prochain, et la décision finale doit intervenir le 1er avril. A priori, la perspective de voir repousser les élections régionales après la présidentielle n'est plus d'actualité, tant cette proposition a suscité les récriminations des oppositions. Exit ce plan B donc, mais certains élus proposent désormais de dissocier élections régionales et élections départementales... pour éviter de susciter trop de rassemblements politiques en ces temps de Covid-19.
À droite, ces régionales sont stratégiques à plus d'un titre : car des barons locaux comme Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, ou Valérie Pécresse en Île-de-France, y voient déjà l'occasion d'asseoir leur légitimité présidentielle dans leur propre camp. « Car si Xavier Bertrand semble s'imposer de plus en plus comme le candidat naturel des LR, au sein même des LR, beaucoup ne veulent pas de lui encore », remarque un militant. Pour le baron du Nord, les régionales sont donc une véritable élection primaire qui ne dit pas son nom.
A la recherche de candidats En Marche
Du côté de la majorité, on ne se bouscule pas pour concourir à ces prochaines régionales. Plusieurs ministres, notamment Jean-Michel Blanquer pour l'Île-de-France, ont fait savoir qu'ils n'étaient pas intéressés. Déjà échaudés d'avoir subi de cuisantes défaites aux municipales, les macronistes essayent pourtant de susciter des vocations électives. « Mais pour ne rien arranger, tout cela doit se faire dans la "maison commune" censée rassembler LREM, le Modem, mais aussi Agir, Territoires de Progrès, et potentiellement En commun, autour d'Hugues Renson et Barbara Pompili », se désespère un macroniste de la première heure. Bref, il y a à la fois pas assez de prétendants, trop de boutiques, et surtout trop peu de têtes d'affiche ! Dans ce rayon, seul François de Rugy, l'ancien président de l'Assemblée Nationale, semble vouloir relever le défi des régionales en se présentant dans les Pays-de-Loire.
En Île-de-France, point de Blanquer donc, ce qui ferait les affaires de Laurent Saint-Martin, député du Val de Marne, que beaucoup voit comme un candidat sérieux. Cet ex socialiste n'est pas n'importe qui dans l'actuelle majorité : il est le rapporteur général du budget à l'Assemblée Nationale. En Normandie, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe revient aux fondamentaux du macronisme du 2017, car l'ancien fidèle d'Alain Juppé soutient Laurent Bonnaterre, maire Territoires et Progrès de Caudebec-lès-Elbeuf, qui n'a rendu sa carte du PS qu'à l'automne 2019. « D'une certaine manière, il se rappelle à ses bonnes années rocardiennes ! Et il veut par tous les moyens virer ses anciens collègues de droite à la tête de la région », commente un transfuge de droite à LREM.
L'Occitanie, région test pour Marine Le Pen
Mais s'il y a une région qui suscite l'inquiétude dans les rangs de la majorité, c'est l'Occitanie. Car cette fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, pourrait se révéler hasardeuse en ces temps de dégagisme. Pour l'instant, Jean Castex y pousse la candidature de Vincent Terrail-Novès, un élu local issu de la droite (il est maire de Balma, et vice président de Toulouse Métropole), pour mener la liste LREM. Les sondages n'augurent pourtant rien de bon. Entre la socialiste Carole Delga, et les candidats d'extrême-droite, ne permettraient pas au candidat étiqueté LREM de se maintenir au second tour. Dans les sondages, la liste RN et une hypothétique liste de Robert Ménard et Brigitte Barèges, maire LR de Montauban, sont au coude à coude. Et en cas d'alliance au second tour, ils pourraient remporter la région. Un scénario catastrophe pour LREM à moins d'un an de la présidentielle.