Retraites : le nombre de grévistes chute dans tous les secteurs, y compris l'énergie

Énergie, transports, raffineries toujours en grève : la mobilisation se poursuit ce mercredi contre le projet de réforme des retraites. Reste que les taux de grévistes sont cependant globalement en recul par rapport à la précédente journée de mobilisation. Différentes manifestations ont en parallèle été organisées ou sont encore en cours, pendant que députés et sénateurs sont réunis en Commission mixte paritaire avec l'objectif de trouver un consensus sur le texte final.
Si les grèves restent très suivies chez les électriciens et gaziers, le mouvement semble s'essouffler dans le secteur pétrolier et les transports. La contestation se traduit mercredi dans la rue par des manifestations partout en France. Ce mercredi 15 mars, la mobilisation est moins importante que mardi 7 mars (1,28 million de manifestants), mais plus que samedi 11 mars (368.000 manifestants en France). (Photo prise à Paris ce jour)
Si les grèves restent très suivies chez les électriciens et gaziers, le mouvement semble s'essouffler dans le secteur pétrolier et les transports. La contestation se traduit mercredi dans la rue par des manifestations partout en France. Ce mercredi 15 mars, la mobilisation est moins importante que mardi 7 mars (1,28 million de manifestants), mais plus que samedi 11 mars (368.000 manifestants en France). (Photo prise à Paris ce jour) (Crédits : Reuters)

Les tractations sont en cours en commission mixte paritaire (CMP) sur la réforme des retraites, notamment sur l'épineuse question des carrières longues. Le gouvernement jette toutes ses forces dans la bataille pour tenter de dégager une majorité parlementaire sur le texte. Un accord entre les sept députés et sept sénateurs réunis à huis-clos ce mercredi 15 mars est en effet indispensable pour un vote final prévu ce jeudi à l'Assemblée nationale.

En parallèle du débat parlementaire, une huitième journée de mobilisation a fait descendre dans la rue des milliers de personnes à travers la France. Le cortège parisien s'est élancé à 14 heures. À Marseille, 160.000 personnes ont manifesté ce matin d'après les syndicats (7.000 selon la police).

Moins que le mardi 7 mars, plus que le samedi 11 mars

Au total, pour cette 8e journée de mobilisation, la police prévoit entre 650.000 et 850.000 manifestants : c'est beaucoup moins que le 7 mars, point fort de la mobilisation (1,28 million), mais deux fois plus que samedi dernier, quand, à l'appel de l'intersyndicale, avait vu la participation nettement faiblir, avec 368.000 manifestants partout en France selon le ministère de l'Intérieur.

Du côté des grèves, ce mercredi 15 mars, si elles restent très suivies chez les électriciens et gaziers ainsi que chez les éboueurs, notamment à Paris, le mouvement semble s'essouffler dans le secteur pétrolier et les transports.

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Le secteur de l'énergie reste mobilisé, mais bien moins que le 7 mars

Le secteur de l'électricité et du gaz reste mobilisé compte tenu de l'enjeu crucial pour les salariés qui, outre le recul de l'âge légal, refusent la suppression de leur régime spécial de retraite. Mais le nombre de grévistes est en baisse : moins d'un quart des salariés d'EDF (22,45%) avaient cessé le travail à la mi-journée ce mercredi selon la direction. Ils étaient 41,5% au même moment lors de la précédente journée de mobilisation en semaine, le 7 mars.

Les actions de ces grévistes, qui figurent parmi les fers de lance du mouvement de contestation, restent cependant significatives, avec des baisses de production électrique de 10,71 GW mercredi matin, soit l'équivalent de quelque 10 réacteurs nucléaires, touchant les centrales nucléaires, thermiques et hydrauliques.

À la mi-journée, Reuters rapporte que, de source syndicale, la production d'électricité française issue des centrales nucléaires, thermiques et hydrauliques aurait même été réduite de 15,1 gigawatts (GW).

Des coupures de courant ont eu lieu tôt dans la journée. Notamment au Fort de Brégançon, résidence officielle de la présidence de la République, selon Jean-Louis Arcamone, président de la CFE-CGC Energie Côte d'Azur.

Côté gaz, les salariés de quatre terminaux méthaniers français et de 11 sites de stockage de gaz de Storengy, filiale d'Engie, ont reconduit leur grève jusqu'au début de la semaine prochaine. La CGT Energie a d'ailleurs lancé un « ultimatum » à Storengy ce mercredi, pour qu'elle baisse la pression sur l'ensemble du réseau de gaz de GRT « symboliquement à 49,3 bar », en référence à la possible utilisation par le gouvernement de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme. Si l'abaissement de pression « n'est pas fait proprement depuis la salle de contrôle » par la direction, « ce sera réalisé par les grévistes, mais on préfèrerait que ce soit fait proprement », a affirmé Frédéric Ben, responsable du gaz à la CGT Energie.

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Contraste dans les transports : les RER, TGV et TER très perturbés

Le trafic est quasiment normal dans les métros parisiens, mais très perturbé dans les RER a annoncé la RATP.

À la SNCF, le trafic reste perturbé avec 40% de TGV en moins et 60% des TER supprimés. Le taux provisoire de grévistes approchait 15% à midi à la SNCF selon une source syndicale, un chiffre en forte baisse par rapport au 7 mars dernier (39%). Dans le détail, on comptait mercredi 43% de grévistes chez les conducteurs, 23% chez les contrôleurs et 16% chez les aiguilleurs, bien en-deçà des chiffres du 7 mars, toujours selon cette source syndicale.

Dans l'aérien, 20% des vols ont été supprimés à Paris-Orly en raison d'une grève des contrôleurs aériens. Les annulations sont moins nombreuses que la semaine dernière, mais les vols à Bordeaux-Mérignac et les rotations à Lille-Lesquin subissaient des retards de quelque 45 minutes mercredi matin, et de 15 à 30 minutes en moyenne à Roissy et Orly.

Dans le transport routier, des blocages sont aussi mis en place dans le pays. Des routiers ont complètement bloqué mercredi tous les accès à l'autoroute A26, dans le nord, entre Calais et Thérouanne.

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Les raffineries marquent le pas, la chimie en grève reconductible

Dans le secteur pétrolier, plusieurs sites sont toujours en grève mercredi matin:

« Dans les raffineries de Donges, La Mède et Fos, le mouvement est reconduit avec arrêt des expéditions », a indiqué à l'AFP Éric Sellini, coordonnateur CGT pour le secteur. « Sur celle de Normandie, les salariés sont toujours en grève, mais il y a des expéditions », a-t-il ajouté.

Il n'a toutefois communiqué qu'un seul taux de grévistes, de 100% au dépôt de Flandres. TotalEnergies a compté 42% d'opérateurs du premier quart en grève mercredi, contre 36% la veille.

La raffinerie de Petroineos à Lavera (près de Martigues, dans les Bouches-du-Rhône), a aussi été obligée d'expédier un peu plus de produits que prévu, pour ne pas devoir arrêter la raffinerie.

« Cela peut donner l'impression qu'on a arrêté la grève, mais c'est loin d'être le cas », a affirmé à l'AFP Sébastien Varagnol, délégué CGT de la centrale.

Dans le secteur de la chimie, deux sites de Solvay sont en grève reconductible, notamment à Tavaud dans le Jura, et trois sites d'Arkema, a affirmé Emmanuel Lépine, secrétaire général de la Chimie CGT à l'AFP.

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Dans la fonction publique, le nombre de grévistes s'effondre

Dans la fonction publique d'État, à la mi-journée, le taux de grévistes mobilisés ce mercredi a chuté à moins de 3%, contre près de 25% lors de la grande journée de mobilisation du 7 mars, selon le ministère de la Fonction publique.

Dans la fonction publique territoriale (2 millions d'agents, contre 2,5 millions d'agents à l'État), le taux de grévistes recule aussi, passant de 11% le 7 mars à 2,2% ce mercredi. Dans le versant hospitalier (1,2 million d'agents), seuls 4,5% des agents sont en grève mercredi à la mi-journée contre 9,4% le 7 mars.

(avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 15/03/2023 à 18:52
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En ces temps d'inflation et de pouvoir d'achat en berne, la grève coûte cher et les fins de mois deviennent difficiles. Les syndicats vont devoir penser à une autre stratégie que la grève qui coûte plus qu'elle ne rapporte...et de moins en moins su...

le 15/03/2023 à 19:42
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Jusqu'à preuve du contraire les citoyens en grèves u pas en grèves soutiennent tous ce mouvement et son pour l'abandon de cette réforme

à écrit le 15/03/2023 à 18:13
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l'étape suivante se jouera dans les urnes selon les propositions des uns et des autres ; certains pourraient payer cher leur vote pour cette réforme

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