Sur le papier, tout va bien pour les commerces. En 2023, selon les données reprises ce mercredi par la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires (FACT, ex-Centre national des centres commerciaux), les dépenses de consommation ont progressé de 2,2%. Sauf qu'il s'agit d'une augmentation en valeur.
Et pour cause, les dépenses d'alimentation, fortement soumises à l'inflation, ont crû de 2,5%, tout comme les dépenses de beauté et de santé (+3,5%), de restauration (+9%) et de services (+15,1%). En parallèle, les frais liés à l'équipement du ménage et l'équipement de la personne ont décru, respectivement, de 5,3% et de 0,6%.
Toujours du fait de la remontée des prix, les dépenses de consommation ont, logiquement, diminué de 1,9% en volume. « Il n'y a pas eu un décrochage de la consommation », a tempéré Christophe Noël, délégué général de la FACT, lors de la présentation à la presse de ces données Insee-Banque de France traitées par SAD Marketing.
Les chiffres ne sont pas bons depuis le second semestre
Pourtant, même dans les centres commerciaux où le chiffre d'affaires a progressé de 3,3%, les chiffres ne sont pas bons, et ce, depuis le second semestre. Entre janvier et juillet 2023 inclus, la fréquentation a été plus forte que sur la même période en 2022, tandis qu'officiellement, elle « se stabilise » depuis août.
Selon les données de Quantaflow, partenaire de la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires, les visites ont chuté de 1,7% en ce huitième mois de l'année passée, remonté de 0,9% pour septembre, avant de retomber de 1,1% en octobre et de 0,6% en novembre et de repartir à +0,2% en décembre.
Un pic de clients avant Noël
Là encore, cette croissance par rapport aux mois précédents et à décembre 2022 est due à un pic de clients le samedi 23 décembre 2023 : 14,7 millions d'entrées, contre 7 millions en moyenne les autres jours de l'année.
« Attentifs à ce début d'année, nous sommes quand même un peu dans l'expectative », a réagi le délégué général de la FACT, Christophe Noël.
Autre donnée intéressante, qui s'explique sans doute par l'augmentation des prix de l'essence, les centres commerciaux implantés en centre-ville ont « surperformé » de 5,4% contrairement à ceux situés en périphérie (+0,8%).
Une « prime à la taille »
Il existe « une prime à la taille » : la fréquentation de petits centres comptant au moins 20 magasins a décliné de 0,1%, à l'inverse des grands centres (recensant 40 enseignes, +1,6%), des centres régionaux (comptant 80 magasins, +3,5%) et des centres super-régionaux (150 magasins, +4,5%).
« Plus le centre est grand, plus sa performance en trafic est élevée. Plus l'offre est diversifiée - loisirs, restauration... -, plus l'attractivité est grande », a décrypté Christophe Noël.
Une double affirmation qui peut paraître contre-intuitive, sachant que les grands centres commerciaux sont surtout situés en périphérie, et non en centre-ville. « Ce sont deux phénomènes distincts, mais complémentaires. Les grands centres commerciaux en centre-ville ont très bien fonctionné », a répondu, à La Tribune, le DG de la FACT.
« Les grands centres ont beaucoup souffert du Covid. Nous assistons à une forme de rattrapage », a renchéri Marie Cheval, présidente de la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires.
La crise du prêt-à-porter affecte-t-elle la profession ?
La crise du prêt-à-porter n'effraie pas outre-mesure la FACT, malgré l'annonce, en début de semaine, du groupe IKKS. Ce dernier a annoncé qu'il pourrait fermer 77 points de vente.
« Il y a moins de magasins, mais ils sont remplacés par d'autres. A Plaisir, par exemple, nous voyons bien la proportion que peuvent prendre des services comme la parfumerie, la cosmétique ou la santé », a affirmé Christophe Noël.
Le délégué général de la Fédération des acteurs du commerce et dans les territoires a même la « conviction » que « sur une longue période, une offre plus diversifiée est plutôt une bonne chose pour la résilience du secteur ». C'est même « plutôt sain », conclut-il.
Preuve en est selon lui : s'appuyant sur les statistiques de l'URSSAF, l'emploi dans le commerce a progressé en 2023: +56 dans la restauration et +47 dans le commerce de détail, à l'exception des automobiles et des motocycles.