Loi immigration  : 32 nouveaux départements dirigés par la gauche entrent en résistance

La fronde contre la loi immigration s'est étendue mercredi aux 32 départements dirigés par la gauche, dont Paris, qui « n'appliqueront pas » le durcissement des conditions de versement aux étrangers de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).
« Je mettrai tout en œuvre pour que le département soit un bouclier républicain face à la préférence nationale », a déclaré sur X le socialiste Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis,
« Je mettrai tout en œuvre pour que le département soit un bouclier républicain face à la préférence nationale », a déclaré sur X le socialiste Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, (Crédits : Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis)

Ce mercredi soir, sur France 5, Emmanuel Macron a vigoureusement défendu la loi immigration, comme « un bouclier qui nous manquait ». Il n'aura pas convaincu les présidents des conseils généraux de 32 départements dirigés par la gauche (PS, PRG, EELV et DVG)  qui « n'appliqueront pas » le durcissement des conditions de versement aux étrangers de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).

Emboîtant le pas au Lot et à la Seine-Saint-Denis, ces territoires rejettent en effet la « préférence nationale » prévue, selon eux, par la loi adoptée mardi à l'Assemblée nationale avec les voix du Rassemblement national. A la fois ville et département, Paris avait annoncé peu avant son refus de pratiquer l« a préférence nationale pour (ses) aînés », par la voix de sa maire Anne Hidalgo (PS).

« Nous, présidentes et présidents de départements de gauche, refusons l'application du volet concernant l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) de cette loi inspirée par l'extrême droite, portée par un exécutif qui prétendait incarner la modération et qui n'est désormais plus que l'illustration de la compromission », selon un communiqué conjoint.

« Un bouclier républicain face à la préférence nationale »

La nouvelle loi instaure dans son article 19 un délai de cinq ans pour les étrangers non-européens en situation régulière qui ne travaillent pas, et de trente mois pour les autres, avant d'être éligibles à des prestations comme les allocations familiales ou l'APA, versée aux personnes âgées de 60 ans ou plus en situation de perte d'autonomie. Qualifiant le texte « d'atteinte grave aux droits fondamentaux des personnes de nationalité étrangère », les départements disent vouloir « continuer à lutter contre le principe de préférence nationale par la défense d'aides sociales qui sont et doivent demeurer universelles ».

Le département du Lot, historiquement à gauche, avait été le premier à s'opposer aux nouvelles modalités de versement de l'APA. Son président Serge Rigal (DVG, ex-PS) a proposé de « créer une nouvelle allocation d'autonomie universelle qui donnera exactement les mêmes droits aux Lotois qui seraient exclus par cette loi ».

 « Je mettrai tout en œuvre pour que le département soit un bouclier républicain face à la préférence nationale », avait également déclaré sur X le socialiste Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, qui compte une part importante de personnes issues de l'immigration. « Tous les habitants de Seine-Saint-Denis méritent la solidarité et l'humanité. D'où qu'ils viennent. Nous continuerons de verser l'APA aux étrangers en situation régulière », avait-il ajouté.

Le président du département de la Gironde Jean-Luc Gleyze (PS), également président du groupe de gauche des départements, a déclaré à l'AFP que « nous touchons du doigt une France qui risque de voir revenir, blanchies, les idées de Vichy ».

 La fronde s'est également étendue aux maires de grandes villes, qui appellent de leurs vœux une censure du Conseil constitutionnel. « Cette loi sur l'immigration, quel déshonneur. Quelle tache pour notre République ! », a déclaré la maire PS de Lille Martine Aubry. « Ce texte est une défaite morale sous la dictée de l'extrême droite » a jugé la maire de Nantes Johanna Rolland (PS). Autre édile socialiste, Mathieu Klein a assuré que sa ville, Nancy, serait préservée « de toute discrimination en raison de la nationalité dans l'accès aux prestations et aux dispositifs d'aides sociales dont nous avons la charge ». « L'Histoire se souviendra de qui a mis en ordre de marche les idées de l'extrême droite dans la loi et dans les esprits », a tweeté Bruno Bernard, président EELV de la métropole de Lyon. La maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian a dénoncé « une bascule sans précédent ». La maire communiste de Montreuil (Seine-Saint-Denis), ville de 110.000 habitants dont une grande partie est issue de l'immigration, a annoncé mettre ses drapeaux en berne pour protester contre la loi.

Les départements « s'exposent à des annulations des tribunaux administratifs »

Ce matin, au micro de RTL, le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a appelé les électeurs à sanctionner dans les urnes les élus qui n'appliquent pas ce dispositif de la loi immigration. Selon Michel Verpeaux, professeur émérite de droit public à l'université Panthéon-Sorbonne, les départements qui contournent la loi s'exposent à des annulations des tribunaux administratifs que pourront saisir les préfets s'ils ne respectent pas la loi. « On peut penser que le gouvernement s'en remettra au Conseil constitutionnel pour nettoyer ce qui n'est pas conforme à la Constitution, mais s'il valide cette disposition, la loi deviendra obligatoire et les départements seront obligés de l'appliquer », a estimé le constitutionnaliste.

Un plainte contre Laurent Wauquiez qui refuse d'appliquer une loi

Ce n'est pas la première fois cette année que des collectivités territoriales refusent d'appliquer la loi. L'association de protection de l'environnement Wild and legal a porté plainte la semaine dernière à Paris contre la décision de Laurent Wauquiez, le 30 septembre dernier, de retirer la région Auvergne-Rhône-Alpes du dispositif « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. Lors de sa rentrée politique le 30 septembre, le président de la région, avait annoncé se retirer « du processus prévu par la loi Climat et résilience pour lutter contre la bétonisation des sols. »

La plainte a été déposée pour « prise de mesure destinée à faire échec à l'exécution de la loi » qui adoptée en 2021, vise à réduire de moitié, d'ici à 2031, la consommation d'espaces naturels et agricoles par rapport à la décennie précédente, jusqu'à atteindre le « zéro artificialisation nette » à l'horizon 2050 et confie aux régions le soin de fixer leurs objectifs à travers leur document de planification (Sraddet). Le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes l'avait dénoncée comme une loi « ruralicide », s'attirant les foudres des écologistes et du gouvernement. Laurent Wauquiez « a le droit de s'opposer à une loi, mais il a le devoir de l'appliquer », a souligné l'avocat de l'association Jérôme Karsenti.

(Avec AFP)

Commentaires 25
à écrit le 28/12/2023 à 17:17
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La décision de ces départements pose une question: qui paiera ces aides "illégales" ? Il serait logique que l'Etat se refuse à les subventionner, obligeant ainsi ces départements à augmenter les impôts locaux...qui, vu la disparition de la taxe d'ha...

à écrit le 22/12/2023 à 6:12
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Inutile de faire la fronde à une loi qui n'est pas encore passé au sénat et n'a pas été promulguée non plus... Après toujours possible de lancer des procès si il s'avère que cette loi est incompatible avec d'autres ou d'autres de l'Europe qui appare...

le 22/12/2023 à 13:32
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ce n'est pas de la resistance mais de la sécession et a ce titre tout les elus doivent avoir leur remuneration suspendu et la justice saisi pour tentative de desordre cela suffit d'ignorer les votes du peuple et des elus si une minorite n'est p...

à écrit le 21/12/2023 à 22:04
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Le séparatisme produit des ravages parmi ceux qui sont élus par les séparatistes...

à écrit le 21/12/2023 à 17:51
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On pourra partir aussi à 62 ans en retraite dans ces 32 départements ?

à écrit le 21/12/2023 à 17:33
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ces élus ne sont plus légitimes , les citoyens n'ont plus qu'à faire grève de l'impôt dans ces départements ; un vrai far-west . passée par le conseil constitutionnel la montagne accouchera d'une souris

à écrit le 21/12/2023 à 15:55
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il faut mettre ces département sous tutelle de l'État !

à écrit le 21/12/2023 à 14:46
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Des entités publiques envisagent de ne pas appliquer la loi ? que l'on soit pour ou contre une loi ne change rien : toute loi doit être appliquée et par tous. Sauf une loi qui viendrait contredire manifestement les libertés publiques ou le respect de...

à écrit le 21/12/2023 à 14:45
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Des entités publiques envisagent de ne pas appliquer la loi ? que l'on soit pour ou contre une loi ne change rien : toute loi doit être appliquée et par tous. Sauf une loi qui viendrait contredire manifestement les libertés publiques ou le respect de...

à écrit le 21/12/2023 à 14:42
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Des élus qui ne veulent pas appliquer une loi voulue par 70 % des français ? Ils doivent être immédiatement démis de leurs mandats et inéligibles à vie.

à écrit le 21/12/2023 à 13:40
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Incroyable, comment certains départements osent-ils ignorer une loi nationale ? La gauche pense-t-elle qu’elle ne fait pas partie de la France ? Ne seront-ils pas punis pour cela ?

à écrit le 21/12/2023 à 13:25
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La loi s'impose à tous, élus ou non. Sinon on va vers un grand "foutoir" dont personne ne sortira gagnant

à écrit le 21/12/2023 à 13:17
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Au poil, on va pouvoir indiquer aux migrants qui arrivent , où s'installer en priorité

à écrit le 21/12/2023 à 12:56
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Des élus qui appellent à ne pas appliquer la loi. Quel exemple !

à écrit le 21/12/2023 à 12:22
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Bref ! La soumission à Bruxelles n'est pas loin !

à écrit le 21/12/2023 à 10:00
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Révélateur de qui sont les responsables de l'état de notre pays depuis 40 ans.

à écrit le 21/12/2023 à 9:58
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Ce matin : Bruno Le Maire a fustigés les présidents des départements de gauche qui ont annoncé mercredi qu'ils n'appliqueraient pas la loi immigration. «La loi s'impose à tous, surtout quand on est élu», a tonné le ministre, rappelant que «cette l...

à écrit le 21/12/2023 à 9:51
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Que leurs administrés paient les conséquences de leurs actes, pour le 9/3 cela ne va pas être évident c’est le département le plus subventionné avec le plus d’aides sociales et la population la moins taxée de France.

à écrit le 21/12/2023 à 9:40
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C'est une attitude louable...mais pas sans consequences sur la notion même de démocratie.

le 21/12/2023 à 11:06
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On peut aussi créer un délit de désobéissance civile. D’ailleurs lorsque je suis pris à dépasser la vitesse requise, je commets un délit pour lequel je suis financièrement sanctionné……..

à écrit le 21/12/2023 à 9:34
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La France, c'est la chute de la Rome antique!

à écrit le 21/12/2023 à 8:42
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La loi immigration c'est le buzz du moment, nos politiciens, nos médias et nos hommes d'affaires s'écoutent parler ils aiment tellement ça, ça les rassure.

à écrit le 21/12/2023 à 8:23
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La désobéissance est un acte grave et irresponsable car elle ouvre ainsi la voie à toutes les désobéissances. Comment un élu pourra-t-il demain faire appliquer la loi si lui-même la transgresse? C'est un pas de plus vers l'anarchie et donc le chaos. ...

à écrit le 21/12/2023 à 8:19
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ça montre bien que la gauche s'est coupée du peuple.

le 21/12/2023 à 15:08
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…….. et pour exister, la Gauche est obligée d’employer des méthodes subversives !

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