Réforme des retraites  : une forte journée de mobilisation qui en appelle d'autres

Au lendemain d'une première journée d'action très mobilisatrice, les syndicats se projettent vers une nouvelle journée d'action contre la réforme des retraites, le mardi 31 janvier, avec l'espoir que les manifestations et les grèves feront reculer l'exécutif. Le message est clair : le gouvernement doit renoncer au report de l'âge légal de départ à la retraite « de 62 à 64 ans » et à « l'accélération » de l'allongement à 43 ans de la durée de cotisation.
Selon la CGT, plus de 2 millions de personnes ont manifesté dans toute la France jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites.
Selon la CGT, plus de 2 millions de personnes ont manifesté dans toute la France jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 20 janvier et mis à jour à 11H45]

Après une journée fortement mobilisatrice contre la réforme des retraites, les huit grandes centrales syndicales appellent à nouvelle mobilisation interprofessionnelle le mardi 31 janvier.

Et elle ira peut-être même au-delà à en juger par le discours catégorique tenu par les représentants syndicaux ce vendredi encore. « On veut aller jusqu'au retrait de la réforme », a ainsi affirmé sur franceinfo Marie Buisson, secrétaire générale de la CGT-Education et candidate à la succession de Philippe Martinez, appelant de ses vœux des « grèves massives et fortes ». « Tant qu'il y aura une réforme dont l'équilibre reposera sur le report de l'âge légal, les organisations syndicales feront des mobilisations », a renchéri sur RTL Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT.

Ce n'est pas tout. Dès avant la journée du 31, les syndicats appellent à « multiplier les actions », notamment autour du 23 janvier, jour de la présentation de la loi en Conseil des ministres. Secrétaire confédérale de la CGT, Catherine Perret a, notamment, évoqué jeudi des rassemblements « devant les préfectures » lundi. « L'important, c'est qu'il y ait un feu roulant d'actions qui montre que tous les jours les salariés sont déterminés à ne pas laisser ce gouvernement tranquille », a-t-elle précisé. Une manifestation est également prévue samedi à Paris, à l'appel d'organisations de jeunes militants des partis de gauche, soutenus par La France Insoumise.

Une mobilisation plus forte qu'en 2019

Selon Marie Buisson, l'enjeu du 31 janvier sera d'abord d'« être aussi nombreux » que jeudi. Dans toute la France, des cortèges bien garnis  - plus de 2 millions de personnes selon la CGT, moitié moins selon la police - ont affiché un « non » au recul de l'âge légal de départ, sur fond de large mécontentement social dans un contexte d'inflation. C'est davantage que lors de la précédente mobilisation, 5 décembre 2019: au démarrage de la contestation, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.

[Les huit plus importants syndicats se sont unis contre la réforme des retraites. Crédit : Estelle Lesur-Bourgeois / Hans Lucas via Reuters Connect]

Le discours des leaders des huit syndicats, unis pour l'occasion, ne varie pas d'un Iota : « cette réforme est inacceptable et va à l'encontre des intérêts de la population », ont-ils martelé jeudi soir devant la presse. Pour eux, « le message est très clair : le gouvernement doit renoncer au report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans » et à « l'accélération » de l'allongement à 43 ans de la durée de cotisation.

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Tous les secteurs « mobilisés », les yeux sont rivés sur « l'énergie et les transports »

Dans l'énergie, secteur concerné par la suppression des régimes spéciaux, la grève a particulièrement été suivie. La direction d'EDF a comptabilisé 50% de grévistes sur son effectif total, un chiffre en hausse par rapport à la mobilisation du 5 décembre 2019. Côté raffineries, le mouvement a été suivi par 70 à 100% des salariés de TotalEnergies selon les sites. Les yeux sont désormais rivés sur ce secteur stratégique, capable d'engager, par la grève reconductible, un bras de fer avec l'exécutif.

Dans les transports, à la SNCF, qui a déjà perdu son régime spécial en 2020 pour les nouveaux entrants, la mobilisation était, à l'inverse, moins forte qu'il y a quatre ans. Le taux de gréviste s'est établi à 46,3%. La circulation a néanmoins été « très fortement perturbée », tout comme celle dans le métro parisien.

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D'autant que, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, a laissé entendre, ce vendredi, que les cheminots se mobiliseront probablement au-delà de la seule date du 31 janvier. « Nous travaillons sur l'élévation du niveau de mobilisation chez les cheminots et effectivement, on ira probablement au-delà de ce qui est programmé par les intersyndicales confédérales », a déclaré le dirigeant du premier syndicat de la SNCF sur RMC. « Il est très probable qu'on fera plus que le 31. Après, est-ce que ce sera avant ou après, ça, c'est ce dont on va discuter cet après-midi », a-t-il insisté, soulignant « la très très forte détermination des agents pour peser » dans le débat sur les retraites. L'ensemble des syndicats cheminots de la SNCF doivent, en effet, se réunir en interfédérale ce vendredi pour décider de la suite à donner au mouvement.

« Continuons à débattre et à convaincre » (Elisabeth Borne)

La pétition lancée la semaine dernière par les huit syndicats contre une réforme des retraites jugée« injuste et brutale » a franchi jeudi le cap des 600.000 signatures. Pour autant, l'exécutif reste, pour l'heure, inébranlable. Depuis Barcelone où il participait à un sommet franco-espagnol, le président Emmanuel Macron a assuré de la « détermination » de l'exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ». Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a, lui, admis que la mobilisation avait été « importante » quand la Première ministre, Elisabeth Borne, a salué les « bonnes conditions » dans lesquelles se sont déroulées les manifestations. « Continuons à débattre et à convaincre », a-t-elle plaidé sur Twitter.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a reconnu que « travailler plus longtemps, il est évident que ça n'est pas très populaire » tout en défendant un projet « juste » et « efficace ». Si le Parlement conserve « la possibilité d'améliorer la copie », le ministre a néanmoins fixé « une exigence, l'équilibre financier en 2030 ». Une condition nécessaire pour « préserver notre système de retraite par répartition », a martelé le député (Renaissance) Sylvain Maillard, prêt à « passer du temps à expliquer chiffres à l'appui » le bien-fondé d'une « réforme qui demande des efforts ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 21/01/2023 à 0:46
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Une réforme juste et équitable pour qui? Monsieur Lemaire a expliqué sur France Inter il y a quelques semaines que les entreprises verraient baisser leurs charges et qu’une réforme structurelle comme la réforme des retraites financerait ce dispositi...

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