Logement : le gouvernement met en place une carte des loyers par commune pour aider les locataires

Le ministère du Logement a publié une carte interactive sur son site permettant aux locataires de comparer leur loyer avec d'autres logements de leur commune. Un outil censé aider les personnes qui ont du mal à payer leur loyer en cette période de hausse généralisée des prix due à l'inflation.
Une nouvelle carte publiée sur le site du ministère du Logement permet de comparer son loyer avec ceux de toutes la France.
Une nouvelle carte publiée sur le site du ministère du Logement permet de comparer son loyer avec ceux de toutes la France. (Crédits : DR)

Payez-vous trop cher votre loyer ? Une question à laquelle les locataires pourront maintenant répondre en cliquant sur la carte interactive publiée ce lundi sur le site du ministère du Logement. Une carte destinée aux professionnels du secteur et aux locataires qui veulent avoir une estimation homogénéisée des loyers dans chaque commune de France. Concrètement, le site permet de renseigner le prix au m2 charges comprises, sur l'ensemble du territoire, pour les maisons et les appartements du parc locatif privé. « Pour le ministère chargé de la Ville et du Logement, elle permet d'évaluer les dispositifs et de concevoir des outils mieux adaptés aux réalités des territoires », a fait valoir le ministère dans un communiqué.

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Il est donc, à présent, possible de comparer précisément les prix des maisons et des appartements. Pour rappel, en France, le loyer mensuel est d'en moyenne 8,20 euros au m2 pour une maison, contre 9,38 euros pour un appartement, selon les estimations de l'Agence nationale pour l'information sur le logement (ANIL) sur la base des annonces publiées sur les plateformes de leboncoin et du Groupe SeLoger.

Ainsi, le loyer au m2 d'une maison atteint un maximum de 28,35 euros par mois dans le XVIe arrondissement de Paris ainsi que dans six communes du département des Hauts-de-Seine (92): Garches, Vaucresson, Marnes-la-Coquette, Ville-d'Avray, Neuilly-sur-Seine et Boulogne-Billancourt. Pour les maisons les moins chères de France, Quarante-huit communes réparties dans les Vosges (88) et dans la Haute-Marne (52) se partagent le bas du classement des maisons avec un prix au m2 estimé à 5,18 euros. Les plus économiques des appartements à louer de France se trouvent quant à eux à Darney dans les Vosges (5,75 euros au m2) et les plus chers dans le 4e arrondissement de la capitale (33,07 euros).

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Un manque de logements neufs

Des loyers qui s'établissent à des sommets dans certains secteurs engorgés du fait d'une offre de logements qui ne suit pas la hausse de la demande. La principale cause : le manque de nouveaux logements. Les pénuries qui ont suivi la reprise de l'activité post pandémie de Covid-19 ont fait monter le prix des matières premières et des matériaux qui ont renchérit les coûts de construction des nouveaux bâtiments en construction. Résultat :  « Pour des raisons économiques, 20% des projets ne sortent plus. Les promoteurs obtiennent les permis de construire, mais les coûts de revient deviennent supérieurs aux prix de vente », expliquait Pascal Boulanger, président de la Fédération française des promoteurs immobiliers à La Tribune.

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Le représentant des promoteurs précisait d'ailleurs que « La chute (des ventes de logements neufs, NDLR) amorcée en 2022 va se poursuivre. Après une baisse de nos mises en vente de 12% entre le troisième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2022, nous devrions atteindre les -20% à la fin de l'année, comparé à l'an dernier. » Pour augmenter le nombre de nouveaux logements, Pascal Boulanger appelle l'Etat à flécher « une partie de la TVA vers les maires bâtisseurs », afin de les inciter à construire.

Des impayés de loyers en augmentation

Le résultat de ces loyers parfois élevés, associée à la hausse du coût de la vie imposée par l'inflation, est une augmentation du nombre d'impayés. Une enquête de l'USH, qui représente les bailleurs HLM, menée en 2022 auprès de 193 organismes représentant 2,26 millions de logements sociaux révèle que « Près de la moitié » des organismes qui ont répondu ont enregistré une hausse significative (plus de 10%), par rapport à décembre 2021, du nombre de locataires ayant accumulé plus de trois mois d'impayés de loyer. De plus, « les deux tiers des organismes HLM répondants enregistrent une augmentation du nombre de ménages en difficulté financière. La même proportion déclare avoir perçu des signaux alertant sur des difficultés financières », précise l'USH.

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Une situation décriée tant elle était prévisible d'après l'organisme. « La montée des difficultés financières des locataires était hélas annoncée, compte tenu du caractère très incomplet du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement pour les personnes chauffées collectivement au gaz et à l'électricité », commente la présidente de l'USH, Emmanuelle Cosse. Cette ancienne ministre du Logement dénonçait mi-novembre une « différence de traitement » entre les personnes chauffées individuellement et celles qui le sont collectivement. Elle soulignait que les bailleurs renouvellent leurs contrats d'énergie « tous les ans ou tous les deux ans » auprès des fournisseurs avec des prix qui ont « à minima quadruplé », et « même augmenté de 1.000% pour certains bailleurs ». La présidente de l'USH réclame donc depuis l'automne une extension du bouclier tarifaire, qui limite l'envolée des prix de l'énergie, à tous les bailleurs sociaux. Mais cette dernière n'a que partiellement obtenu gain de cause.

Les organismes HLM craignent l'impact futur des régularisations de charges, qui peuvent représenter une facture douloureuse sur leurs locataires, dont 35% vivent sous le seuil de pauvreté. Une accumulation de charges et une pression sur les loyers qui ne devrait pas arranger la problématique des loyers impayés en 2023.

(Avec AFP)

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