Retraites : quelle sortie de conflit pour la CFDT ?

Ce jeudi 13 avril, s'est tenue la 12eme journée d'action contre la réforme des retraites. Malgré les nombreux cortèges en province, la mobilisation s'est essoufflée. A peine 5 % de grévistes dans l'Education nationale, 3,8 % dans la fonction publique. Des violences ont éclaté à Paris où des Black Blocs se sont attaqués à des vitrines, le siège de LVMH à Paris a été envahi quelques minutes, ce matin. Alors que le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision concernant la loi, ce vendredi en fin de journée, les syndicats préparent la suite. Et notamment la CFDT, qui ne remettra pas en cause la légitimité des Sages.
Fanny Guinochet
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. (Crédits : Sarah Meyssonnier / Reuters)

Cette journée de mobilisation avait un goût particulier... Ne serait-ce que parce qu'elle se tenait à la veille du verdict du Conseil constitutionnel sur la loi de réforme des retraites. Politiques, Opinion, syndicalistes...sont suspendus à l'attente de cette décision.

Que feront les Sages ? Vont-ils censurer une partie ou tout le texte ? Donneront-ils leur feu vert à la procédure de référendum d'initiative partagée (RIP) ? Autant de questions qui, selon les syndicats, orienteront les suites du mouvement. « Il y a le risque que ça relance la contestation, comme le 49.3 a redonné un coup de vigueur aux actions », assure un membre du gouvernement.

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En attendant, les centrales, dont la CGT et la CFDT, ont manifesté, une nouvelle fois ce jeudi, côte à côte et unies. Était-ce pour autant " la der des ders" des manifestations ? Il ne devrait pas y avoir, en tout cas, de nouvelle journée d'action la semaine prochaine. Il faut dire aussi que la période des vacances scolaires de printemps - qui a débuté dans la zone A- complique le calendrier des syndicalistes.

Mais ce n'est pas la seule raison. Malgré leur détermination, les opposants à la réforme se lassent. « Le contexte de l'inflation pèse aussi, quand vous avez plus de 16 % de hausse dans l'alimentaire, les travailleurs ne peuvent pas faire grève indéfiniment », assure un proche de Laurent Berger.

D'ailleurs ce jeudi 13 avril, les chiffres sont là : 5 % de grévistes à peine dans l'Education nationale, moins de 4 % dans la fonction publique... Les cortèges étaient aussi moins fournis. Même si la CGT revendique près de 400 000 personnes à Paris, soit autant que la semaine dernière...

Objectif : 1er mai

Surtout, si le Conseil constitutionnel valide tout ou partie de la réforme, la CFDT, très légitimiste, continuera-t-elle à s'opposer à cette réforme ? Alors même qu'il estime que notre pays traverse « une crise démocratique », Laurent Berger, son chef de file, a assuré en début de semaine que le « Conseil constitutionnel est légitime ». Et que « la CFDT ne fera pas de manifestations pendant six mois. » Une façon de préparer les esprits.

Certes, le leader du syndicat réformiste assurait cet après-midi, que « l'épisode des retraites n'est pas clos, que le combat syndical contre cette réforme est loin d'être terminé. » Mais son horizon se porte désormais sur le 1er mai, pour la journée internationale des travailleurs, « pour en faire une grande fête populaire contre la réforme des retraites ». Les organisations syndicales réfléchissent en effet un défilé unitaire, ce qui n'est pas arrivé depuis plus de dix ans.

« L'intersyndicale est un bien précieux » a encore plaidé Laurent Berger, cet après-midi, en insistant sur les dégâts que laisseront cette loi dans l'opinion.

Pas de politique de la chaise vide

Pour Laurent Berger, pas question toutefois de marginaliser son syndicat. Le successeur de François Chérèque assure par exemple qu'il répondra à l'appel du gouvernement pour échanger sur les prochains sujets, au premier rang desquels la loi plein emploi.

Ses relations ont beau être tendues avec le chef de l'Etat, il se rendra à l'Elysée quand Emmanuel Macron invitera les syndicats. Le Président a en effet assuré qu'il proposerait aux syndicats un échange après le verdict du Conseil constitutionnel pour « engager la suite et tenir compte des décisions quelles qu'elles soient. »

La CFDT n'est pas adepte de la chaise vide. Mais Laurent Berger, a, ce jeudi 13 avril, prôné un « délai de décence ». Le leader de la CFDT souhaiterait, en cas de validation du texte par le Conseil constitutionnel que le chef de l'Etat ait recours à l'article 10, qui permette de proposer au Parlement une nouvelle délibération.

De son côté, Sophie Binet, la nouvelle patronne de la CGT a répondu, avec ironie, qu'elle avait envie de dire « LOL » à la proposition du chef de l'Etat. Et d'arguer que tout dépendra de l'ordre du jour. « Nous, l'ordre du jour, c'est le retrait de la réforme. Là, il nous propose un hors sujet. » Il est probable que la CGT poursuive la mobilisation. Même si les Sages valident la loi, les cégétistes continueront les actions, pour marquer leur opposition au passage à 64 ans du départ à la retraite.

Peser sur la loi Plein emploi

En attendant, Laurent Berger est déjà dans la préparation de l'avenir. Le 12 avril, veille de la mobilisation, la CFDT a organisé une conférence autour du "pacte de pouvoir de vivre", avec 64 associations comme La Fondation Abbé Pierre et des ONG, ou encore la Mutualité Française.

Conscient qu'au-delà de la réforme des retraites, la préoccupation des Français, et notamment les plus modestes, concerne le pouvoir d'achat, ce collectif a interpellé le gouvernement. « Dans la vie, il n'y a pas que le sujet des retraites, il y a aussi le niveau de l'inflation, la transition écologique, ou encore la crise démocratique...qui sont ultra-préoccupants, » a plaidé Laurent Berger. Histoire de préparer l'après.

Autre dossier sur lequel la CFDT entend s'investir : la loi Plein emploi sur laquelle travaille le gouvernement. Certes, elle aura aussi pour objectif de renouer les liens avec les organisations syndicales, mais ce texte devrait par ailleurs reprendre un certain nombre de points de l'accord signé par les syndicats réformistes et le patronat sur le partage de la valeur. Il devrait intégrer des points chers à la centrale de Belleville, comme la possibilité de mieux organiser son temps tout au long de la vie.

Pour l'heure, Laurent Berger assure toutefois que la participation de la CFDT ne se fera pas aussi simplement. Le bras de fer avec le gouvernement promet d'être encore tendu.

Fanny Guinochet
Commentaires 4
à écrit le 15/04/2023 à 9:40
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Le syndicat a perdu sur toute la ligne , il n'a pas voulu coopérer avec Macron qui n'est pas socialiste , il a déchiré l'image de la CFDT syndicat modéré , responsable , il a marché comme Trump sur l'assemblée pour peser sur le vote des députés de la...

à écrit le 14/04/2023 à 10:47
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Quelle fin de conflit ? Ben... le retour au boulot...

le 14/04/2023 à 15:55
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Ou le blocage des membres du gouvernement/président puis des Jo l'année prochaine... Si les JO sont bloqués et ne peuvent pas se dérouler, le président ferait bien la tête...

le 14/04/2023 à 17:44
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En diminuant la cadence par contre car faudra tenir jusqu'à 64 ans ,perso, j'avais commencé à freiner dés 2010 lors du passage de 60 à 62 ans.

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