Réforme de l'assurance chômage : la CFTC veut un report de six mois face à l'incertitude économique

Alors que le variant Delta frappe l'Europe et rend la situation économique incertaine, le président du syndicat chrétien appelle le gouvernement à reporter la réforme de l'assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er octobre prochain. Selon l'Unedic, 1,5 million de salariés pourraient voir leurs indemnités journalières réduites de 17% en moyenne.
La réforme de l'assurance chômage défendue par le gouvernement a déjà été retoquée par le Conseil d'Etat, au regard de l'incertitude économique liée à la crise sanitaire.

Alors que l'embellie sur le marché du travail s'est confirmée au deuxième trimestre, que la croissance a progressé également sur les trois derniers mois et que l'économie en zone euro se porte mieux, de nombreux syndicalistes et économistes s'inquiètent toutefois d'une amélioration précaire et temporaire de la conjoncture. La menace du variant delta pourrait bien gripper la reprise économique, tandis que la recrudescence de l'épidémie en Chine pourrait impacter la rentrée. Dans ce contexte, l'ombre de la réforme de l'assurance chômage, qui doit entrer en vigueur au 1er octobre 2021, plane toujours et attise les inquiétudes. Dernier évènement en date, le président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Cyril Chabanier, a estimé ce mercredi matin sur BFMTV que les conditions économiques n'étaient pas réunies pour mettre en application cette réforme et appelle à la retarder. "La réforme de l'assurance chômage doit encore être reportée d'au moins six mois", a-t-il affirmé sur le plateau télé.

"Pour nous, le retour à meilleure fortune n'est pas au rendez-vous et donc il va falloir vraiment se battre pour que cette réforme soit encore décalée de six mois et ne rentre pas en vigueur tout de suite", a-t-il estimé. Je pense que la chose la plus décente serait de pouvoir la reporter d'au moins six mois", a insisté le dirigeant syndical.


Face aux incertitudes économiques liées à la crise du Covid-19, le juge des référés du Conseil d'Etat avait suspendu le 22 juin le nouveau mode de calcul qui devait entrer en vigueur le 1er juillet et pénalise les salariés ayant alterné contrats courts et inactivité.

Le Conseil d'État avait déjà censuré en partie ce projet de loi en novembre 2020, jugeant qu'il entraînerait une "rupture d'égalité". La nouvelle monture proposé par l'exécutif - retoquée donc par le Conseil d'Etat - plafonne les jours non travaillés pris en compte.

1,15 million d'allocataires concernés

Pour rappel, l'Unedic avait estimé à 1,15 million d'allocataires touchés par cette application. L'allocation journalière qui leur sera allouée sera, en moyenne, inférieure de 17% à celle qu'ils auraient touché s'ils avaient été inscrits à Pôle emploi avant la réforme. La durée théorique de l'indemnisation sera toutefois plus longue. Elle s'apprête à passer de 11 à 14 mois. Mais cette mesure ne devrait pas avoir d'impact "positif". En 2019, les allocataires utilisent en moyenne 68% de leurs droits. Et sept allocataires sur dix ont même été indemnisés moins d'un an. Pour le moment, le durcissement des conditions d'ouverture des droits au chômage est ajourné. Le temps effectif de travail pour prétendre aux indemnités journalières reste à quatre mois sur les 28 derniers mois, et non pas six mois comme prévu par la réforme.

Pour de nombreux syndicats, et contrairement à la CFTC qui sollicite seulement un "report", cette réforme doit être enterrée. Après l'annonce du Conseil d'Etat, Force ouvrière continuait à contester "le bien-fondé de la réforme de l'assurance chômage" dont elle dénonce "l'injustice à l'égard des travailleurs les plus précaires".

Economie budgétaire

Du côté du premier syndicat français, la CFDT, on estimait que l'annonce de l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance chômage au 1er octobre n'est pas "loyale". Son leader Laurent Berger rappelait avoir été consulté par le président la République et par la ministre du Travail et "aucun n'a dit que ce serait appliqué à cette date".

Pour le gouvernement, cette réforme devait permettre d'alléger un peu la dépense publique. Selon l'Unedic, en prenant en compte la réforme prévue, fin 2023, la dette de l'assurance chômage s'élèverait à 69,5 milliards d'euros.

Commentaires 4
à écrit le 19/08/2021 à 9:23
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Pourquoi seulement six mois ?

à écrit le 18/08/2021 à 19:58
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Le problème n'est pas un virus ou autre problème extérieur mais une simple idéologie libérale!

à écrit le 18/08/2021 à 17:19
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Les travailleurs chrétiens de la CFTC qui ne veulent pas se vacciner vont être déçus le pape a dit qu'il s'agissait pourtant d'un geste d'amour.Faut entrer maintenant dans les clous les gars si je puis dire.

à écrit le 18/08/2021 à 16:39
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"le président du syndicat chrétien appelle le gouvernement à reporter la réforme de l'assurance chômage " Un vrai chemin de croix.

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