Coût de l'énergie : ArcelorMittal réduit sa production à Fos-sur-Mer et recourt au chômage partiel

Le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal a décidé de mettre à l'arrêt temporairement un des deux hauts-fourneaux de son site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), « du fait du ralentissement de la demande d'acier et de l'impact des prix de l'énergie », a annoncé le groupe jeudi.
Cette mise à l'arrêt due à la baisse de la demande et à la flambée du coût de l'énergie n'est pas la première en Europe.
Cette mise à l'arrêt due à la baisse de la demande et à la flambée du coût de l'énergie n'est pas la première en Europe. (Crédits : David W Cerny)

Ce jeudi, le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal a annoncé mettre temporairement à l'arrêt un des deux hauts-fourneaux de son site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), en raison « du ralentissement de la demande d'acier et de l'impact des prix de l'énergie ». « Des mesures d'activité partielle seront mises en place à compter de début décembre 2022 pour adapter le temps de travail d'une partie du personnel, à hauteur d'un jour par semaine maximum », a détaillé la direction du groupe avant d'indiquer que l'activité reprendra « dès que les conditions de marché le permettront ».

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Ainsi, si l'entreprise n'avait initialement pas prévu fermer de hauts-fourneaux en France, le contexte énergétique a poussé ArcelorMittal à revoir son plan d'action. Au total, sur cinq hauts-fourneaux installés en France, ils sont désormais deux à l'arrêt car un des trois hauts-fourneaux de Dunkerque, le plus important site du groupe en Europe, est actuellement fermé pour des opérations de maintenance.

« Les prévisions de commandes sont en baisse pour la fin 2022 et le début 2023 »

Entre une explosion des coûts de l'énergie, les nombreuses incertitudes liées à la guerre en Ukraine et un ralentissement des investissements chinois, la production mondiale d'acier a nettement reculé cette année. « Dans un contexte macro-économique fortement dégradé, couplé à un impact majeur de la flambée des prix de l'énergie et à une hausse des importations d'acier en Europe, le site de Fos-sur-Mer fait face à son tour au ralentissement de la demande d'acier », a précisé le groupe. Début septembre, ArcelorMittal avait déjà fait état de la baisse de la demande dans l'industrie automobile, habituel gros client de l'industrie sidérurgique. « Les prévisions de commandes sont en baisse pour la fin 2022 et le début 2023 », a souligné l'entreprise.

De plus, cette mise à l'arrêt due à la baisse de la demande et à la flambée du coût de l'énergie n'est pas la première en Europe. En effet, le groupe avait déjà décidé début septembre de fermer deux de ses hauts-fourneaux en Europe, à Brême (nord-ouest de l'Allemagne) et dans les Asturies (nord de l'Espagne). A Hambourg, l'une des deux cheminées de l'aciérie ArcelorMittal ne crache plus de fumée en raison de coûts énergétiques trop élevés. « Le gaz est un élément essentiel du processus » mené dans les cuves de l'usine, expliquait à l'AFP Uwe Braun, le PDG du site. Ainsi, les 530 salariés de l'aciérie sont en chômage partiel depuis début octobre.

Une mesure injustifiée selon les salariés

Cette mesure, annoncée ce jour par le groupe, entraîne toutefois de nombreux mécontentements. « C'est un véritable coup de tonnerre car même si la direction avait fait la demande en septembre, nous pensons que cela n'est pas justifié », a déploré à l'AFP Sandy Poletto, délégué syndical CGT chez ArcelorMittal à Fos-sur-Mer.

En effet, si le site qui emploie à lui seul quelque 2.500 salariés et 2.500 sous-traitants connaît bien une baisse des commandes, cela est en partie dû au fonctionnement de l'entreprise. « Il s'agit d'un mode de gestion qui implique que nous refusons des commandes car elles ne sont pas jugées rentables », a expliqué Sandy Poletto avant de préciser que « la direction préfère recourir au chômage partiel et à l'argent public ».

Quid de la transition énergétique ?

La crise de l'énergie actuelle, qui a freiné la production d'acier dans le monde cette année, a ainsi mis en pause l'ambitieuse transition énergétique lancée par la sidérurgie européenne. Si les installations du groupe ArcelorMittal à Fos-sur-Mer et à Dunkerque représentent à elles deux le quart des émissions de gaz à effet de serre industrielles françaises, qui elles-mêmes représentent de l'ordre de 30% de l'empreinte carbone de l'Hexagone, le géant de l'acier avait annoncé en février dernier investir, avec le soutien de l'Etat français, 1,7 milliard d'euros dans des installations moins émettrices de CO2. Ces projets d' « acier vert » devraient permettre de réduire à eux seuls les émissions industrielles de CO2 en France de 10%.

En effet, en remplaçant progressivement les vieux hauts fourneaux utilisateurs de charbon, qui émettent de l'ordre de deux tonnes de CO2 par tonne d'acier produite, le principe de « réduction directe » alimenté par du gaz permettrait de diviser par deux les émissions de CO2 de la sidérurgie d'ici 2040 rappelait à l'AFP Marcel Genet, expert en sidérurgie et fondateur de la société Laplace Conseil. Or, « tous les projets de développement de l'acier européen sont en pause », précisait-il déjà en septembre dernier en raison de la guerre en Ukraine qui a entraîné une hausse inédite du prix du gaz naturel.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 04/11/2022 à 13:01
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Si Arcelor n'avait pas absorbé Usinor ,il n'y aurait plus de sidérurgie en France, c'est d'ailleurs probablement ce qui va se passer, produire de l'acier en France n'étant plus rentable. Seul point positif notre pays émettra moins de GES ,youpi 🥳

à écrit le 03/11/2022 à 23:27
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Fallait pas autoriser la prise de contrôle d’ arcelor métal sur le groupe Français il y a 20 ans …. Qu a fait chirac ou la chiraquie dont Lemaire en est le rejeton ? Rien il a laisser faire .

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