L'augmentation de salaires des fonctionnaires devrait faire l'objet de discussions entre gouvernement et syndicat avant l'été. C'est en tout cas le souhait affiché par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
« On doit pouvoir se mettre autour de la table dès les prochains jours. Je n'attendrai pas l'été, je crois que c'est plutôt une question de jours et de semaines plutôt que de quelques mois », a précisé Stanislas Guerini au cours d'une interview sur France 2 ce jeudi 4 mai.
Reste que les représentants des fonctionnaires déclinent pour le moment tout échange officiel avec le gouvernement ou l'administration, ulcérés par le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Plusieurs hausses en jeu
Une hausse des salaires des fonctionnaires, de 3,5%, a été mise en place à l'été 2022. Mais face à une inflation de près de 6%, elle est aujourd'hui dénoncée comme insuffisante par les huit syndicats représentatifs de fonctionnaires, qui ont jugé fin avril qu'une augmentation salariale était « urgente et indispensable ». Cette hausse de 3,5% décidée en 2022 représente « 2.000 euros par an pour une sage-femme et 800 euros par an pour une aide-soignante par exemple à l'hôpital », a soutenu Stanislas Guerini.
Le ministre a aussi rappelé que le salaire des 1,1 million d'agents les moins bien rémunérés avait été « réaligné » avec le Smic le 1er mai. Dans un communiqué publié ce jeudi, la CGT a invité le gouvernement à « cesser tous ces bricolages. Ces mesures sur les bas salaires ne sont que des palliatifs », a attaqué le syndicat. La centrale de Montreuil réclame depuis plusieurs mois des augmentations de 10% des rémunérations et leur indexation sur l'inflation.
« J'ai été très clair avec les organisations syndicales, je leur ai dit que cet alignement avec le salaire minimum n'est évidemment pas pour solde de tout compte », a répondu Stanislas Guerini sur France 2, ouvrant ainsi la porte à d'autres mesures de pouvoir d'achat.
Un autre sujet est également sur la table : celui des augmentations de salaires « dès les premières années » dans la fonction publique pour « ne pas trop figer les débuts de carrière ».
Pas d'indexation sur l'inflation
Invité jeudi sur TV5 Monde, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a écarté toute perspective d'indexation des salaires sur l'inflation dans le secteur public, une mesure susceptible de « nourrir la spirale inflationniste » selon lui. « Et puis ce n'est pas très juste, parce que ceux qui ont les niveaux de rémunération les plus faibles vont être augmentés autant que ceux qui ont les niveaux de rémunération les plus élevés », a-t-il poursuivi. « Or, l'inflation touche d'abord les plus modestes et les salaires les plus faibles ».
Fin avril, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, indiquait en tout cas ne pas avoir encore constaté d'emballement d'une spirale prix-salaire en France.
Un salon et de la communication : face à la désaffection pour la fonction publique, le gouvernement a lancé ce jeudi à Paris une vaste campagne de recrutement autour du slogan « Choisir le service public ». Son but est de « valoriser les métiers du service public et les transformations en cours au sein même de la fonction publique », selon un communiqué publié mercredi par le ministère. Ces deux événements sont lancés quelques semaines après la publication d'un rapport de la Cour des comptes qui a montré l'évolution préoccupante des effectifs de fonctionnaires. Ils ont en effet diminué de 5.765 équivalents temps plein dans les ministères en 2022, là où le gouvernement tablait dans le budget initial sur quelques centaines de créations de postes. « Entre 2018 et 2022, le budget de l'État a connu trois années de baisse des emplois publics se traduisant par la suppression de 10.286 emplois », s'est encore alarmée la Cour des comptes.Fonction publique : le gouvernement en opération séduction
(Avec AFP)