Plan de relance : le gouvernement vante un premier bilan, les économistes dubitatifs

Les mesures du plan de relance entrées en vigueur par anticipation ces derniers mois obtiennent des premiers résultats "très encourageants", a estimé le ministère de l'Economie lundi en publiant un "tableau de bord" de l'exécution du plan. Si l'essentiel du plan de relance de 100 milliards d'euros doit se déployer d'ici à 2021, plusieurs mesures sont déjà en vigueur.
En 2021, 40 milliards d’euros du plan de relance supplémentaires seront déployés promet Bruno Le Maire.
"En 2021, 40 milliards d’euros du plan de relance supplémentaires seront déployés" promet Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Face à la multiplication des critiques, le gouvernement affûte ses armes. Dans un communiqué publié ce lundi matin, Bercy explique que l'exécutif a mis en place un tableau de bord du suivi des mesures annoncées dans le plan de relance. Ces premiers résultats "démontrent que la protection immédiate de notre économie et la relance sont complémentaires", insiste Bercy , alors que l'opposition et certains économistes critiquent le contenu du plan de relance au moment où la France est partiellement reconfinée. Valérie Rabault, députée socialiste a tiré la sonnette d'alarme sur plusieurs points lors d'un débat organisé avec plusieurs parlementaires. "Combien personnes vont tomber dans la pauvreté avec cette crise ? [...] Beaucoup de familles risquent de tomber dans la pauvreté, ça doit être la priorité".

Montée en puissance des primes pour la rénovation

En matière de rénovation énergétique des bâtiments, le dispositif "MaPrimeRénov" monte en puissance, après avoir été renforcé pour inciter davantage de ménages à lancer des travaux dans leurs logements. Alors que moins de 50.000 ménages l'avaient sollicité entre janvier et juin, il y a eu 20.000 dossiers déposés en septembre et 30.000 en octobre.

Du côté de la rénovation des bâtiments publics, le gouvernement prévoit de désigner d'ici la fin du mois les lauréats d'appels à projets. Plus de 5.000 projets ont été candidats, représentant une demande de financement de 8 milliards d'euros pour une enveloppe prévue de 2,7 milliards.

Dans l'automobile, le gouvernement, qui avait musclé au printemps la prime à la conversion pour l'achat de véhicules moins polluants et le bonus écologique, fait état de 23.000 primes accordées en octobre et 2.600 bonus par semaine depuis le 1er juin.

Réindustrialisaton : 323 projets retenus

Sur le volet consacré à la réindustrialisation de la France, 323 projets ont déjà été désignés pour bénéficier d'un soutien de l'Etat via un guichet doté initialement de 550 millions d'euros pour cette année et que le gouvernement prévoit de réabonder de 250 millions d'euros.

Enfin, sur le volet dédié à l'emploi, plus de 42.000 demandes d'aides à l'embauche d'un apprenti ont été accordées au 1er novembre, sur près de 80.000 demandes. Plus de 67.000 demandes d'employeurs ont aussi été reçues depuis le 1er octobre pour bénéficier de la prime à l'embauche de jeunes de moins de 26 ans.

Un plan de relance qui risque de manquer sa cible

Le plan de relance de l'économie de 100 milliards d'euros est peu ciblé vers les entreprises qui sont les plus pénalisées par l'épidémie de Covid-19, selon une étude de l'Institut des politiques publiques (IPP), publiée lundi.

Le plan de relance cible ainsi surtout les grandes entreprises industrielles, indépendamment de l'impact de l'épidémie, estiment les auteurs de cette étude, qui ont évalué les répercussions de la crise sur les ménages et les entreprises, et l'efficacité des mesures prises par le gouvernement.

Les secteurs de l'énergie, l'industrie en général ou encore les entreprises de l'eau et des déchets sont notamment celles qui vont le plus bénéficier de la baisse de 10 milliards d'euros des impôts de production, mesure phare du plan de relance.

Elle profitera dans une moindre mesure aux commerces, et beaucoup moins aux entreprises de l'hôtellerie-restauration ou des services.

Plus généralement, cette baisse d'impôt bénéficiera moins aux entreprises ayant pourtant subi les plus fortes pertes de chiffre d'affaires durant le premier confinement ni à celles qui ont le moins maintenu en emploi leurs salariés à cette période.

Les auteurs jugent donc "optimiste" la prévision du gouvernement sur l'impact positif de cette mesure sur la croissance à moyen terme, d'autant plus que son financement "n'a pas été pris en compte".

Des mesures d'urgence jugées positivement

En revanche, l'étude constate que les mesures d'urgence prises depuis mars (chômage partiel, prêt garanti, exonérations de charges, fonds de solidarité) ont bien rempli leur rôle, en ciblant les entreprises les plus fragiles financièrement, celles qui ont pu le moins maintenir leurs salariés en emploi et qui ont subi les plus fortes baisses de chiffre d'affaires. Par secteur, l'hôtellerie-restauration, les services, les transports et les commerces sont ainsi les plus aidés. En revanche, les auteurs soulignent que ces dispositifs ont aussi "surtout aidé les entreprises petites, peu capitalistiques et peu productives dès avant la crise".

Enfin, selon l'étude, le choc de l'épidémie a eu un impact très inégal sur les revenus des ménages: les plus modestes, parce qu'ils sont notamment les plus susceptibles de travailler dans des secteurs touchés par le Covid-19, ont ainsi été les plus pénalisés. Ils sont aussi moins susceptibles de faire du télétravail et ont les contrats de travail les moins protecteurs (CDD, intérim, etc.)

De ce point de vue, les aides exceptionnelles aux bénéficiaires d'aide sociale et l'allocation de rentrée scolaire, qui ont atteint 173 euros pour les 20% de ménages les plus modestes, ou encore celles pour les indépendants et les petits entrepreneurs, ont permis de compenser en partie leurs baisses de revenus, note l'étude.

Les ménages du milieu de la distribution des revenus ont eux enregistré les pertes les plus importantes (jusqu'à 0,4%), l'indemnité de chômage partiel ne couvrant pas l'intégralité de leur salaire habituel. A l'inverse, les ménages les plus aisés, plus susceptibles de faire du télétravail et donc de conserver leur salaire complet, ont été moins pénalisés par la crise

Commentaires 2
à écrit le 17/11/2020 à 8:09
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une constante dans ce gouvernement depuis le début : l'enfumage de la nation tous domaines confondus !

à écrit le 16/11/2020 à 19:43
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Confiner sauve des gens mais en fait mourir d'autres. Pour sauver tout le monde, il n'y a que les religions qui ont un programme. Le problème c'est qu'il faut croire et encore choisir la " bonne religion", au cas où il y en aurait une meilleure qu'u...

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