Relance : le projet de budget 2021 voté à l'Assemblée, direction le Sénat

Sur fond de reconfinement et de vertigineuses incertitudes économiques, l'Assemblée nationale a largement adopté mardi le projet de budget pour 2021 et son plan de relance de 100 milliards d'euros, avant son examen au Sénat à partir de jeudi.
(Crédits : Reuters)

Il a été soutenu par 355 voix contre 202 en première lecture, lors d'un vote solennel en fin d'après-midi au Palais Bourbon. Le Sénat, dominé par l'opposition de droite, s'en saisira jusqu'au 8 décembre, en vue d'une adoption définitive par le Parlement avant fin décembre.

La crise sanitaire, avec le reconfinement depuis fin octobre, a parasité ce marathon budgétaire. Mardi soir, le gouvernement a d'ailleurs révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2021. En raison du "maintien de règles sanitaires dans les mois qui viennent", le rebond du PIB attendu est finalement de 6%, contre 8% prévus auparavant. Dans l'hémicycle, l'opposition de droite avait déjà dénoncé un budget "caduc" et un "endettement inquiétant".

Une relance trop tardive pour la droite

Au Sénat, le rapporteur général Jean-François Husson (LR) considère que le reconfinement oblige à "réajuster" le plan de relance qu'il trouve "trop tardif et mal conçu pour stimuler l'activité à court terme". La majorité présidentielle juge elle indispensable de fixer un "cap". C'est "l'objectif majeur du plan de relance: aller au-delà de l'urgence sanitaire, face à laquelle on est contraint de naviguer un peu à vue", glisse le député Roland Lescure (LREM).

Les 100 milliards courent de 2020 à 2022, autour de trois piliers: "écologie", "compétitivité", "cohésion des territoires". Rare surprise dans les votes, le député LREM Yves Daniel s'est abstenu, "déçu" du "peu de pouvoir législatif" face à l'exécutif lors de l'examen de ce texte. "On ne peut rien faire bouger", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

L'une des mesures pour 2021, la baisse de 10 milliards des impôts de production des entreprises, a concentré les critiques de la gauche qui fustige une "politique de l'offre" favorable aux "grandes entreprises" et l'absence de toute "contrepartie écologique ou sociale".

Valérie Rabault (PS) a ainsi repris à son compte l'étude de l'Institut des politiques publiques qui estime que le plan de relance va surtout bénéficier aux grandes entreprises industrielles et pas aux entreprises les plus pénalisées par la crise.

"Appel au secours"

Laurent Saint-Martin (LREM), rapporteur général du budget à l'Assemblée, répond qu'"il y a deux temporalités différentes: les mesures d'urgence avec le fonds de solidarité ou le soutien à l'activité partielle, et la baisse des impôts de production dont l'objectif est la souveraineté et la relocalisation des emplois industriels". Et loue un "budget qui prépare la France de demain".

Le sujet des contreparties aux aides de l'Etat a fait débat jusque dans la majorité qui a finalement adopté un amendement demandant aux entreprises de plus de 50 salariés d'améliorer leur "performance" en matière "écologique, de parité et de gouvernance", avec divers indicateurs - mesure jugée "gadget" à gauche. Le reste du plan de relance comprend notamment 22 milliards de crédits pour 2021, dont trois milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments.

En matière écologique, le malus automobile pour l'achat de véhicules polluants a été vivement contesté par la droite qui y voit de "l'écologie punitive" pour "faire les poches des Français moyens".

Le gouvernement a finalement choisi de faire grimper moins vite que prévu ce "malus C02". Dans le même temps, il a introduit un malus poids pour taxer les véhicules de plus de 1,8 tonne, un signal envoyé à la Convention citoyenne pour le climat mais considéré comme cosmétique par les écologistes. Au total, ce budget est "sans ambition climatique" selon l'ONG Greenpeace.

Le volet cohésion pour 2021 prévoit cinq milliards d'euros pour la "sauvegarde de l'emploi" (chômage partiel, formation) et quatre milliards à destination des "jeunes", notamment pour leur entrée dans la vie professionnelle.

La gauche, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon (LFI), a reproché au gouvernement l'absence de mesures fortes contre la pauvreté ou pour la "consommation populaire". Vendredi, 150 élus ont lancé un "appel au secours" à Emmanuel Macron, demandant qu'1% de la relance soit sanctuarisé pour les "territoires en décrochage". Ils seront reçus par le gouvernement.

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