Quand les grands groupes tendent la main aux PME

Lancé par l'association Pacte PME, le dispositif Pacte Compétences donne la possibilité aux PME de bénéficier du soutien des grands groupes dans le domaine du financement, de la stratégie à l'export, à l'innovation, entre autres.
Fabien Piliu
Et si les relations entre les grands groupes et les PME étaient enfin constructives ?

Les relations entre les grands groupes et les PME sont souvent tendues. Parfois très tendues. Pillage industriel - dont l'un des symboles est le cas qui oppose la Compagnie du vent et Engie -  retards de paiement, pression sur les prix, remises abusives, modifications brutales et unilatérales de contrats sont quelques exemples qui illustrent cette collaboration difficile.

Créer des écosystèmes

Dans cette jungle, des initiatives tentent de pacifier ces relations, ce qui permettrait de créer des écosystèmes favorables au développement des entreprises. Tout juste lancé par l'association Pacte PME, le dispositif Pacte Compétences donne la possibilité aux PME et aux grands groupes adhérentes à ce "club" de collaborer. Avec cet outil, les premières peuvent bénéficier du soutien humain des seconds pour relever leurs compétences dans le domaine technique, commercial, du financement. Notamment.

« Avec Pacte Compétences, les PME peuvent rapidement lever des obstacles à leur développement », explique François Perret, le ditecteur général de Pacte PME. Concrètement, après un audit de la PME, l'association l'oriente vers un grand groupe qui met alors un de ses salariés à sa disposition pour une période comprise entre un et cinq jours. « Il ne s'agit pas de délivrer un cours magistral mais d'apporter une solution rapide à un problème concret », poursuit François Perret. Un simple avenant au contrat de travail suffit, ce qui permet d'éviter au grand groupe de détacher un salarié.

Un coût limité

Pour la PME, le bénéfice de cette solution est évident, d'autant plus qu'elle est très peu onéreuse. Pacte Compétences coûte entre 350 euros pour les entreprises de moins de 50 salariés et 1.000 euros pour les ETI de plus de 250 salariés.

Et pour le grand groupe ? Selon Pacte PME, ce dispositif, qui peut être mis en place dans le cadre d'une politique de responsabilité sociale des entreprises (RSE), permet de dynamiser la gestion des ressources humaines, ce volontariat étant ensuite valorisé par le grand groupe. « Accessoirement », ce coup de main permet à celui-ci de mieux connaître le savoir-faire, les compétences de la PME qui peut être un de ses sous-traitants, ce qui présente, là encore, un intérêt évident. Selon les économistes, la puissance du tissu industriel allemand, le Mittelstand, trouverait en grande partie son origine dans les liens étroits et collaboratifs qui existent entre les entreprises d'un secteur, d'une région. Une solidarité qui se traduit notamment par un respect relativement scrupuleux des délais de paiement, ce qui n'est pas le cas en France.

L'économie française, une jungle

Selon Altares, le montant du crédit fournisseur s'élève à 635 milliards d'euros, soit près du tiers du PIB de la France. Selon l'Observatoire des délais de paiement, ce sont environ 15 milliards d'euros qui manquent dans la trésorerie des entreprises. Sur ce montant, 5 à 6 milliards d'euros auraient dû être payés par l'Etat et les collectivités territoriales, les centres hospitaliers publics.

En raison de la structure pyramidale de l'économie française, au sein de laquelle les TPE représentent 98% des forces vives, ces retards de paiement déséquilibrent financièrement l'ensemble de la chaîne des acteurs économiques, le plus petit des fournisseurs étant souvent le plus lésé en raison de la nature du rapport de forces.

Fabien Piliu
Commentaire 1
à écrit le 22/11/2016 à 10:15
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Traiter un vrai problème... Enfin ...

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