Présidentielle 2017 : Valls lâche Hamon et attend les législatives

Contrairement à ce qu'il avait promis durant la campagne à la primaire de la gauche, Manuel Valls ne ralliera finalement pas Benoît Hamon. Il se positionne dans l'attente des législatives en prévision d'alliances avec le mouvement En Marche ! d'Emmanuel Macron.
Mathias Thépot
Valls rassemble ses soutiens en vue des législatives

Il avait pourtant promis. Comme tous les candidats à la primaire de la "belle alliance populaire", Manuel Valls avait signé la charte de la Haute Autorité des Primaires citoyennes qui stipulait : « Je m'engage à soutenir publiquement le ou la candidat-e qui sera désignée à l'issue des élections des Primaires citoyennes et à m'engager dans sa campagne. » En janvier, lors du second débat télévisé, l'ancien Premier ministre en avait même rajouté une couche en répondant « oui » à la question « soutiendrez-vous le vainqueur de cette primaire ? ». Il avait toutefois ajouté « c'est pour ça que je veux gagner ! », déclenchant les rires des personnes présentent autour du plateau télévisé. Des propos pourtant annonciateurs. Car, largement perdant face à Benoît Hamon fin janvier, Manuel Valls ne soutiendra finalement pas le vainqueur de la primaire de la gauche à l'élection présidentielle de 2017. Une nouvelle promesse non respectée qui ne manquera pas d'éroder une nouvelle fois la parole des dirigeants politiques, à un moment où l'abstention et l'extrême droite sont au plus haut...

La "dérive d'Hamon"

Hier soir, Manuel Valls a ainsi rassemblé ses soutiens à l'Assemblée nationale, et leur a confirmé qu'il ne donnerait pas son parrainage à Benoît Hamon. « Je ne parrainerai personne et je n'ai aucune leçon de responsabilité ou de loyauté à recevoir », a-t-il insisté, relate Le Monde. Valls estime qu'Hamon se lance dans une inquiétante « dérive » empreinte d'« une forme de sectarisme »... Étrange justification quand on sait que le programme de Benoît Hamon était le même durant la primaire, au moment où Valls a promis qu'il soutiendrait le candidat gagnant. Hamon prévoit même un revenu universel moins coûteux qu'il l'avait promis. De leur point de vue, les "Vallsistes" devraient plutôt se satisfaire qu'Hamon tempère son programme. Surtout que la candidat officiel du PS ne fait pas alliance avec Jean-Luc Mélenchon, Ce qui aurait, pour le coup, été considéré par l'aile droite du PS comme un argument de scission du parti. Mais Valls persiste et signe : « Hamon veut créer un Podemos, "corbyniser" [du nom de Jeremy Corbyn, chef du parti travailliste britannique, ndlr] le parti, mais avec cette ligne-là, il n'y a pas de futur », juge-t-il, toujours selon Le Monde.

Ecran de fumée idéologique

Bref, derrière l'écran de fumée programmatique, l'action de Manuel Valls révèle le climat de défiance qui règne au sein du PS. A gauche, nul besoin d'affaire judiciaire de grande ampleur pour détruire une campagne présidentielle. « Je ne quitte pas le PS mais donner mon parrainage à Hamon serait incompréhensible pour les Français », ose Valls, en brandissant sa « sincérité ». « Les Français qui ont voté à la primaire sont abasourdis de voir que des candidats s'interrogent à respecter leurs engagements », rétorque le député PS de la Nièvre Christian Paul, ancien soutien d'Arnaud Montebourg qui s'est, comme son ancien leader, rallié à Hamon. Certains "Vallsistes" aussi s'interrogent sur la manœuvre de leur leader. Toujours au Monde, Luc Carvounas, pourtant fidèle soutien de l'ancien Premier ministre, indiquait en début de semaine : « Ma feuille de route est celle que Manuel Valls a donné le soir de notre défaite, au second tour de la primaire : nous rassembler derrière le vainqueur. Je n'ai pas d'état d'âme, j'accepte les règles de la primaire. »  Il n'aura donc pas été entendu.

Scission en vue des législatives

Finalement les manœuvres politiciennes auront pris le dessus. C'est, du reste, une nouvelle étape dans la mort programmée du PS version Epinay. Car Manuel Valls compte bien reprendre très rapidement du service : il a certes lâché Hamon, mais n'a pas apporté de soutien à Emmanuel Macron. En effet, il préfère, dans l'optique des législatives de juin prochain, regrouper ses soutiens de l'aile droite du PS dans l'attente du verdict de la présidentielle. Quitte, ensuite, à nouer de nouvelles alliances pour participer à la majorité formée avec Macron si celui-ci l'emporte. Il a dans ce cadre tout intérêt à ne pas soutenir Benoît Hamon qui tire à boulets rouges sur le programme d'Emmanuel Macron : « Qui peut croire que c'est le bon projet pour battre le FN ? Qui peut croire que c'est le vote utile. Il est utile à qui seulement ? Aux grands lobbys industriels. »
Bref, in fine, certains des principaux acteurs du quinquennat Hollande pourraient bien, à la surprise générale, se maintenir au pouvoir. Reste à savoir si Macron, qui ne veut pas de ralliements massifs de "Hollando-Vallsistes" pour ne pas avoir à assumer l'héritage du quinquennat, acceptera ce type d'alliances.

Mathias Thépot
Commentaires 23
à écrit le 16/03/2017 à 11:57
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Valls s'est trompé sur toute la ligne.Quel piètre stratège politique!. Il n'a pas voulu que Macron présente la loi travail,qui allait s'appeler loi Macron 2 pour éviter que Macron bénéficie de la popularité , qu'il supposait que cette loi allait donn...

à écrit le 16/03/2017 à 8:34
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Valls ne connaît pas la solution. Hamon est le plus proche en proposant l'allocation universelle. Qui fera la synthèse?

à écrit le 16/03/2017 à 8:27
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" .... Contrairement à ce qu'il avait promis " .... cqfd ! Comme disait avec cynisme un soutien de Fillon a propos des détournements de bien publics : "ça fait partie des usages de la République .... Répu ....... gnant !

à écrit le 16/03/2017 à 7:40
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La victoire de Mr Hamon a desservie Mr Mélanchon et Mr Fillon au profit de Mr Macron!

à écrit le 15/03/2017 à 18:32
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Dans la grande tradition de la traîtrise socialiste. Il paraît que les grands parents de Valls étaient de courageux républicains espagnols. Avec Manuel ,leur petit fils, Franco n'aurait pas eu besoin de tirer un coup de fusil. Les vertus politiques n...

le 15/03/2017 à 19:46
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@Imagine: "la vertu n'est ni héréditaire, ni pérenne" disait Thomas Paine. Dans la grande tradition socialiste du mensonge et du non-respect de ses engagements, Valls ne déroge donc en aucune manière :-)

le 16/03/2017 à 8:29
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la VRAIE place de Valls c'est dans l'oubli ! Ce genre de personnage n'apporte strictement rien au pays ......

à écrit le 15/03/2017 à 18:20
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VALLS ne lâche pas HAMON puisqu'il ne l'a jamais soutenu.....d'ailleurs HAMON avait fait la même chose en quittant le Gvt et en jouant ensuite au sniper....maintenant HAMON sait qu'il ne fera pas plus de 12% au premier tour.....et qu'il sera mis fina...

à écrit le 15/03/2017 à 18:09
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On suppose que Hamon doit souffler du coup.

à écrit le 15/03/2017 à 17:57
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Petit detail !Les legislatives !Valls est il sur de les gagner dans sa circonscription !Rien n'est moins sur on se souvient du precedent Rocard battu par un inconnu !Les frondeurs voire les centristes du PS (les aubretistes )voteront ils pour lui ,ou...

à écrit le 15/03/2017 à 17:40
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François Hollande dont Valls a appliqué avec enthousiasme la politique, n'a même pas été en état de se représenter à sa réelection. Valls, qui a cru bon de s'obstiner et de le doubler, a été battu largement à la primaire. Il faut lui dire comment ...

à écrit le 15/03/2017 à 16:48
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L article ne fait pas mention de l accord avec eelv les soi-disant écologistes. Est ce un oubli? L arrêt total du nucléaire les circonscriptions gagnablés données aux écologistes alors que déjà peu de député socialiste seront élus. Le programme de ...

le 15/03/2017 à 17:08
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Je connais de dizaines de militants et d'élus PS depuis plus de 30 ans. Il sont derrières Hamon et ce même si certains ont voté Valls. Valls est libre de quitter le PS, sa stratégie ne fonctionnera pas. Il mise sur un échec de Hamon pour rec...

le 15/03/2017 à 17:33
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Il y a beaucoup de socialiste parti chez macron ou même le Pen. Le programme délirant d Hamon pose un vrai problème. Mélanchon + Hamon donnent 25% . Pas terrible pour faire une majorité. Ou sont les 20 % restant de 2012 ? La somme ne fait même pas...

le 15/03/2017 à 17:38
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Toi qui est socialiste depuis 30 ans ,poses toi plutôt la question de : pourquoi il y 'a eu des frondeurs pendant le mandat de Hollande d'ailleurs pas sur tout les sujets mais 20% environ.Cherche moi la loi travail dans son programme, tu es concerné ...

le 15/03/2017 à 20:52
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En reponse a Mr Lachose. Apres 30 ans de travail relativement dur (plus de 55 h par semaine comme chef de projet responsable...) j'ai appris ce que veut dire la valeur travail. Si etre de gauche c'est ne pas travailler et etre subventionné par l'etat...

le 16/03/2017 à 22:53
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Jeanluc dit que BH n'a jamais travaillé.Ceci n'est pas vrai puisqu'il a travaillé pendant plusieurs années dans le groupe chèque déjeuner ,entreprise de l'ESS. Par contre Valls n'a jamais travaillé dans la vie réelle. Il est sorti de l'Université,il ...

à écrit le 15/03/2017 à 16:34
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Vous ne devez pas trop relire vos articles : Valls a lâché Hamon pas Macron !

à écrit le 15/03/2017 à 15:56
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Juste une coquille dans le titre ! Il faut lire Valls lache Hamon !

à écrit le 15/03/2017 à 15:37
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Hamon, son programme est bidon mais il est très lucide sur Macron

à écrit le 15/03/2017 à 15:30
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Il y a une erreur dans le titre. Valls lâche Hamon, pas Macron !

à écrit le 15/03/2017 à 15:28
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Apparemment vous avez buggé dans le titre, confondant Hamon et Macron, comme Dupont et Dupond. Ah la Tribune, c'est plus ce que c'était...

le 15/03/2017 à 16:20
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Oui ce bug donne une idée du manque de sérieux dans la relecture des articles avant diffusion(ce manque de sérieux se traduit aussi par des fautes d'orthographe récurrentes dans les articles)

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