Retraites : le gouvernement multiplie les gestes d'apaisement avant le conflit social

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire doit recevoir les restaurateurs ce jeudi 5 janvier afin de «faire de la pédagogie sur les aides existantes» selon Bercy. Après les boulangers, le gouvernement veut tenter d'éteindre la gronde sociale chez les artisans et les indépendants. A quelques jours de la présentation de la réforme décriée des retraites, l'exécutif poursuit son opération déminage. Mais les syndicats, après avoir été reçus à Matignon, et une bonne partie de l'opinion publique restent vivement opposés au projet du gouvernement.
Grégoire Normand
La Première ministre Elisabeth Borne lors du traditionnel petit déjeuner de rentrée avec les autres membres du gouvernement ce mercredi 4 janvier.
La Première ministre Elisabeth Borne lors du traditionnel petit déjeuner de rentrée avec les autres membres du gouvernement ce mercredi 4 janvier. (Crédits : Reuters)

La rentrée 2023 du gouvernement démarre sur les chapeaux de roue. Après une année 2022 marquée par la guerre en Ukraine et l'inflation, Emmanuel Macron a réuni tous les ministres à l'occasion d'un petit déjeuner à l'Elysée avant le premier conseil des ministres de l'année ce mercredi 4 janvier. Lors de ses voeux aux Français le 31 décembre dernier, le chef de l'Etat a montré sa détermination a poursuivre les réformes au pas de charge. « Cette année sera celle d'une réforme des retraites qui vise à assurer l'équilibre de notre système pour les années et décennies à venir. Il nous faut travailler davantage, c'est le sens même de la réforme de l'assurance-chômage qui a été portée par le gouvernement et votée par le Parlement. C'est aussi le sens de cette réforme sur lequel les partenaires sociaux et le gouvernement, vont travailler dans les mois qui viennent pour finir de mettre en place les nouvelles règles qui s'appliqueront dès la fin de l'été 2023,  » a déclaré le président.

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A quelques jours de la présentation de la réforme explosive des retraites prévue le 10 janvier prochain, l'exécutif multiplie les gestes d'apaisement pour éviter un risque de propagation de la colère sociale. Mardi 3 janvier, la Première ministre Elisabeth Borne a rappelé que la retraite à 65 ans n'était pas « un totem ». Pour rappel, le président de la République avait déjà fait ce type d'annonce durant l'entre deux-tours de la campagne présidentielle au printemps dernier pour attirer les voix de gauche face à Marine Le Pen. Ce qui ne l'a pas empêché de revenir par la suite sur la proposition des 65 ans.

Depuis l'automne, des foyers de contestation éclatent à travers tout le pays et dans de nombreux secteurs. Et le moral des Français demeure très bas. En décembre dernier, la confiance de la population est restée stable à 82, soit un niveau comparable à septembre 2022 selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce mercredi 4 janvier.

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L'inflation a commencé à ralentir à 5,9% en décembre contre 6,2% en novembre mais l'indice des prix demeure à un niveau élevé au regard de la dernière décennie. «Il y a un risque élevé de contestation sociale car le sujet est fortement éruptif. Historiquement les mouvements sociaux d'opposition à des projets de réformes des retraites ont souvent mobilisé des nombres importants de personnes et se sont inscrits dans la durée. On peut notamment citer les précédents de 2003, 2010 et 2019 au cours desquels l'opinion a exprimé une forte solidarité avec les grévistes. En septembre dernier, deux tiers des Français déclaraient qu'ils seraient prêts à soutenir un mouvement de contestation s'il éclatait, signe que ce dossier est potentiellement très mobilisateur», a expliqué Erwan Lestrohan, directeur conseil à l'institut de sondages Odoxa interrogé par La Tribune.

Aides pour les boulangers, pression sur les fournisseurs d'énergie

Après la santé, les transports, l'énergie, l'éducation, la colère monte chez les artisans. Les boulangers et pâtissiers sont en première ligne face à l'envolée des prix des matières premières et de l'énergie. Pour tenter d'atténuer la contestation, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre en charge de l'Artisanat Olivia Grégoire ont reçu les représentants de la boulangerie ce mardi 3 janvier à Bercy. Le gouvernement a annoncé le report du paiement des cotisations sociales et des prélèvements fiscaux pour les boulangers.

Et il a rappelé l'existence de l'amortisseur électricité et le guichet d'aide pour le paiement des factures d'électricité et de gaz. Le ministre de l'Economie a également souligné que les boulangers pourront résilier leur contrat de fourniture d'énergie sans frais leur contrat de fourniture en cas de hausse de prix « prohibitive».

L'après-midi, le gouvernement a sermonné les fournisseurs d'énergie. Si les énergéticiens ne rentrent pas dans le rang, « on peut toujours prélever davantage sur les fournisseurs d'énergie que ce que nous faisons aujourd'hui », a aussi prévenu Bruno Le Maire, après des mois de débats enflammés autour de la taxation des « superprofits ».

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Un recul sur l'assurance-chômage en trompe l'oeil

Concernant l'assurance-chômage, la parution le 23 décembre dernier juste avant les fêtes de Noël d'un décret controversé a provoqué une vague de sidération. Le texte prévoyait une baisse de 40% de la durée d'indemnisation si le chômage passait sous la barre des 6%. Lors de son entretien à France Info, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé le retrait de ce décret épineux. Cette décision a d'ailleurs été saluée par une partie de la gauche et des syndicats.

Mais la cheffe du gouvernement n'a pas caché que le décret était loin d'être enterré définitivement. « Nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les futures règles de l'assurance-chômage", prévue fin 2023, a précisé Mme Borne qui pense que c'est "la bonne règle d'indemnisation, » a-t-elle expliqué. Surtout, plusieurs syndicats ont pointé le risque que le Conseil d'Etat retoque ce décret sans concertation.

Les syndicats vents debout, une marche sur les retraites à venir

Après deux jours de réunion à Matignon, la plupart des syndicats sont remontés à bloc contre la réforme des retraites. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a fustigé l'option d'un recul de l'âge de départ, que ce soit à 65 ou 64 ans, cette dernière option semblant celle retenue par Elisabeth Borne.

De son côté, le président de la CFE-CGC, François Hommeril a également rappelé son oppposition sur l'antenne de BFM Business. « Il n'y a pas de marge de négociation avec le gouvernement. Le projet est tel qu'il est depuis le début. L'objectif du gouvernementt est de reculer l'âge de départ à la retraite. Pour les organisations syndicales et la CFE-CGC, cela n'est pas acceptable. »

Dans les rangs de la gauche, la France insoumise se prépare à une grande marche pour les retraites le 21 janvier prochain, soit deux jours avant la présentation de la réforme en conseil des ministres. « Les Français expriment un besoin de concertation sur la réforme des retraites. Et le sentiment d'un passage en force du projet pourrait faire dégénérer les choses. Le recours au 49-3 serait notamment jugé inacceptable par 68% des Français.  » prévient Erwan Lestrohan. Le mois de janvier promet d'être particulièrement houleux.



Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 05/01/2023 à 15:11
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En matière de retraite, la République piétine allègrement les travailleurs polypensionnés public-privé et tous ceux qui ont exercé des métiers pénibles. J'ai la haine.

à écrit le 05/01/2023 à 9:43
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je reformule ' le gouvernement multiplie les annonces de renonciation car il a la trouille'.......he, tout le monde sait ou va une pyramide de ponzi, et tout le monde sait comment ca va se poursuivre en france, maintenant que les regimes excedentaire...

à écrit le 05/01/2023 à 9:07
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Six ans pour discuter une réforme, avec des « partenaires » fermés comme des huitres.. S’il faut aller au conflit, je crois qu’il va falloir y aller. A défaut, la France part au tapis!

à écrit le 05/01/2023 à 8:19
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ce que l'on retient de ce gouvernement et du precedent c'est leur lacheté il cree un desordre pas possible en voulant excluer une partie des francais et au finale comme cela tourne au fiasco il se defile et tout cela pour refuse tout les dialogue ...

à écrit le 05/01/2023 à 7:16
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Sur une émission T.V du soir, le 4 janvier à 19h00; à une heure de grande écoute, qui est regardée par un large public , sur France 5, un journaliste, très connu, animateur sur le plateau, ce permet de poser la question : Doit-on taxer les retrait...

à écrit le 05/01/2023 à 3:57
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Un petit rappel le salaire médian de la population salariée est de l'ordre de 1800€ net ,somme avec laquelle il est difficile de vivre aux dires de beaucoup de politiques. Donc ce 60% du monde salarié devrait voter à gauche en masse ce qui assurerai...

à écrit le 05/01/2023 à 1:24
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Vos divisions vous empechent. L'union fait la force, l'auriez-vous oublie ?

le 05/01/2023 à 12:48
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diviser c'est bien m macron qui a declarer que ceux ayant voter a droite sont ces ennemies avec de tel vision personne ne souhaite faire le 1er pas pour une concorde national c'est a m macron de changer de comportement donc de gouvernement

à écrit le 04/01/2023 à 22:09
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Histoire de se mettre la CFDT dans la poche. Décidément nos chères élites, arquées sur leur anciens principes ne voient toujours rien venir.

à écrit le 04/01/2023 à 19:56
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Alors que le facteur Travail tend à disparaître à l'avenir au profit du grand Capital, du numérique et de la robotique, le gouvernement sort l'alibi de la réforme des retraites et du chômage pour éviter une révolution fiscale qui permettrait de corri...

le 04/01/2023 à 23:09
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Tout à fait. Entièrement d'accord.

à écrit le 04/01/2023 à 18:04
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la macronie trouve les francais mefiant mais ce sont eux qui sont sur une autre planete et refuse de voir et d'entendre le peuple qui gronde il ne suffit pas de creer une consultation ecolos rien ne vas et rien n'est realise pour stoper les probl...

à écrit le 04/01/2023 à 17:58
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Bonjour, Pour la réforme des retraites le gouvernement fait fausse routes... La réforme dois porter sur les régimes spéciaux et les fonctionnaires, lorsque tout le monde sera a 62 ans , nous verrons se que nous pouvons faire pour travailler plus lo...

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