Redressement judiciaire : l'enseigne de prêt-à-porter Naf Naf sera fixée sur son sort mercredi

L'enseigne de prêt-à-porter féminin a récemment formulé une demande de placement en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Bobigny doit rendre sa décision mercredi. Lancée en 1973 par deux frères, la marque fait face à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid. Pour rappel, Naf Naf emploie 660 salariés en France, détient 131 magasins et affichait en 2022 un chiffre d'affaires de 141 millions d'euros.
Naf Naf est confrontée à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid.
Naf Naf est confrontée à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid. (Crédits : ReutersMagali Cohen / Hans Lucas via Reuters Connect)

Que vont devenir les magasins Naf Naf ? Le tribunal de commerce de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, rendra mercredi sa décision quant à la demande de placement en redressement judiciaire de l'enseigne de prêt-à-porter féminin, a-t-on appris ce mardi 5 septembre de sources concordantes.

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Angélique Idali, secrétaire du CSE et déléguée syndicale CFDT au sein de l'enseigne de prêt-à-porter, a indiqué à l'issue de l'audience, qui se tenait à Bobigny ce mardi et à laquelle elle a assisté, que le tribunal prévoyait en effet de rendre sa décision mercredi. Une source proche de la direction de Naf Naf a confirmé l'information à l'AFP.

Auprès de l'AFP mercredi, Angélique Idali a expliqué avoir fait part à l'audience des « angoisses et incertitude » des salariés de l'enseigne, évoquant une « situation pas évidente » et craignant une « casse sociale ». La marque française lancée en 1973 par deux frères emploie 660 salariés en France, détient 131 magasins et affiche un chiffre d'affaires 2022 de 141 millions d'euros, « en croissance », indiquait fin août un porte-parole de l'enseigne à l'AFP.

Le prêt-à-porter peine à se relever après la crise sanitaire

L'entreprise est toutefois confrontée à « des arriérés de paiement de loyers » accumulés durant la période de Covid, n'ayant pas été éligible aux aides mises en place par l'exécutif durant la crise sanitaire.

Dans les faits, Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020 et reprise dans la foulée par le groupe franco-turc SY, qui est toujours son actionnaire, et qui avait déjà acquis l'enseigne Sinéquanone en 2019. La société avait alors commencé à se restructurer et supprimé 27 postes en juin 2023 dans le cadre d'un PSE, a indiqué le porte-parole à l'AFP fin août.

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Camaïeu, Kookaï, Burton of London, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don't Call Me Jennyfer, Du Pareil au Même et Sergent Major... Ces marques bien connues des consommateurs français ont souffert d'un cocktail détonnant : pandémie, inflation, hausse des coûts de l'énergie, des matières premières, des loyers et des salaires et concurrence de la seconde main.

L'« ultra low cost » tire son épingle du jeu

Ainsi, en 2022, le chiffre d'affaires du secteur du e-commerce et de la vente à distance a progressé de 13,8% en France par rapport à 2021, à 146,9 milliards d'euros, selon son syndicat, la Fevad. Et ce, après deux années de croissance exceptionnelle portées par l'épidémie de Covid-19.

Cette conjugaison de facteurs a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, dont le licenciement des 2.100 salariés a fortement marqué les esprits.

Face à ces marques, dites de « d'entrée de gamme », en difficulté, celles « ultra low cost » sont, elles, en parfaite santé« La crise du pouvoir d'achat conforte notre modèle », s'était ainsi félicitée, la directrice générale France de Primark, Christine Loizy, en mars dernier, alors que l'enseigne irlandaise de vêtements à bas prix ouvrait son 23e magasin de 3.500 m2 à Saint-Etienne.

« Dans cette période très difficile pour tout le monde, nous on marche très bien alors que la crise a maintenant un an (...). On récupère des clients qui n'ont plus les moyens pour des produits plus chers », avait-elle expliqué à l'AFP.

« Les marques qui vont remplacer celles qui ont fait faillite seront ultra-fast fashion, offrant une vaste sélection à des prix défiant toute concurrence », confirmait alors Laure Claire Reillier, DG du cabinet de conseil en stratégie Launchworks & Co et experte de la distribution

Elle estime que « les marques disparues (Pimkie, Kookaï, Camaïeu...) n'ont malheureusement pas su intégrer le digital à temps. Du côté du low cost, celles qui sont avant tout "digital first", parce qu'elles sont nées comme ça (SHEIN) ».

(Avec AFP)

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