Les Français sont-ils moins efficaces et productifs au travail ?

Depuis 2019, la productivité des actifs de l'Hexagone a baissé de 3%. Une chute qui interpelle les économistes, car la productivité avait plutôt tendance à augmenter ces dernières années. A quoi tient ce phénomène ? Les réponses en 7 points.
Fanny Guinochet
L'apprentissage est une des explications de la baisse de la productivité
L'apprentissage est une des explications de la baisse de la productivité (Crédits : Nacho Doce)

La productivité baisse. Depuis 3 ans, depuis la crise sanitaire, c'est ce que révélait une enquête de la Dares. Elle a perdu par tête 3% au troisième trimestre 2022, par rapport à 2019. La productivité horaire a également baissé de 2,9% l'an dernier.  Un phénomène à rebours de ces dernières années dans l'hexagone, puisque depuis presque 10 ans, elle était continuellement en progression.

1/ L'apprentissage

Plus de 800 000 apprentis l'an dernier. Ce chiffre record résulte de la politique volontariste du gouvernement depuis 2018. Outre la réforme qui a assoupli le système, l'exécutif verse des primes pour inciter les entreprises à employer un alternant. Ces primes de 6000 euros pour chaque embauche sont maintenues jusqu'à la fin du quinquennat. L'objectif du gouvernement est d'atteindre le million d'alternants annuels.

C'est une bonne nouvelle pour le chômage - l'Insee estime que le succès de l'alternance explique pour près d'un tiers la baisse du chômage de ces derniers mois- mais un peu moins pour notre productivité. En effet, il faut plus de temps à un jeune inexpérimenté pour accomplir une tâche qu'à un travailleurs plus expérimenté. Cette question de la productivité se pose également en fin de carrière. Si les seniors restent plus longtemps dans l'emploi après la réforme des retraites, le risque existe que la productivité baisse.

2/ les rétentions de main d'oeuvre

Actuellement, les entreprises ont tendance à garder leurs effectifs alors même que le carnet de commandes se remplit moins vite et que l'activité ralentit. Par peur d'avoir trop de difficultés à retrouver des compétences alors qu'il y a de fortes tensions sur le marché de l'emploi. C'est le cas par exemple de l'aéronautique, ou de l'automobile.

3/ moins de travail au noir

La Darès note une baisse du travail dissimulé. Pour bénéficier des aides de l'Etat, ou de dispositifs comme le chômage partiel, salariés comme employeurs, ont intérêt à être en règle. Aussi l'épidémie de Covid, les a-t-elle poussés à se déclarer. Plus de travailleurs autrefois illégaux sont donc rentrés dans les effectifs, en se voyant régularisés, sans que la création de valeur ne s'en trouve augmentée.

4/ Moins de travailleurs détachés

Avec la Covid, mais aussi la guerre en Ukraine, les mobilités géographiques s'en sont trouvées perturbées. Ce qui a entraîné selon la Dares « " Une substitution de travailleurs résidents aux  travailleurs détachés retournés vivre dans leur pays d'origine." C'est notamment le cas dans les emplois saisonniers et agricoles. »

5/ plus d'arrêts maladie

La pandémie a déclenché une vague d'arrêts maladie. Là encore, ces personnes déclarées en arrêt maladie n'ont par définition pas travaillé tout en restant comptabilisées dans les effectifs des entreprises. Encore aujourd'hui, avec les Covid longs, des arrêts maladies perdurent.

6/ trop peu de formations

Depuis 2019, environ 10 % d'actifs en moins sont entrés en formation. La plupart des formations sont attribuées aux demandeurs d'emploi ou des étudiants. Ce qui signifie que les autres actifs, dans l'entreprise, ne progressent plus. De fait, la formation est un gage incontestable de productivité.

7/ La création d'emploi moins productifs

Les créations de postes ces derniers mois ont surtout été faites dans des secteurs de services, notamment les services à la personne - emploi à domicile, livraisons etc - qui génèrent moins de valeur que dans l'industrie. Par ailleurs, ces créations ont plutôt eu lieu dans des secteurs moins qualifiés. De fait, leur productivité est faible.

Selon l'étude de la Dares, ces tendances doivent être surveillées de près. En effet, elles peuvent être inquiétantes. Car elles pourraient de fait expliquer la persistance d'une croissance atone. Et puis, en pleine discussion autour de la réforme des retraites, rappelons que toutes les hypothèses du conseil d'orientation des retraites tablent sur une hausse de la productivité. Sa baisse pourrait alors compliquer encore un peu plus l'équation pour équilibrer le régime.

Fanny Guinochet
Commentaires 16
à écrit le 05/02/2023 à 17:14
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Le travail c'est la santé ! ne rien faire la conserver ! Le travail n'est pas une valeur, les bourgeois ne travaillent pas ! Ils ont des revenus passifs comme ils disent... ils vivent du travail des autres et de l'accaparement encouragé par l'état...

à écrit le 05/02/2023 à 11:58
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Pourquoi tourner autour du pot ? : nous vivons au-dessus de nos moyens. Nous consommons plus que la richesse que nous produisons, et c'est bien pour ça que l'Etat est très endetté en France. On ne travaille peut-être pas assez, mais on n'est pas i...

le 05/02/2023 à 13:01
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la reponse est simple nous avons en france le ratio le plus petit possible de ceux qui produise la richesse et de tous le reste de travailleurs bien sur nous avons besoin de sante et de securite et autre metier mais comparer aux autres nation ...

à écrit le 05/02/2023 à 10:41
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Les économistes "mainstream" ont cette fâcheuse tendance à oublier qu'en septembre 1970, le chantre du néo-libéralisme et leur maître à penser, l’économiste Milton Friedman, publiait dans The New York Times Magazine un texte qui suscita beaucoup d’op...

à écrit le 05/02/2023 à 10:39
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A 64 ans j aurais 181 trimestres cotisé et vous? Il faut donc que tout le monde ai 180 trimestres pour partir en retraite . La ont va rigoler sur l age de depart ..

à écrit le 05/02/2023 à 10:11
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Ce discours sur qui travail plus est insignifiant. Oui il y a des Francais qui travaillent plus d autre moins Et ayant voyager pour le travaille dans beaucoup de pays , c est comme ca partout

à écrit le 05/02/2023 à 9:52
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Bonjour, N'importe comment, pourquoi faire plus d'efforts ... Les salaires ne suivre pas l'inflation... donc même travail pour 6% de conforts en moins... Ensuites, pourquoi faire plus d'efforts alors qu'ils n'y a aucune repartition des richesse...

le 05/02/2023 à 11:35
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"il n'y a aucune répartition des richesses" votre salaire n'est pas une répartition ? Achetez des actions pour toucher des dividendes, pas besoin de dépenser beaucoup, mais petit à petit (comme les gens qui arrêtent de fumer et mettent les sous dans...

à écrit le 05/02/2023 à 9:22
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La motivation est aussi un facteur à prendre en compte par le management pour augmenter la productivité. Quand la dernière augmentation de salaire est obtenue à 49 ans, la route est longue jusqu'à la retraite, même avec des changements de poste succ...

à écrit le 05/02/2023 à 8:41
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En titre sur le Dauphiné Libéré du jour TRAVAILLER MOINS POUR PROFITER PLUS Les français préfèrent gagner moins d’argent mais disposer de plus de temps libre Voilà une des explications de cette baisse de productivité, qui explique aussi qu’on es...

à écrit le 05/02/2023 à 8:34
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Avons nous seulement jamais été compétitifs en terme de productivité, au vu des résultats brillants de notre balance du commerce extérieur j'ai de gros doutes. On ne peut à la fois travailler moins que nos voisins (35h/ sem) partir en retraite plus ...

à écrit le 05/02/2023 à 0:49
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Pour que la productivité augmente, il faut donner à la jeune génération des perspectives, un sens au travail et évidemment des salaires décents. Pour l'instant on a tout faux.

le 05/02/2023 à 8:38
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les francais sont ceux qui produise le plus dans le monde de l'industrie mais avec le plombage des fonctionnaire il faut comparaitre le nombre de productif direct et indirecte puis impacte le nombre de profession liberal puis les fonctionnair...

à écrit le 04/02/2023 à 22:16
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C'est peut-être tout simplement une question de ressources naturelles disponibles, en premier lieu d'énergie disponible : Jean-Marc Jancovici l'explique très bien : Grâce aux hydrocarbures, chaque humain a 400 esclaves à sa disposition pour travaille...

à écrit le 04/02/2023 à 21:24
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Bosser plus? A 35 heures on gagne bien sa vie si ont a un bon job sinon faut bosser 45 .. c estbpas nouveau le probleme c est que maintenant ont vous mets des.batons dans les roues pour travailler plus pour gagner plus Bosser 32 h par semaines p...

à écrit le 04/02/2023 à 21:05
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C'est parce que y'a plus que les actionnaires et les cadres supérieurs qui gagnent plus du travail de tous. La plupart des gens doivent bosser toujours plus pour des salaires qui n'augmentent pas. La reconnaissance, ça compte, mais y'en a pas. Et la ...

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