Les ETI françaises résilientes mais fragiles face au choc du Covid

FOCUS DATA. Comme toutes les structures, les entreprises de taille intermédiaires, qui emploient près d'un quart des salariés français, ont été ébranlé par la pandémie l'an passé. L'ont-elles été plus que les autres ? Surtout, tandis que l'État a promis « un accompagnement » dans le cadre de son plan « stratégie Nation ETI » présenté en janvier, sont-elles suffisamment armées pour limiter la casse en 2021 ?
En France, près de la moitié des salariés travaille dans une ETI
En France, près de la moitié des salariés travaille dans une ETI (Crédits : LT)

Face à la crise, les ETI, ces entreprises qui comptent entre 250 et 4.999 salariés, née avec la loi de modernisation de l'économie de 2008 (LMDE), ont l'avantage d'être plus agiles que les grands groupes et affichent une solidité financière plus importante que les PME. C'est ce qui ressort du dernier baromètre June Partners sur les leviers de la performance des PME/ETI et qui montre que 62% d'entre elles considèrent la performance de leur entreprise comme étant « bonne » en 2020, contre 45% pour les entreprises entre 100 et 249 salariés. Réunies auprès de plus de 400 dirigeants, ces réponses sont toutefois à nuancer puisque certaines performances peuvent être considérées comme « bonnes » par comparaison à une situation cataclysmique au niveau macro-économique.

« Face à la crise, les ETI ont été plus résilientes que les PME puisqu'elles ont plus de ressources. L'ETI a aussi une gouvernance plus légère que dans les plus grandes entreprises qui ont plus de mal à pivoter rapidement », observe Marc-Antoine Cabrelli président du cabinet de conseil June Partners à La Tribune. Pour preuve, plus de la moitié des ETI interrogées (56%) déclarent avoir mis en place un plan de transformation digitale en 2020, d'après les chiffres du baromètre.

Mais la situation des ETI françaises qui, - selon la définition de la LMDE a soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros, soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros -, reste toutefois fragile. Avec les grandes entreprises (GE), et tandis que les défaillances d'entreprises ont reculé en 2020 en raison de la perfusion des aides, 32 ETI avaient, elles, fait faillite dans les 12 mois précédant la fin novembre 2019. Or, un an plus tard, ce nombre avait augmenté à 50 ETI, soit une hausse de 56,3% des défaillances, selon les chiffres de la Banque de France.

Une règle se vérifie alors d'après l'institution : plus les entreprises sont petites, plus elles ont été à l'abri des défaillances : la baisse est de 25,8% pour les grosses PME comptant entre 50 et 249 salariés, de 30,1% pour les petites entreprises de 10 à 40 salariés, et de 30,0% pour les TPE (très petites entreprises). Alors que de nouvelles restrictions se précisent début 2021, l'ETI française est-elle donc particulièrement en danger cette année ?

Un nouvel « accompagnement » des ETI

Quoi qu'il en soit, pour éviter qu'un pan entier de l'économie nationale ne s'effondre, après le concept de « Startup Nation » repris par Emmanuel Macron, le gouvernement a lancé son plan baptisé « stratégie Nation ETI » le 21 janvier dernier. Il a pour objectif d'accompagner ces 5.400 entreprises de taille intermédiaires. Pour cela, le ministère de l'Industrie promet une simplification administrative pour les ETI et une facilitation de la transmission, encore complexe aujourd'hui en France.

En parallèle de ce plan, il y a le « quoi qu'il en coûte » de l'Etat, puisque 47% des ETI déclarent avoir bénéficié des aides d'urgence pour faire face au Covid-19, avec les banques (PGE, chômage partiel, crédits, reports de charges) en 2020, selon le baromètre June Partners. Reste toutefois, pour ces entreprises, à utiliser ces aides à bon escient. « Le vrai défi pour sortir de la crise, c'est que les entreprises utilisent ces fonds pour rebondir et améliorer leur compétitivité, tout en ayant conscience que la perfusion de l'État va finir par s'arrêter », analyse Marc-Antoine Cabrelli.

Dès lors, les ETI sont-elles suffisamment armées pour passer la crise Covid ? Le gouvernement, qui avance le bilan de ses réformes dans « stratégie Nation ETI », veut, lui, s'en assurer. Et de rappeler son action avec : la « réduction du taux de l'impôt sur les sociétés à 25% d'ici 2022, la création du Fonds pour l'innovation et l'industrie » ainsi que l'ensemble des « mesures en faveur de la protection des innovations » notamment.

Dans sa « stratégie Nation ETI », le gouvernement a également lancé quinze mesures spécifiques pour répondre aux enjeux des ETI. Parmi celles-ci, la promesse de nommer un binôme d'Ambassadeurs ETI composé d'un dirigeant d'ETI et d'un haut fonctionnaire pour promouvoir les priorités et les préoccupations des ETI auprès des services de l'Etat. Prévu également dans le projet de loi de finances 2021 (PLF), l'élargissement de l'exonération de la contribution patronale pour les PME n'ayant pas déjà distribué de dividendes aux ETI dans cette situation, entre autres.

Un poids important, avec un quart de la valeur ajoutée

De fait, pour l'économie nationale, l'enjeu est considérable. Ils sont 3,4 millions de Français à travailler au sein des ETI, soit près d'un quart de la totalité des salariés de l'Hexagone, d'après l'Insee. Entre 2009 et 2015, les ETI ont créé environ 337.500 emplois nets. Ce type d'entreprises, pour moitié familiales (52%)génère au total 1.000 milliards d'euros de chiffre d'affaires et représente 26% de la valeur ajoutée de l'ensemble des entreprises, selon les chiffres de l'Insee en 2017.

La France reste toutefois le pays de la PME et de la micro-entreprise avec respectivement 140.000 et 3,7 millions d'entités, d'après l'Insee. Cependant, elles ne sont pas aussi puissantes que les ETI puisque les PME contribuent à 23% de la valeur ajoutée et les micro-entreprises à 20%.

Du côté des secteurs, les ETI sont principalement représentées par l'industrie et la construction (35%), le commerce (27%), et les services (27%).

L'ETI française est présente partout sur tout le territoire. Elles se concentrent toutefois, sans grande surprise, dans le bassin d'emplois francilien, mais aussi dans la région Auvergne-Rhônes-Alpes qui en compte 700, selon les données du cabinet Mawenzi Partners pour le METI (Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire) et publiés par le ministère de l'Industrie. Le Grand Est complète le podium avec 380 ETI sur son territoire, puis viennent les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie. L'ensemble des régions compte chacune à minima 140 de ces entreprises dont les capitaux sont majoritairement français (69%), à l'exception de la Corse qui en recense une dizaine, selon les chiffres du METI publiés par le ministère de l'Industrie le 19 janvier.

D'ailleurs, les ETI exportent mais restent ancrées dans les territoires : elles réalisent 34% de leur chiffre d'affaires à l'exportation, rappelle l'Insee. 78 % des sites de production des ETI se situent en dehors de la région parisienne, selon les chiffres de l'institut Montaigne en 2018.

(Passez votre souris pour avoir accès aux chiffres)

Pour rappel, à titre de comparaison, la France compte deux moins d'ETI que son voisin allemand. De quoi expliquer l'écart sur l'impact de la crise ? En 2020, la France a perdu 8,3% de son PIB en 2020, selon l'Insee, tandis que l'Allemagne a enregistré un recul de 5% l'an dernier, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (Destatis) le 14 janvier.

Pour 2021, les espoirs de reprise sont freinés par l'accélération du nombre de cas de personnes infectées et le durcissement imminent des mesures sanitaires en France. Le PIB français augmenterait de 5%, selon les estimations de la Banque de France le 14 décembre, contre 3% selon les prévisions de croissance du gouvernement outre-Rhin, le 27 janvier.

Commentaire 1
à écrit le 03/02/2021 à 15:46
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Alors que le PIB français a officiellement chuté de 9 %, en réalité 12 à 13 %, comment des ETI peuvent dire qu'elles ont eu une bonne année 2020. Afin d'avoir une idée de s'il s'agit de la méthode Coué, ce que je crois, on aimerait qu'on nous présen...

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