Comment l'Assurance Maladie veut freiner ses dépenses à hauteur de 1,2 milliard d'euros

L'Assurance maladie a présenté jeudi 30 mesures pour freiner ses dépenses à hauteur de 1,2 milliard d'euros l'an prochain. Un objectif d'économies qui reste moitié moindre que les 2 milliards visés chaque année avant la crise sanitaire, sur un total d'environ 230 milliards de dépenses. Les laboratoires d'analyses biologiques sont dans le viseur.
(Crédits : Reuters)

Comment l'Assurance Maladie peut-elle faire l'année prochaine baisser ses coûts d'1,2 milliard d'euros ? Déjà, il vaut mieux prévenir que guérir. La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) met en particulier l'accent sur l'insuffisance cardiaque, avec une campagne d'information grand public sur les « signes d'alerte » à partir de fin septembre et la volonté de généraliser la télésurveillance aux 300.000 malades les plus « sévères ».

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D'autres propositions font écho aux promesses de campagne d'Emmanuel Macron, comme le « repérage systématique des troubles visuels et du langage pour tous les enfants de 3 ans ». Le chef de l'Etat réélu avait évoqué une « détection précoce des écarts de développement » sans préciser à quel âge.

 L'Assurance maladie souhaite par ailleurs rattraper le retard accumulé depuis deux ans en matière de dépistage des cancers (côlon, sein, utérus) et de vaccination des adolescents contre le papillomavirus humain (HPV), quitte pour cela à transmettre aux médecins la liste de leurs patients concernés.

Ces approches « par pathologie » ou « populationnelles » ne représentent toutefois qu'une minorité (160 millions d'euros) des économies projetées.

Renégocier les tarifs des laboratoires d'analyses biologiques, dentistes et médecins sous surveillance

Le gros morceau cible les médicaments (moins d'antibiotiques, plus de biosimilaires), les dispositifs médicaux (apnée du sommeil, pansements), les arrêts de travail, les transports sanitaires et les diverses fraudes.

Par ailleurs, les marges « élevées » des laboratoires d'analyses biologiques, dopées par la crise sanitaire, sont ainsi mises en avant pour justifier une renégociation des tarifs à la rentrée.

Même calendrier et même méthode pour les dentistes : désireuse d'étendre le « 100% santé » à l'orthodontie, la Cnam met en exergue les dépassements d'honoraires et les revenus des professionnels concernés.

 Les médecins devront remettre à plat leur convention avec la Sécu : leurs revenus, mais surtout le coût croissant de leurs prescriptions sont analysés en détail. La Caisse est cependant prête à leur accorder une rallonge pour payer davantage d'assistants médicaux et régler le problème des 6 millions d'assurés sans médecin traitant.

Les pertes devraient atteindre 19 milliards cette année, un remède qui reste à inventer

Au bout du compte, les traitements recommandés ne guériront pas l'Assurance maladie du mal profond des déficits creusés par le Covid : après les records abyssaux de 2020 (-30 milliards) et 2021 (-26 milliards), les pertes devraient encore atteindre 19 milliards cette année et se maintenir à plus de 13 milliards l'année prochaine et les suivantes. Une nouvelle cure d'austérité semblant exclue, le remède reste encore à inventer.

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Opticiens : des manquements au reste à charge zéro

Les trois-quarts des opticiens et audioprothésistes contrôlés l'an dernier "présentaient des manquements" à la réforme du «100% santé » mais seuls 6% des fautifs ont fait l'objet de procès-verbaux, selon un bilan publié jeudi par la Répression des fraudes. Devis non conformes, offre « dénigrée » voire « pas du tout proposée » : l'accès aux lunettes et aux prothèses auditives intégralement remboursées, promis il y a cinq ans par Emmanuel Macron, se heurte sur le terrain à la mauvaise volonté de certains professionnels. Avertie de ce risque, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait lancé dès octobre 2020 une enquête « qui s'est poursuivie tout au long de l'année 2021 », donnant lieu à « plus de 1.000 contrôles » dans 710 magasins.

Résultat des courses: 514 établissements « présentaient au moins une anomalie (...) avec des manquements de gravité variable », ayant parfois « pour effet de détourner le consommateur » ou de « limiter l'information sur l'offre ».

La plupart ont toutefois débouché sur de simples avertissements ou « injonctions de mise en conformité » et seuls 17 procès-verbaux administratifs ont été dressés pour « les manquements les plus sérieux », ainsi que 15 procès-verbaux pénaux pour « pratiques commerciales trompeuses » ou « défaut d'information précontractuelle ».

Pour maintenir la pression sur les récalcitrants, la DGCCRF fait savoir qu'elle « reconduira ses contrôles » en 2023. Par ailleurs, l'Assurance maladie a également fait état d'une « action de contrôle » chez 192 opticiens, parmi ceux affichant le taux de ventes « le plus faible au niveau national » pour l'offre "100% santé". Là encore, « des anomalies ont été constatées » dans une majorité de magasins, mais sur les 107 fautifs, seules « 34 décisions de pénalités financières ont été prises » à ce jour, pour un montant moyen proche de 2.200 euros.

(Avec AFP)

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