Qu'attendent les petites et moyennes villes de France du prochain locataire de l'Elysée ? Comme pour un tour de chauffe, les petites villes (2.500 à 25.000 habitants) et les villes moyennes (20.000 à 100.000 habitants) sont les première à entrer en campagne et à écrire leurs doléances. Viendront ensuite l'association des maires de France (AMF), l'assemblée des départements de France (ADF) et les Régions de France, qui prendront la parole le 2 mars sous la bannière "Territoires unis", ou les intercommunalités, qui s'exprimeront le 3.
Ces demandes portées aux candidats s'inscrivent dans un contexte où l'association des petites villes de France (APVF), comme Villes de France (ex-Fédération des villes moyennes), bénéficient déjà de programmes de revitalisation sur-mesure co-pilotés avec l'Etat. Pour l'APVF, il s'agit du dispositif "Petites villes de demain" doté de 3 milliards d'euros - le temps du mandat municipal 2020-2026 - et porté par l'Agence nationale pour la Cohésion des territoires (ANCT) avec ses crédits, de ceux la Banque des territoires, du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et de l'Agence nationale pour l'habitat. Pour les Villes de France, il s'agit du programme "Action Cœur de ville" entre 2018 et 2026 avec 5 milliards d'euros de la Banque des territoires (Caisse des Dépôts), d'Action Logement (ex-1% Logement) et de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH).
Un plan "ambitieux" de réindustrialisation
Pour "amplifier ces dynamiques", les élus locaux concernés appellent à poursuivre l'effort enclenché en leur permettant de conserver un rôle "prépondérant". Outre la santé, la sécurité et la transition écologique, elles se retrouvent sur le développement économique. Les villes moyennes (Villes de France) plaident pour la construction d'un "plan ambitieux" de réindustrialisation quand les petites villes (APVF) proposent de systématiser la coopération avec "Territoires d'industrie" - déployé par l'Etat, les régions et les intercommunalités - et de faire coïncider la carte de la production et la carte de formation.
Elles se retrouvent également en matière de commerce. L'APVF estime qu'il faut rétablir l'équité fiscale entre le commerce de centre-ville et le e-commerce avec une fiscalité plus forte sur les grandes plateformes de e-commerce, lorsque Villes de France demande de soutenir un "véritable" commerce de proximité par le biais d'une fiscalité "encourageante".
Un big bang réglementaire et législatif
Cela ne pourra pas se faire sans big bang réglementaire et législatif. Les villes moyennes considèrent aussi qu'il faut créer une loi de programmation des finances locales alors que les petites villes jugent qu'il faut redéfinir l'autonomie financière et fiscale. Deux doléances qui risquent de rester des vœux pieux tant leur grande sœur, la puissante association des maires de France, les exige depuis des années et sans succès des présidents de la République.
Dans ce domaine, les deux associations se retrouvent aussi sur la "prévisibilité" et la "dynamique" budgétaire. L'APVF veut que l'Etat leur garantisse l'évolution des dotations aux collectivités en tenant compte de l'inflation, et notamment sur la dotation globale de fonctionnement (DGF). De même que Villes de France souhaite revoir "en profondeur" les systèmes de soutien à l'investissement local. Sans oublier la désormais célèbre demande de dialogue direct entre le maire et le préfet, éprouvé pendant le premier confinement face au Covid-19. Cette dernière requête qui reste encore sur toutes les lèvres.