Alors que la vaccination est la clé de la sortie de crise, la France - comme l'ensemble de l'Union européenne - accumule du retard. Au 29 mars, alors que 46% des Britanniques ont déjà reçu une première dose, l'Union européenne atteint difficilement le score de 11,2% de personnes ayant reçu au moins une injection de l'un des trois vaccins autorisés (et 11,75% dans l'Hexagone), selon les données du ministère de la Santé reprises par le site Covidtracker. L'arrivée en mai du quatrième vaccin Johnson & Johnson et l'ouverture de 1.700 centres de vaccination permettront-ils au président de tenir sa promesse de pouvoir vacciner tout le monde avant la fin de l'été ?
Objectif confirmé...
Le gouvernement garde pour l'instant son cap et assure que les objectifs seront tenus. Jusqu'à présent, quelque « 8,5 millions de premières doses et 3 millions de secondes ont été injectées en France », selon les mots d'Emmanuel Macron lors de son allocution le 31 mars. « Nous tiendrons nos objectifs de 10 millions de vaccinés dès la mi-avril, 20 millions à la mi-mai et 30 millions en juin, et tous les adultes qui le souhaitent d'ici à la fin de l'été », a également réaffirmé le 31 mars Gabriel Attal.
Si l'on en croit les prévisions de la Direction Générale de la Santé (au 23/03) consultées par La Tribune, les livraisons de vaccins devraient en effet s'accélérer à partir du mois d'avril. A la fin du mois d'avril, la France devrait avoir reçu au total 27,8 millions de doses cumulées, 45,6 d'ici fin mai et 72,3 à la fin du mois de juin. L'arrivée du quatrième vaccin, celui du laboratoire Johnson & Johnson, dont plus de huit millions de doses devraient être livrées d'ici à fin juin, permettrait aussi de conserver l'objectif fixé par le gouvernement si les livraisons sont tenues.
Des espoirs de livraison qui vont de paire avec la stratégie gouvernementale annoncée mercredi par le chef de l'État. De fait, au 16 avril, la vaccination sera élargie à toutes les personnes âgées de plus de 60 ans, puis à toutes celles de plus de 50 ans le 15 mai. Les personnes de moins de 50 ans suivront mi-juin et « d'ici à la fin de l'été, tous les Français de plus de 18 ans qui le souhaitent pourront être vaccinés », a-t-il exposé lors de son allocution télévisée dédiée au troisième confinement national.
...Si tout va bien
Cependant, ces hypothèses optimistes reposent sur l'assurance d'obtenir toutes les doses prévues sans encombre, mais également sur le fait de ne pas devoir suspendre à nouveau l'un des quatre vaccins autorisés au sein de l'Union européenne.
Or, la suspension de l'utilisation du vaccin AstraZeneca - à partir du 11 mars et jusqu'au 19 mars pour plusieurs pays européens - a déjà mis un coup de frein supplémentaire dans la vaccination en Europe. Une quinzaine d'Etats, dont la France avaient décidé la semaine du 15 mars de suspendre les injections du produit du laboratoire anglo-suédois par précaution, après l'apparition de cas de caillots sanguins chez des personnes vaccinées. L'enjeu était énorme puisque AstraZeneca est le deuxième type de vaccin le plus administré en France, après Pfizer.
La France est en outre particulièrement dépendante des livraisons commandées par l'Union européenne. Or, les retards pris par Bruxelles commencent à avoir des répercussions mondiales. Jeudi, l'Organisation mondiale de la Santé a dénoncé la lenteur de la vaccination en Europe, jugeant la situation épidémique particulièrement « inquiétante », alors que plusieurs pays européens ont dû durcir leurs mesures sanitaires, et que l'Union va même avoir recours au blocage des exportations pour préserver ses stocks.
« Actuellement la situation régionale est la plus inquiétante que nous ayons observée depuis plusieurs mois », a déploré dans un communiqué Hans Kluge, directeur de l'OMS Europe qui inclut toutefois au-delà de l'UE une cinquantaine de pays dont la Russie et plusieurs Etats d'Asie centrale.
(Avec AFP)