Qui saura séduire des Français en mal de protection ?

POLITISCOPE. Les candidats d'opposition font de la « protection » des Français leur priorité pour l'élection présidentielle de 2022. Xavier Bertrand à droite et le trio Mélenchon, Hidalgo et Montebourg, à gauche, jouent cette carte surfant sur la vague de la crise sanitaire qui met en difficultés Emmanuel Macron.
Marc Endeweld
(Crédits : Reuters)

Depuis des semaines, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand martèle ce slogan choc dès qu'il s'agit de critiquer Emmanuel Macron : « La protection des Français n'est pas dans l'ADN du Président ». En pleine crise mondiale du Covid-19, avec ses conséquences terribles sur les plans économique et social (montée de la précarité et du chômage), l'ancien ministre la Santé de Jacques Chirac ne choisit pas ces mots par hasard, rappelant par la même occasion qu'il est issu avant tout d'une « droite sociale ». Il y a quelques jours, face à Ruth Elkrief de BFM TV, il a également affirmé aspirer à la « réconciliation des Français ». Durant près d'une heure, installé au coeur du musée du Louvre de Lens, il a répondu aux questions de la journaliste sur un ton très posé, essayant de jouer le responsable politique protecteur. Un peu comme François Hollande en son temps qui avait joué le « président normal » pour tenter de réparer l'hyper activisme de Nicolas Sarkozy durant son quinquennat : « Il est temps que les Français aient un Président qui s'occupe d'eux, vraiment et avant tout », expose de nouveau Xavier Bertrand, laissant entendre qu'Emmanuel Macron est occupé à l'Elysée à faire autre chose...

Des inégalités croissantes

Bref, en dix ans, c'est comme si le discours politique en France continuait à se limiter à cette opposition entre « rupture » et « protection ». Malheureusement pour les Français, cette « rupture » tant promise par les uns et les autres a trop souvent été synonyme de destruction (et non de renouvellement ou de changement), tandis que la « protection » s'est souvent limitée à l'immobilisme. Une attitude qu'on retrouve de plus en plus dans le « en même temps » macronien, à coups de milliards d'euros d'aides assortis à des leçons de morale sur le fait que les Français ne travaillent pas assez, comme a pu le faire récemment Bruno Le Maire, droit dans ses bottes. Bref, pour un Macron qui pointaient en 2017 les inégalités croissantes entre « insiders » et « outsiders », l'imposition d'une « stratégie » du « stop and go » (mais peut on encore parler d'une stratégie à ce sujet ?) à coups de couvre-feux et de confinements intempestifs, aggravant du même coup les difficultés des indépendants, des salariés précaires, ou de l'ensemble des « outsiders » justement, sans que le gouvernement ne semble s'en soucier, n'est pas forcément du meilleur effet à un an et demi de la présidentielle.

Alors, face à Ruth Elkrief qui s'amuse du « en même temps » de Xavier Bertrand, ce dernier se fait gaullien, rappelant qu'il s'était retrouvé en 2015 à la tête de la région Hauts-de-France après que la gauche ait décidé de se désister à son profit face à Marine Le Pen. Le président de région en profite pour rappeler qu'il discute régulièrement avec la maire de Lille, la socialiste Martine Aubry, ou qu'il a entamé un échange avec Arnaud Montebourg, l'ancien ministre du redressement productif et de l'économie, histoire de se rendre sympathique aux électeurs de gauche...

Le front de la division


Justement, de ce côté de l'arc politique, les candidatures ou simili candidatures commencent à se multiplier, laissant poindre le front de la division. Après avoir assuré la promotion de son livre, Arnaud Montebourg se prépare activement, et a indiqué récemment qu'il dirait « d'ici quelques mois » s'il est candidat ou non à la présidentielle. Ses proches ont annoncé la création d'un nouveau parti intitulé « l'engagement » (qui également le titre de son livre). Une cinquantaine de personnes travaillent à la mise en place de ce qui s'apparente à un nouveau parti. Même mouvement effectué à l'hôtel de ville de Paris par Anne Hidalgo, la maire de la capitale, qui cache de moins en moins ses ambitions présidentielles, et qui a annoncé le lancement d'une « plateforme d'idées », baptisée « Idées en commun », dont le but explicite  « est de contribuer à un projet de gauche sociale et écologiste pour 2022 ».

Décidément, ça commence à se bousculer à gauche, et Jean-Luc Mélenchon n'est pas en reste : le leader des Insoumis se retrouve ces derniers jours en pleine opération séduction vis-à-vis des journalistes. Et pour tenter de muscler la mobilisation autour de sa personne, ses soutiens vont lancer à travers la plateforme intitulée « Action populaire » un véritable réseau social pour « ne pas avoir à craindre l'interruption » de ses comptes Twitter ou Facebook », et ont annoncé la création en février d'un « parlement de campagne » servant d'espace de discussion sur le programme.

Un discours "républicaniste" d'autorité

Tout cela est peut être utile, mais pour ces trois derniers prétendants, les stratégies divergent grandement. Autant Hidalgo semble se limiter à s'adresser aux CSP+ tentant de grignoter le nouveau fromage électoral des écolos que Montebourg (comme en négatif de la stratégie de Bertrand), multiplie les clins d'oeil à l'égard de la droite souverainiste, allant jusqu'à souligner que Donald Trump n'avait pas eu que des mauvaises idées contre les excès de la globalisation libérale. C'était son fameux gimmick : « Je n'ai aucune espèce de sympathie pour le personnage Trump, mais... »

Pour compléter leur projet de protection, Montebourg comme Hidalgo affirment désormais un discours républicaniste, d'autorité, que ne renierait pas un Manuel Valls. Tout autre son de cloche du coté de Jean Luc Mélenchon : le leader insoumis pour tenter de se refaire une santé après les déceptions multiples dans son camp post 2017 tente de séduire à la fois les Gilets Jaunes et les quartiers, flirtant parfois avec les anti-vaccins, tout en affirmant clairement un discours internationaliste, anti Trump, et s'intéressant énormément à l'Afrique ou aux questions de défense. Ses critiques à l'égard  du maintien de l'opération Barkhane au Mali est une manière pour lui d'imposer un sujet central, régalien, essayant d'éviter de se faire renvoyer à la marge. Cette même marge à laquelle était renvoyée un certain Arnaud Montebourg quand il était ministre :

« Au royaume de Bercy, être considéré comme un clandestin signifie que vous n'appartenez pas au Cercle de la raison, ce lieu du partage raisonné de convictions communément admises, comme celle d'un Etat minimal privatisable, perméable aux intérêts financiers, laissant la place aux marchés, béat jusqu'à la bêtise devant les préceptes de la religion bruxelloise, et considérant la France comme irréformable », écrit-il ainsi dans L'engagement (Grasset, 22 euros).

Reste que pour ces candidats « de gauche », le chemin jusqu'au pouvoir semble encore bien long. À moins que... tout cela ne se passe comme prévu. C'est d'ailleurs ce qu'espère secrètement Jean Marie Le Pen, 92 ans, pour sa fille. Celui qui prédit cette semaine à l'AFP une « abondance » de candidats, ce qui, rappelle-t-il « avantage plutôt les candidats dont les noms sont déjà bien connus, comme celui de Marine Le Pen », « ne voit pas forcément Emmanuel Macron candidat ». À l'exercice du grand bluff, l'heure n'est pourtant pas encore à « demander à voir » le jeu de l'actuel locataire du Château. D'autant qu'à leur niveau, les Français n'attendent qu'une chose, se sortir le plus vite possible de cette crise qui n'en finit pas.


Marc Endeweld
Commentaires 25
à écrit le 19/01/2021 à 15:17
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Je pense que le seul président qui plaira à tous les Français serait le père Noël avec une hotte XXL.

à écrit le 19/01/2021 à 14:02
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Ça fait rêver et cela donne de l'espoir avec tous ces candidats incapables et irresponsables. Aucun parti en France ne propose un véritable dessein pour que l'on redevienne un pays riche et ambitieux. La France décline dans le monde et est ce la fi...

à écrit le 19/01/2021 à 13:20
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Bertrand : .de tous les candidats (es ) le plus Imbu de Sa personne, le plus Méprisant, le plus Arrogant, Franc-Maçon, Socialiste. .Ne supporte jamais la contradiction .Celui qui a complètement échoué en transformant le R.M.I en R.S.A plus ...

le 19/01/2021 à 15:17
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Un Très Insolent Franc-Maçon.

à écrit le 19/01/2021 à 8:01
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Les français n'ont pas forcement besoin de protection, enfin surtout au prix où elle nous est facturée, ils ont surtout besoin de comme le disait pompidou qu'on arrête de les emmierder, formule reprise par notre Juju mais qu'il s'est bien gardé de me...

le 19/01/2021 à 11:22
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Moi je vote pour Le lapin!

à écrit le 19/01/2021 à 6:34
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Déjà en campagne latribune ? Inutile d'insister, les français en passeront d'abord pour un référendum sur un frexit. Et, je peux vous dire que les signatures tombent....

le 19/01/2021 à 8:28
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Après le frexit on rase gratis. Ce ne sera même plus la peine de payer car le franc ne vaudra guère mieux qu'une monnaie de singe.La seule chose qui sauve la France de son addiction à la dette, c'est l'Euro. 24 h après le frexit, vous aurez 65 millio...

le 19/01/2021 à 9:17
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Il y a plein de pays qui s'en sortent pas trop mal en europe. Le vrai problème en france, ce n'est pas l'europe, mais la france. Moi je veux un referendum pour qu'on sorte de france

à écrit le 19/01/2021 à 5:11
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Quand le francais deviendra t-il adulte et realisera qu'il ne doit compter que sur lui meme. ? Le pseudu politique en France a la partie belle avec ce peuple de veaux. Des promesses et on est elu.....

à écrit le 19/01/2021 à 0:25
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Bertrand, il protège quoi exactement? Homme de droite à géométrie variable... Convictions proches du néant, allié aux islamistes lors de l’entre deux tours pour le nord, puis contre le clientélisme et la radicalisation suite aux attentats. Un homme s...

à écrit le 18/01/2021 à 20:47
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Qui ? Aucun de ceux qui les aura confinés et baillonnés avec leur masque... Donc il y a un vide sidéral à occuper. Et si on n'a pas des "hommes neufs", mais réellement neufs (et pas des conseillers et collaborateurs des actuels dirigeants), à quoi bo...

à écrit le 18/01/2021 à 19:10
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Toujours la légende urbaine de l'homme providentiel tandis que la politique est devenue un business comme un autre où font carrière une dynastie de kleptocrates...

à écrit le 18/01/2021 à 18:39
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Comme le disait l'excellent Coluche, " La France, ça va pas si mal que si c'était pire". Est-ce que ça va mieux ailleurs ? Aux US, en Chine, en Russie...qui aujourd'hui a envie d'être Américain, Chinois, Russe, pour ne citer que les plus grands ? Pas...

à écrit le 18/01/2021 à 18:35
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Je me propose de changer ce titre en : " Qui brossera mieux les Français dans le sens du poil ?" . Car les élections se résument à ça. Si les Français avaient voulu faire des efforts pour régler les problèmes économiques depuis 40 ans , cela se saura...

à écrit le 18/01/2021 à 17:34
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Macron ou Bertrand, c'est blanc bonnet bonnet blanc dans le même magma de politocards

à écrit le 18/01/2021 à 15:21
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On se protège quand on reprend les manettes sur son destin et qu' on cesse de le confier à ceux qui le détruisent, plus besoin des autres qui emmène depuis 40 ans le pays aux abysses. On se protège par le Frexit en refermant s...

à écrit le 18/01/2021 à 14:23
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Quand les français seront suffisamment mûrs et responsables, ils ne voteront plus pour des hommes, pour des chefs mais directement pour les mesures, pour les réformes auxquelles ils aspirent. La démocratie représentative n'aura plus lieu d'être.

à écrit le 18/01/2021 à 14:13
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Macron sera réélu, car les Français voient bien qu'il n'y a absolument personne dans l'opposition luttant dans la même divison que lui. Qui pourrait un seul instant imaginer l'emporter ? Marine ? Mélenchon ? Bertrand ? Dupont Aignan ? Ségolène ? Jado...

le 19/01/2021 à 0:27
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Pas de fatalité. Macron n’est au niveaux d’aucun des adversaires que vous lui désignez si gentiment. Il peut donc se faire sortir par chacun d’entre eux.

à écrit le 18/01/2021 à 10:38
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Pour nous représenter...On a toujours tord de rechercher une "figure de proue" volatile au grée du dictât de Bruxelles plutôt qu'un programme bien terre a terre!

à écrit le 18/01/2021 à 9:27
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Au contraire, a part les vieux les francais en ont marre qu on les confine, qu on les reduisent au chomage ... Je sais que les retraités sont un electorat majeur (nombreux et peu d abstentionnistes) mais il faut arreter avec ca ! Les boomers ont fai...

à écrit le 18/01/2021 à 9:23
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Pauvre Manu, petit être inconscient largué au beau milieu des manipulateurs psychopathes, il n'avait aucune chance, à tout les coups il va devoir rempiler, ils aiment tellement ça voir souffrir les autres faut dire hein... -_- Les gens qui lui fo...

le 18/01/2021 à 11:11
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Que voulez vous, il avait qu'à faire des études et travailler avant d'être politicien... Ils sont tous d'origine modeste et on tous eu soit disant un travail avant pourtant aucun ne sait comment fonctionne une entreprise...

le 18/01/2021 à 12:52
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Ben il a travaillé dans une banque quand même hein, au moins dix ans, or comme ce sont les banques qui gouvernent normalement il aurait du avoir l'aprentissage nécessaire du pouvoir non ? Enfin selon leur logique bien entendu, logique que l'on ch...

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