[Article publié le lundi 12 juin 2023 à 16h05 et mis à jour à 18h52] Confirmant les informations du quotidien Les Echos, la valeur du point d'indice des fonctionnaires va augmenter de 1,5% au 1er juillet prochain, permettant aux 5,7 millions de fonctionnaires de bénéficier d'une augmentation générale, et une prime dégressive pour soutenir les bas et moyens salaires, a-t-on appris auprès du ministère de la Fonction publique.
Cette prime, dite de « pouvoir d'achat », d'un montant compris entre 300 et 800 euros sera versée avant la fin de l'année 2023. Elle bénéficiera aux agents gagnant jusqu'à 3.250 euros bruts par mois. Elle sera perçue par 50% des agents de l'Etat et 70% des agents publics hospitaliers, précise le ministère. Un agent d'accueil en début de carrière gagnerait ainsi au total 182 euros par mois de plus, et une professeure des écoles avec sept ans d'ancienneté 102 euros de plus, détaille-t-on de même source.
Selon le communiqué de la CGT la prime « ne semble pas être reconductible », ce qui limiterait fortement le gain de pouvoir d'achat pérenne. Le premier syndicat de la fonction publique dénonce ainsi une « mesure largement insuffisante » alors que l'inflation atteignait encore 5,1% en mai, selon l'Insee.
Outre le point d'indice et la prime de pouvoir d'achat, les agents publics ont obtenu la reconduction pour 2023 de la Garantie individuelle de pouvoir d'achat (Gipa), une revalorisation des frais de mission, une meilleure prise en charge des abonnements aux transports collectifs et une revalorisation du barème de monétisation des comptes épargne temps. Pour rappel, la Gipa est une indemnité pour tous les agents dont le traitement indiciaire brut aurait évolué moins vite que l'indice des prix à la consommation sur une période de quatre ans.
Les agents de la fonction publique territoriale ne sont pas directement bénéficiaires de la prime de pouvoir d'achat mais « un outil de politique salariale pour les collectivités » sera créé pour celles « qui souhaiteraient la verser à leurs agent », selon le document du ministère. Selon le ministère, les nouvelles mesures annoncées ce lundi s'ajoutent à l'effet en année pleine de la revalorisation de l'an passé et à des mesures catégorielles, notamment en faveur des enseignants.
L'ensemble de ces mesures représenterait pour la fonction publique d'Etat « une hausse de 6,8% en 2023 », à l'heure où le gouvernement fait la chasse aux économies pour son projet de budget 2024.
Un agent public sur cinq est payé au salaire minimum
Alors qu'un agent public sur cinq est payé au salaire minimum, « les replâtrages parcellaires ne sont plus à l'ordre du jour », avait averti vendredi par communiqué la CGT, premier syndicat du secteur public. « Une revalorisation générale d'au moins 10% des salaires est nécessaire », avait ajouté auprès de l'AFP Céline Verzeletti, patronne de la fédération CGT des fonctionnaires d'Etat.
Les collectivités déplorent des marges de manœuvre limitées
Les collectivités, qui emploient 2 millions de fonctionnaires, estiment une augmentation « justifiée » au vu de l'inflation élevée. Elles ont toutefois déploré des marges de manœuvre limitées alors que les « budgets ont été votés en début d'année », a encore indiqué Philippe Laurent. Pour accroître la prévisibilité, il a réclamé un cadre « pérenne » pour les prochains discussions salariales.
Mais dans un contexte budgétaire contraint, « les efforts (...) doivent être concentrés sur le pouvoir d'achat notamment des bas salaires », ajoute-t-on de même source. Le coût pour les finances publiques de la revalorisation de 3,5% du traitement des agents de l'Etat, des collectivités et des hôpitaux à l'été 2022 a été chiffré à 7,5 milliards d'euros en année pleine.
Le gouvernement veut renouer le dialogue avec les syndicats
Au-delà des salaires, le gouvernement veut renouer durablement le dialogue avec les syndicats, qui ont un temps boycotté les réunions officielles au ministère pour protester contre le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Stanislas Guerini espère ainsi leur soumettre rapidement un projet d'accord sur le financement par l'Etat des frais de prévoyance de ses agents. Des dispositifs d'aide au logement des fonctionnaires pourraient également être annoncés dans les prochaines semaines.
« Être tranchant avec l'inutile ». Dans un rapport publié la semaine dernière, les députés Robin Reda (Renaissance) et Véronique Louwagie (Les Républicains) esquissent dix recommandations pour dégager 15 milliards d'économies dans l'administration d'ici 2030 et « plus de 650 millions d'euros » dès l'année prochaine. Pas question pour autant de raboter le traitement des 5,7 millions de fonctionnaires, ni de réduire brutalement les effectifs comme à l'époque de la Révision générale des politiques publiques de Nicolas Sarkozy. « Le niveau des rémunérations par emploi public de la France est modéré en comparaison internationale, le poids de la masse salariale dans le produit intérieur brut (312,4 milliards d'euros soit 13,6% du PIB) découlant davantage des effectifs que des rémunérations », ajoutent-ils. Les rapporteurs identifient trois gisements principaux d'économies : la rationalisation du parc immobilier de l'État, la diminution d'un tiers de la subvention allouée aux plus petits de ses opérateurs (moins de 250 agents) et enfin la simplification administrative. Autre suggestion, censée rapporter une dizaine de millions par an dès 2024 : la suppression de trois normes réglementaires (décret, arrêté...) à chaque fois qu'une nouvelle norme est créée. Dans une réaction à l'AFP, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a « salué le travail des parlementaires », qui « fait écho » à de précédents travaux gouvernementaux « sur l'efficacité, la qualité et l'accès aux services publics ». Il promet de « travailler avec les députés sur certaines de leurs propositions, notamment concernant la gestion immobilière comme levier d'économies et d'amélioration du cadre de travail des agents et d'accueil des usagers ».Comment dégager 15 milliards d'économies
(Avec AFP)