1,50 euro d'augmentation : les médecins libéraux ne décolèrent pas et promettent une grève massive mardi

1,50 euro d'augmentation pour les consultations : c'est ce que propose l'Assurance maladie aux praticiens libéraux (généralistes et spécialistes) qui ne décolèrent plus depuis qu'ils ont repris les négociations avec le gouvernement. Eux réclamaient 5 euros de plus minimum pour revaloriser le prix de la consultation avec l'inflation. Les syndicats ont appelé tous les médecins libéraux à sortir le grand jeu pour faire pression sur le gouvernement : fermeture des cabinets, grève de SOS Médecins et manifestation entre le ministère de la Santé et le Sénat, bref un mardi noir. Les syndicats inquiets joueront leur va-tout dans la rue, même l'Ordre des médecins sera là.
A deux semaines du terme de négociations cruciales pour la profession, un échec n'a jamais paru si probable. SOS Médecins, revendiquant également « l'indispensable revalorisation de la visite à domicile », s'est également joint à la mobilisation, appelant ses adhérents à cesser le travail pendant 24 heures à partir de mardi matin. Et l'Ordre des médecins sera lui aussi présent mardi dans le cortège.
A deux semaines du terme de négociations cruciales pour la profession, un échec n'a jamais paru si probable. SOS Médecins, revendiquant également « l'indispensable revalorisation de la visite à domicile », s'est également joint à la mobilisation, appelant ses adhérents à cesser le travail pendant 24 heures à partir de mardi matin. Et l'Ordre des médecins sera lui aussi présent mardi dans le cortège. (Crédits : Reuters)

Jeudi 2 février, c'était la douche froide pour les médecins libéraux: alors qu'ils réclament une augmentation à 30 euros au minimum de la consultation de médecine généraliste, l'Assurance maladie, après trois mois sans se dévoiler, leur a proposé d'augmenter la tarif de base de la consultation médicale de base de 25 euros à 26,50 euros, soit 1,50 euro d'augmentation.

Revenus à la table des négociations - après les avoir « suspendues » mi-janvier - les syndicats de praticiens libéraux découvraient ainsi les premières propositions tarifaires de l'Assurance maladie, et depuis ils ne décolèrent plus.

On est loin, très loin des 30 euros, voire 50 euros réclamés

Et l'on est loin, très loin des 50 euros exigés par le collectif "Médecins pour demain", à l'origine de précédentes fermetures de cabinet début décembre et pendant les Fêtes, avec le soutien de syndicats contestataires (UFML, FMF). Même les grandes organisations (MG France, CSMF), dont la signature sera incontournable, n'attendent pas moins de 30 euros.

Revendiquant également « l'indispensable revalorisation de la visite à domicile », SOS Médecins s'est joint à la mobilisation, appelant ses adhérents à cesser le travail pendant 24 heures à partir de mardi matin.

1,50 euro d'augmentation de la consultation, « c'est une provocation »

« C'est une provocation », s'était exclamée ce jeudi-là Agnès Gianotti, présidente de MG France, première organisation chez les généralistes, alors que son syndicat réclamait au moins 30 euros pour rattraper l'inflation depuis le passage à 25 euros en 2017.

Pour rappel, la revendication centrale du collectif « Médecins pour demain », à l'origine du mouvement, demeure la hausse du tarif de la consultation à 50 euros, contre 25 euros aujourd'hui. Objectif : créer un « choc d'attractivité » vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives au détriment du temps médical et qui n'attire plus les jeunes.

Contactée, l'Assurance maladie avait confirmé avoir proposé « une revalorisation des consultations de l'ensemble des médecins libéraux de 1,50 euro », sauf pour les téléconsultations qui ont « vocation à rester à 25 euros ».

A deux semaines du terme de négociations cruciales pour la profession, un échec n'a jamais paru si probable.

Lire aussiLa grève des médecins généralistes « n'est vraiment pas responsable » tacle Élisabeth Borne

C'est dans ce contexte que les médecins libéraux, au bord de la rupture avec l'Assurance maladie et le gouvernement, sont appelés à cesser le travail mardi et à manifester à Paris, pour réclamer des hausses de tarifs et s'opposer à une proposition de loi examinée au Sénat.

Les syndicats ont sorti le grand jeu - fermeture des cabinets, grève de SOS Médecins et manifestation entre le ministère et le Sénat - pour faire de ce mardi, un mardi noir. Une série d'actions qui en dit long sur l'état des relations, en premier lieu avec l'Assurance maladie.

Ce dimanche 12 février, sur Europe 1 Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France (généralistes), a martelé son discours :

« Mardi, c'est un fait unique dans l'histoire, vous aurez tous les syndidats de médecins. (...) C'est bien qu'il se passe des choses qui mettent en colère l'ensemble d'une profession, ça ne s'est jamais vu », a-t-elle dit.

Demande de contreparties (productivité, gardes du soir et week-end...)

Cette contestation ouverte s'inscrit dans un rapport de forces que les praticiens libéraux veulent engager avec l'Assurance maladie et le gouvernement, mais ces derniers ne semblent pas très empêchés de dérouler leur feuille de route placidement, étape par étape.

Ainsi, de la stratégie du directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance Maladie (Cnam) Thomas Fatôme, qui, dans un entretien au Quotidien du Médecin, promet certaines avancées, mais sans les quantifier et tout en affirmant qu'elles ne seront pas accordées sans contrepartie de la part de ces médecins-là.

« Nous irons plus loin la semaine prochaine » mais un « engagement territorial » sera demandé, pour que les praticiens prennent plus de patients et assurent plus de gardes les soirs et week-ends.

Braun demande aux médecins d'entendre la « colère des Français qui n'arrivent pas à trouver un médecin »

Face aux exigences de revalorisation tarifaires des médecins libéraux, le ministre de la Santé, François Braun, est sur la même longueur d'ondes :

« Mon objectif, c'est de répondre aux besoins de santé de la population », affirme-t-il, disant entendre « la colère » des praticiens, « mais aussi celle des Français qui n'arrivent pas à trouver un médecin ».

C'est justement parce que l'offre ne répond pas à la demande que le Parlement envisage d'ouvrir "l'accès direct" - sans prescription médicale - à certains paramédicaux: kinés, orthophonistes et infirmières de pratique avancée.

Une proposition de loi, soutenue sinon inspirée par l'exécutif, a ainsi franchi l'étape de l'Assemblée et sera débattue mardi après-midi au Sénat, après un passage en commission qui n'a pas dénaturé son contenu.

Les syndicats inquiets joueront leur va-tout dans la rue, même l'Ordre des médecins sera là

Inquiets d'une possible adoption du texte, les syndicats joueront en même temps leur va-tout dans les rues de la capitale, entre la place Vauban, voisine du ministère, et celle du Panthéon, toute proche de la chambre haute.

Début janvier, sur l'itinéraire inverse, ils avaient réussi à rassembler entre 2.300 et 4.000 manifestants. La jauge pourrait être dépassée, tant les renforts affluent ces derniers jours, de leurs confrères hospitaliers de l'intersyndicale APH aux remuants internes de l'Isni.

Même l'Ordre des médecins a annoncé sa participation au cortège, pour dénoncer les "risques de désorganisation des soins" et "de perte de chance pour les patients" que porte selon lui ce projet de "médecine à deux vitesses".

Les organisateurs se donnent les moyens de faire basculer le rapport de force. Ainsi, la CSMF prévient que "des cars partent de toute la France: Laval, Strasbourg, Metz, Châteauroux, Vierzon, Orléans, Lille, Arras..." et invite ses adhérents à "réserver (leurs) places".

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QUELQUES CHIFFRES CLÉS

226.000 médecins en activité en France au 1er janvier 2018

Parmi les 226.000 médecins en activité en France, 102.000 sont des généralistes (45% de l'ensemble) et 124.000 sont des spécialistes hors médecine générale (55% de l'ensemble). Les spécialités qui regroupent les effectifs les plus importants sont la psychiatrie (6,8% des médecins), l'anesthésie-réanimation (5,1%), le radiodiagnostic et l'imagerie médicale (3,9%).

57% des médecins sont des libéraux. 46% ont une activité libérale exclusive et 12% un exercice « mixte » (cumul d'une activité salariée et d'une activité libérale).

  • Le nombre de spécialistes augmente tandis que le nombre de généralistes stagne

Depuis 2012, le nombre total de médecins a progressé de 4,5%. Au cours de cette période, le nombre de médecins généralistes a stagné (+0,7%), tandis que le nombre de spécialistes a progressé de +7,8%. Parallèlement, le nombre de libéraux n'a pas évolué (+0,04 %), la baisse du nombre de généralistes exerçant en libéral (-2,0 %) a compensé la hausse du nombre de spécialistes libéraux (+2,4 %). Le nombre de salariés et particulièrement de spécialistes salariés a lui fortement augmenté (respectivement +11,1 % et +13,9 %). L'augmentation du nombre de spécialistes et de salariés explique ainsi la hausse des effectifs de médecins au cours des six dernières années.

Source : Démographie des professionnels de santé, étude (2018) de la DREES

(avec AFP)

Commentaires 33
à écrit le 17/02/2023 à 7:56
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Pour ceux qui l’ignorent La CNAM fait pression sur les médecins pour qu’ils voient six patients à l’heure Mais cela la presse n’en parle pas

à écrit le 14/02/2023 à 20:27
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Malgres leurs longues etudes mais 25 euros la consultation et 30 euros chez les petits pour 15 minutes et encore de consultation pour ressortir avec rien comme prescription ça fais mal . Lundi : 2 consultation a 30 euros pour chacune de mes filles ...

à écrit le 14/02/2023 à 20:13
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Bonjour, Les salaires n'augure pas de hausse, donc pour les consultations sa peux attendre, car ne pas oublié 25 euros pour 15 minutes de consultation s'est beaucoup... Surtout, que beaucoup sont Avars de médicaments voir d'arrêt maladie... Bien s...

à écrit le 14/02/2023 à 17:45
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Correctement bien payé les médecins par rapport à l'ensemble de la population française mais comme les fonctionnaires malgré leurs privilèges et avantages passent leur temps à pleurnicher, à se plaindre. Les contribuable français qui financent une pa...

le 14/02/2023 à 18:17
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Sans les internes il n'y aurait pas d'hôpital 1.500 euros par mois pour 60 ans avec gardes de Week end et de nuits . "Bien payés par rapport à l'ensemble de la population" un consultant issus d'une prestigieuse école d'ingénieurs gagne à 30 ans ce q...

à écrit le 14/02/2023 à 13:31
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Un médecin libéral gagne en moyenne 6000 nets par mois, et plus de 10000 pour nombre d'entre eux. Certes cela nécessite de faire défiler les patients et de ne pas compter ses heures. Cela reste donc une profession très privilégiée.

le 14/02/2023 à 18:19
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Non à niveau d'études équivalent un ingénieur qui travaille dans le conseil gagne à 30 ans entre 10 et 15.000 euros par mois !!!

à écrit le 14/02/2023 à 9:25
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Souvenir de 2021 : Une énorme affaire d'escroquerie à l'Assurance maladie a été démantelée près de Toulouse, rapportent nos confrères de La Dépêche. Elle concerne une médecin généraliste installée à Cornebarrieu en Haute-Garonne. D'après nos confrè...

à écrit le 14/02/2023 à 9:19
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Juillet 2021 : C'est un ouf de soulagement pour de nombreux médecins libéraux. Au tout dernier moment, les négociations avec l'Assurance maladie ont abouti sur un accord, et ce à trois jours de la date butoir. Car si aucun accord n'avait été trouv...

à écrit le 14/02/2023 à 9:04
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Souvenir : Pour la maire de Fresnay-sur-Sarthe, Fabienne Laurette-Ménager (LR), cette nouvelle est "écœurante". En décembre 2021, un couple de soignants sexagénaires a quitté cette commune sarthoise, un désert médical, pour s’installer Saint-Vaast...

à écrit le 14/02/2023 à 6:58
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Les Médecins doivent êtres informés qu'ils faut compenser la CMU, la P.M.A, les préservatifs etc......

à écrit le 13/02/2023 à 20:16
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Personne ne parle du fond du problème et ce qui se joue est très grave pour le système de santé publique qui est en réel danger ! La proposition faite n'est en rien une revalorisation mais plutôt une dévalorisation. En effet, avec le projet de loi le...

le 14/02/2023 à 6:40
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Vous connaissez beaucoup de consultations qui durent plus de 10 min ? Pas moi

le 14/02/2023 à 19:57
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Oui, consultation pour moi c est 15 a 20 minutes, mes enfants on est plus sur la demi heure. Si la consultation est pour un simple vaccin, j ai droit a une petite prise de tension, poids , questions sur mes petits problèmes et si besoin j ai un bilan...

à écrit le 13/02/2023 à 15:04
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Ils devraient se mettre en grève illimitée comme la cgt sncf, et se comporter avec la même tolérance que les Goodyear dans les locaux des cpam, ça deviendrait drôle

à écrit le 13/02/2023 à 8:31
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Ils ont raison ce gouvernement ne fait que de la provocation.On voir bien où Ils veulent en venir multiplier les fronts pour diviser.

à écrit le 13/02/2023 à 8:30
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La revalorisation des visites chez le généraliste s’impose c’est une evidence

à écrit le 13/02/2023 à 8:12
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Sortez les cleanex ! il y a le médecin dans son désert médical qui ne compte plus ses heures et n’a même pas le temps de dépenser son argent, et puis il y a celui des beaux quartiers qui touche 4000€ net en travaillant à mi-temps. Le problème des méd...

le 13/02/2023 à 13:46
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ce commentaire pue la jalousie.

à écrit le 13/02/2023 à 6:53
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Et selon les médecins, les +1,5€ sont associée à la baisse d'autres tarifs en parallèle, faisant qu'au final, c'est augmentation est juste un bullshit marketing de la sécu. Avec toutes les cotisations, comment ça se fait qu'on ne puisse pas payer c...

le 13/02/2023 à 7:52
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Faut pas exagerer ! si les medecins n ont plus de secretariat c est parce que doctolib coute moins cher. Un generaliste gagne en moyenne 5000 €/mois net, un specialiste ou un dentiste quasiment le double (j en ai un dans la famille). Que les medec...

le 13/02/2023 à 13:10
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Pour un médecin libéral, le coût mensuel de l'abonnement à Doctolib s'élève à 129 euros. 39 euros supplémentaires par mois viennent s'ajouter pour bénéficier du service de téléconsultation.

à écrit le 13/02/2023 à 6:50
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La Sécu à la Française est un suicide économique qui chaque jour creuse sa tombe. Surtout ne faites plus des enfants et ne surtout pas se fatiguer au travail qui est toujours mauvais pour la Santé. L'Avenir est radieux, pour Mme Borne et sa horde de ...

à écrit le 13/02/2023 à 6:32
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Bonjour, Je suis médecin généraliste à Sarralbe en Moselle dans une maison de santé pluri professionnelle. La principale raison de cette grève et vous ne l avez même pas évoquez une seule fois ( je suis choquée par votre article) est le passage de...

à écrit le 13/02/2023 à 0:46
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micron, c'est le chaos.

à écrit le 13/02/2023 à 0:14
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Est-ce que les médecins sont bien payés ? Non je ne le pense pas; Est-ce que une consultation à 30 Euros aurait été raisonnable ? Oui je le pense. Mais le problème est qu'il entraine des augmentations en cascade. Pour donner ce dû au médecin il aurai...

à écrit le 12/02/2023 à 22:07
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6% c’est à peine l’inflation de 2022, alors que les tarifs sont bloqués depuis 7 ans ! Les charges ne sont pas bloquées elles. L’état a organisé la pénurie depuis 20 ans et maintenant viens demander des solutions d’urgence en faisant et exigeant n’im...

le 13/02/2023 à 22:33
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La pénurie date Pas depuis 20 ans mais 35 avec le numerus clausus… et pourquoi ce numerus clausus ? Parce les médecins de l époque l ont demandé pour conserver leur pouvoir d achat …médecins revoyez donc votre histoire et les pratiques de vos organ...

à écrit le 12/02/2023 à 20:56
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Aucun problème pour que la consultation soit à 50 euros, tant que 25 euros remboursé par la sécu.

à écrit le 12/02/2023 à 20:23
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L'Etat est fort avec les faibles et faible avec les forts : 4.75% pour les autoroutes après 2 à 3% annuel depuis plusieurs années. Alors leur 6% (1.5€) pour les médecins ...... et en plus il faudrait qu'ils en fasse plus.

à écrit le 12/02/2023 à 20:14
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6% d’augmentation, c’est déjà pas si mal, les actifs ont eu que 3%, les retraités 4,5%. Sans compter que les médecins ne sont pas au smic.

à écrit le 12/02/2023 à 19:21
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Soutien total aux médecins, 30 €, c'est un prix tout à fait raisonnable, surtout dans le contexte d'une inflation, qui est tout, sauf quasi-nulle

le 12/02/2023 à 23:26
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Le problème c est qu en augmentant le tarif des médecins - moi salarié du public je n ai pas été augmenté depuis 4 ans et je gagne 1867€ net : 1/ on aggrave les déficits delà sécu 2/ on écarte de plus en plus de français de la consultation médic...

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