Plan France 2030 : petites et grandes villes veulent leur part du gâteau

À la suite de la présentation du plan d'investissements "France 2030", l'association des petites villes de France et France urbaine s'étonnent que, "pour le moment, les collectivités territoriales n'aient pas été associées" à son élaboration. Petites comme grandes villes demandent ainsi au gouvernement d'être associées à la définition et à la mise en œuvre des objectifs énoncés par le président Macron.
César Armand
(Crédits : DR)

C'était le 12 octobre dernier. Dans la salle des fêtes de l'Élysée, le président de la République présentait le plan d'investissement ''France 2030''. Sous la dénomination « collectivités » ou « territoires », Emmanuel Macron promettait « d'impliquer » les collectivités territoriales aux côtés des partenaires sociaux et des organisations professionnelles, sans donner davantage de précisions.

Sollicité par La Tribune, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités expliquait alors qu'après une réunion le 13 septembre avec le chef de l'État puis un rendez-vous avec le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, les régions avaient déjà été « associées » à « tout ce travail ». « Les élus plus globalement seront intégrés par la suite dans la mise en œuvre plus opérationnelle », poursuivait-on au cabinet de Jacqueline Gourault.

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« Nous n'avons pas encore le mode d'emploi »

Selon nos informations, la gouvernance du programme doit en effet être annoncée fin décembre-début janvier. En attendant, les petites et les grandes villes s'impatientent. Si « les élus urbains saluent la prise de conscience, au plus haut de sommet de l'État, de l'importance de définir une stratégie industrielle claire et ambitieuse pour relever les grands défis de notre temps », ils relèvent aussi que « pour le moment, les collectivités territoriales n'ont pas été associées à son élaboration ».

« Or, elles assurent 70% de l'investissement public, et notamment les grandes villes, agglomérations et métropoles, organisent l'accueil des activités économiques, de recherche et de production de nombre des activités que ce plan entend soutenir », écrit dans un communiqué, le 26 octobre, l'association d'élus France urbaine.
« Cet oubli fait écho à l'absence des métropoles et grandes agglomérations du dispositif Territoires d'industrie, alors qu'elles accueillent et soutiennent 50% de l'emploi industriel français », poursuit-elle.

Le président (PS) de l'association des petites villes de France ne dit pas autre chose.« 70% des emplois industriels sont dans nos communes de moins de 20.000 habitants », affirme Christophe Bouillon. « Nous sommes favorables aux orientations qui ont été prises car elles dessinent les grandes transitions et nous l'entendons comme un message de réindustrialisation, mais nous n'avons encore le mode d'emploi », insiste-t-il.

« Nous sommes encore dans une logique top-down », assène encore le maire de Barentin (Seine-Maritime). « Sur la relocation, la réindustrialisation et la décarbonation, nous demandons qu'il y ait une logique d'aménagement du territoire », exhorte-t-il.

Être associées à la définition et à la mise en œuvre des objectifs

D'autant que le président de la République lui-même refuse d'opposer « la France industrielle contre la France des startups ». Emmanuel Macron a par exemple souligné que l'objectif de 2 millions de véhicules électriques et hybrides d'ici à neuf ans était « absolument clé pour beaucoup de nos territoires ». Objectif : «avoir une stratégie de transition énergétique qui soit cohérente avec la production industrielle », a-t-il embrayé.

Sans surprise, les maires des grandes villes et présidents de métropole souhaitent justement être « associés à la définition et à la mise en œuvre » de ces objectifs : décarbonation de l'industrie, investissement dans une alimentation saine, durable et traçable, création des dispositifs médicaux de demain, et placement de la France à nouveau en tête des contenus culturels et créatifs.

« Allions nos forces et savoir-faire », déclare France urbaine. « Sans les élus locaux, il n'y aura pas de réelle politique d'aménagement industriel de l'État. Sans les élus locaux, le plan France 2030 passera à côté de ses objectifs et ne répondra ni à l'urgence stratégique pour notre pays ni aux attentes et inquiétudes des Français », martèle encore l'association d'élus.

« La carte des emplois n'est pas seulement la carte des grandes villes », met en garde, pour sa part, le président des petites villes. « Les énergies renouvelables, la lutte contre les passoires thermiques, les mobilités durables, l'agro-écologie... tout cela se joue chez nous », estime Christophe Bouillon.

Arrivée du projet de loi "3DS" à l'Assemblée le 22 novembre

En réalité, la réussite de l'ensemble du programme dépendra de l'implication de toutes les parties prenantes, politiques, publiques et privées. « Si nous avons des politiques d'achat qui ne sont pas cohérentes avec ce que je viens de dire du côté des grandes administrations publiques, des collectivités locales et des grands groupes français, tout ce que je viens de dire n'adviendra pas », a prévenu Emmanuel Macron.

En attendant son discours de la méthode - au congrès des maires de la mi-novembre ? -, le projet de loi « 3DS » pour décentralisation, déconcentration, différenciation et simplification de l'action publique arrivera à l'Assemblée nationale le 22 novembre prochain en commission des lois. Déjà adopté au Sénat en juillet dernier, ce texte très attendu par les élus locaux répondra-t-il à leurs attentes ? Réponse dans un mois.

César Armand
Commentaire 1
à écrit le 30/10/2021 à 13:51
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Arrêtez de nous embobiner dans des histoires sans queue ni tête, pour simplement mettre en lumière des territoires qui décomposent la France pour le bonheur d'une idéologie européiste!

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