La hausse de 6,6% du Smic entre janvier 2022 et 2023, indexé sur l'inflation contrairement aux salaires, a entraîné une révision des minima salariaux de branche, selon une note de la Banque de France. Les salaires ont augmenté de 4,9% en moyenne au premier trimestre 2023 en glissement annuel.
Partage de la valeur
Dans les entreprises, les hausses négociées pour 2023 ont atteint 4,4% en moyenne, moins que l'inflation. Mais s'y ajoutera une prime de partage de la valeur (exonérée de cotisations et de contributions sociales) d'un peu moins de 900 euros en moyenne pour un tiers des accords salariaux.
« Ces primes permettent de soutenir ponctuellement le pouvoir d'achat des salariés sans entretenir à terme une spirale prix‑salaires », souligne la note.
Cette revalorisation moyenne est supérieure à celle négociée pour 2022 (2,8%) et 2021 (1,4%). Les augmentations salariales sont plus fortes dans l'industrie et la construction que les services, ainsi que dans les grandes entreprises ou chez celles connaissant des difficultés de recrutement.
Par ailleurs, les salaires dans les PME et les très petites entreprises (TPE) ont augmenté en moyenne de 5,49% entre décembre 2021 et janvier 2023, soit plus que l'inflation, selon un baromètre publié mercredi par le Cercle Perspectives qui a analysé les bulletins de paie de près de 365.000 salariés de TPE/PME, avec l'aide du cabinet d'études Init. Le niveau de hausse des salaires constaté est un peu supérieur à celui de l'inflation, qui s'est établie en moyenne à 5,2% en 2022.
Pas de spirale prix-salaires
Malgré ces hausses, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, avait déjà déclaré lundi ne pas constater d'emballement d'une spirale prix-salaire en France. Selon l'institution, le salaire moyen par tête (qui comprend primes et heures supplémentaires) a augmenté de près de 4% en moyenne en 2022 (moins que l'inflation), et pourrait progresser de 6% cette année (plus que l'inflation).
« La hausse nominale du salaire moyen par tête ralentirait ensuite, mais moins vite que l'inflation, ce qui générerait un gain de pouvoir d'achat en 2024 et 2025 », a-t-elle indiqué.
Début février, un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE) avait suggéré aux organisations syndicales de modérer leurs revendications salariales face aux hausses de prix afin de ne pas alimenter la courbe de l'inflation.
« Nous devons être prudents », affirmait alors le vice-président de la BCE, Luis De Guindos, dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
« Si nous entrons dans une spirale salaires-prix, la BCE devra augmenter les taux d'intérêt plus qu'elle ne l'aurait fait autrement », ajoutait-il, ce qui aurait pour conséquence de renchérir encore le coût du crédit et de peser davantage sur l'activité économique.
(Avec AFP)