A un mois et une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, c'était la sortie politique à ne pas manquer. Dans une Lettre aux Français diffusée dans la presse quotidienne régionale et sur le modèle de ses prédécesseurs François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, le président Macron s'est déclaré, le 4 mars dernier, candidat à un deuxième mandat de chef d'Etat.
Le 40è anniversaire de la loi du 2 mars 1982
Au même moment, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Île-de-France, était à Chartres (Eure-et-Loir) pour présenter aux élus locaux son programme de décentralisation. L'épilogue d'une semaine marquée par le 40ème anniversaire de la loi du 2 mars 1982 - sur les droits et libertés des communes, des départements et des régions - et les prises de parole successives de six associations d'élus différentes (villes moyennes et petites villes, maires, départements et régions, et intercommunalités).
"Emmanuel Macron a fracturé la France, Emmanuel Macron ne peut pas échapper à son bilan, dix ans de mandat de François Hollande et d'Emmanuel Macron ont affaibli notre pays" a attaqué d'emblée Valérie Pécresse.
"Je porterai le plus puissant projet de décentralisation de l'histoire de notre pays", a-t-elle poursuivi.
Affirmant sa fierté de "partager [l']expérience d'élue locale", une "source d'inspiration" et une "garantie d'humilité", la candidat des LR a considéré que "à la source du malaise démocratique qui s'exprime dans le pays avec la montée des extrêmes, la montée de l'abstention [...] se trouv[ait] un malaise territorial".
"Je vous propose un changement profond, non pas de degré, mais de nature : je veux libérer et faire confiance", a-t-elle ajouté à l'adresse des édiles présents.
Trois principes pour "construire une nouvelle France"
Selon Valérie Pécresse, "construire une nouvelle France" reposera sur trois principes: un pacte de liberté de confiance avec les maires et les collectivités territoriales, de puissants transferts de compétences avec des blocs de compétence clairs et identifiables pour éviter tout doublon, et un Etat territorial renforcé et cohérent. "L'Etat fera confiance aux collectivités en leur garantissant une véritable liberté d'action", a-t-elle insisté.
"Plutôt que la contrainte, je privilégierai toujours le contrat qui est l'instrument du bon sens. Ce droit à la différenciation, après expérimentation si vous le souhaitez, sera inscrit dans notre Constitution", a martelé la candidate des Républicains.
Elle en oublierait presque que le projet de loi relatif à la décentralisation, à la déconcentration, à la différenciation et à la simplification de l'action publique dit "3DS" vient d'être promulgué par le président Macron. Ce texte gouvernemental n'inscrit certes pas la différenciation dans la Constitution, mais en élargit le champ d'application.
"Pour moi, la République des maires ne sera pas qu'un slogan", a-t-elle encore affirmé, en référence à l'association du même nom qui soutient l'action d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe, et dont le président, Christophe Béchu, maire (ex-LR) d'Angers, est désormais numéro 2 d'Horizons, le parti du maire du Havre.
Au département, la proximité ; aux régions, l'emploi
Poursuivant son discours, Valérie Pécresse a promis de faire du département, "la collectivité de proximité, qui protège les Français les plus fragiles de la naissance au grand âge, le chef de file de l'accès aux services essentiels de proximité". Aujourd'hui, les conseils départementaux pilotent les politiques d'action sociale (RSA...) mais n'ont en effet pas la totalité de la politique médico-sociale, comme le leur a proposé la candidate.
S'agissant des régions, ils auront la tâche de "définir et mettre en oeuvre une politique régionale de l'emploi directement liée aux emplois locaux". Dans ce domaine, la patronne du conseil régional d'Île-de-France prêche pour sa propre paroisse. Depuis des années, les régions demandent d'ailleurs aux gouvernements successifs la régionalisation de Pôle Emploi pour concilier leurs compétences d'aménagement du territoire, de développement économique, de mobilité et d'orientation professionnelle.
Aux côtés des départements et des régions sur le terrain, se trouvent par ailleurs les préfets. Un corps en cours de suppression par l'exécutif actuel. "Je [le] rétablirai tout comme le corps diplomatique, sacrifiés par Emmanuel Macron", a martelé Valérie Pécresse. A cet égard, les préfets ne joueront plus un rôle de contrôleur de légalité de l'action publique locale mais de "conseil de légalité", c'est-à-dire "un interlocuteur unique qui aura la compétence et les moyens d'appuyer et de mettre l'Etat local au service des projets".
Un euro pour la politique de la ville = un euro pour la ruralité
La Francilienne n'en oublie pas pour autant les villages et villes de moins de 3.500 habitants. "Pour chaque euro que nous investirons dans la politique de la ville, nous investirons un euro dans les territoires ruraux. Oui, aujourd'hui, ruralité rime avec modernité", a-t-elle souligné.
"Le temps est venu que se lève une France débureaucratisée, dénormée, décentralisée, une France de la liberté, de l'efficacité publique, de la proximité, une France qui n'a pas fini d'étonner le monde", a-t-elle conclu.
Reste que la décentralisation demeure un sujet très technique aussi bien pour les élus que pour les électeurs et qu'il ne suffira pas de s'adresser simplement aux édiles pour retisser des liens parfois rompus entre une partie de la population et certains décideurs politiques.