L'explosion des prix de l'énergie fait des dégâts sur le tissu industriel. Le célèbre fabricant verrier Duralex a annoncé qu'il allait mettre son four sur pause pendant plusieurs mois. De nombreuses industries très consommatrices d'énergie ont déjà commencé à ralentir la cadence sur le territoire avant un hiver très redouté. Une fermeture complète du robinet de gaz russe pourrait mettre à terre de nombreuses entreprises industrielles alors que beaucoup ont déjà souffert des longues années de pandémie.
En dépit de ce contexte troublé, le ministre de l'Economie veut mettre l'accent sur la réindustrialisation pour son second quinquennat. Lors d'une réunion avec des journalistes ce jeudi premier septembre, Bruno Le Maire a annoncé que ce chantier allait être la première priorité de la rentrée. « L'ère des délocalisations de masse doit être définitivement close. Il faudra beaucoup de temps pour que la reconquête industrielle fonctionne », a-t-il déclaré.
Budget 2023 : supprimer la CVAE en une seule fois
Pour accélérer cette réindustrialisation, le ministre de l'Economie entend bien poursuivre sa politique de l'offre comme il l'a répété devant le patronat mardi dernier à l'occasion de la rencontre des entrepreneurs de France (REF) à l'hippodrome de Longchamp. « La seule recette est de tenir bon sur la politique économique tenue depuis 2017 : c'est la politique de l'offre. Elle donne des résultats sur l'emploi, l'investissement ou encore l'attractivité », a-t-il affirmé.
Parmi les sujets brûlants de la rentrée figure la baisse des impôts de production. Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de s'attaquer à la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Cette fiscalité avait rapporté environ 10 milliards d'euros aux collectivités locales en 2021.
Ce manque à gagner risque de susciter un tollé au Parlement lors des prochaines discussions budgétaires prévues à l'automne. « Faire passer en une seule fois la suppression de la CVAE dans le budget 2023 ne sera pas une mince affaire », a concédé Bruno Le Maire. « La suppression de la CVAE est un choc d'offre important pour la production », a-t-il poursuivi. Cette taxe avait fait son apparition au moment de la réforme de la taxe professionnelle en 2010. Elle est devenue une des composantes de la Contribution économique territoriale (CET) fortement contestée dans les milieux patronaux.
La crise énergétique, un frein à la réindustrialisation
La crise énergétique sur le Vieux continent hante de nombreux chefs d'industrie. Après deux longues années de pandémie, beaucoup de secteurs sont en première ligne face aux effets collatéraux de la guerre en Ukraine. « On assiste à une réduction de la consommation de gaz de 15% à 20% dans les entreprises industrielles », a informé le ministre de l'Economie. Selon Bercy, le rationnement doit concerner « 2.300 entreprises industrielles ». En outre, la poussée de fièvre des prix n'est pas prête de retomber compte tenu du contexte géopolitique. Autant dire que la réindustrialisation pourrait se transformer en chemin de croix.
Face à ces obstacles, le gouvernement a ouvert un guichet unique sur le site de la Direction générale des entreprises (DGE) « mais il ne fonctionne pas. Nous avons décaissé seulement 500.000 euros sur les 3 milliards d'euros disponibles. Les critères sont trop exigeants. Il faut que la consommation d'énergie représente 3% du chiffre d'affaires. Nous travaillons avec Roland Lescure [le ministre délégué à l'Industrie] pour améliorer l'accès à ce fonds », a indiqué le ministre. « Concernant le fond pour les entreprises très consommatrices d'énergie, nous avons engagé des discussions avec la Commission européenne pour améliorer l'accès à ces aides »,-a-t-il poursuivi. La crise risque encore de faire des secousses.