Social : un 1er mai pas comme les autres

Ce 1er mai, journée de défense des droits des travailleurs, toutes les organisations syndicales défileront ensemble. Inédit depuis 2009. Pour Laurent Berger, le patron de la CFDT, ce sera probablement la dernière manifestation dans le carré de tête, le syndicaliste a en effet annoncé sa volonté de passer la main à sa numéro 2 Marylise Léon en juin prochain. A ses côtés,Sophie Binet, la nouvelle chef de file de la CGT sera présente. Tous assurent que l'unité syndicale survivra au long conflit contre cette réforme des retraites. Mais rien n'est moins sûr alors qu'Elisabeth Borne, la première ministre, va, dès la semaine prochaine, proposer des rencontres bilatérales aux organisations.
Fanny Guinochet
(Crédits : Reuters)

Tous refusent officiellement de s'avouer vaincus. Pourtant, malgré leur long combat et 12 journées de manifestations à forte mobilisation depuis janvier, la réforme des retraites, qui valide le recul de l'âge légal de 62 à 64 ans, a été adoptée le 15 avril dernier. Ce lundi 1er mai, les syndicats rediront leur opposition à ce texte. Une opposition qui concerne autant le fond du texte que la méthode employée pour le promulguer (49,3 notamment). Ils espèrent, ce lundi 1er mai, une mobilisation historique. Même si ce rendez-vous promet d'avoir des allures de baroud d'honneur.

Une mobilisation à hauts risques

Toutes les confédérations seront côte à côte sur le pavé et la mobilisation promet d'être très suivie. Selon les services des renseignements généraux, il devrait y avoir du monde dans les nombreux défilés organisés en France.

 Combien de personnes ? En 2009, en pleine crise économique, près de 500.000 personnes s'étaient mobilisées, selon la police. En 2002, pour dire non à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, près de 2 millions de personnes avaient été comptabilisées, dont 400.000 à Paris. Les syndicats espèrent dépasser ces chiffres, et rêvent d'une marée humaine.

 Mais, l'enjeu sera aussi d'éviter les violences, la présence de black-blocs ou d'éléments radicaux. Après les nombreuses « casseroles » de ces derniers jours lorsque le président de la République ou ses ministres sortaient sur le terrain, les services du ministère de l'Intérieur sont en alerte.

 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a promis un déploiement des forces de l'ordre sans précédent pour sécuriser les manifestations, notamment dans certaines villes (comme Rennes, Nantes, ou même Paris...), où les débordements sont fréquents. Au total, près de 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés.

La page se ferme pour Laurent Berger... elle s'ouvre pour Sophie Binet

Pour Laurent Berger, le patron de la CFDT, devenu principal opposant à Emmanuel Macron dans ce conflit contre la réforme des retraites, ce 1er mai sera le dernier dans le carré de tête de la manifestation parisienne.

En effet, le syndicaliste a annoncé son intention de passer la main à Marylise Léon, la numéro 2 de l'organisation le 21 juin prochain. Son objectif : montrer que ce 1er mai sera historique mais aussi massif, à l'image, selon lui, du ressentiment que cette réforme laissera dans l'opinion.

Comme un dernier avertissement à Emmanuel Macron. Pour Sophie Binet, son homologue à la CGT, en revanche, ce 1er mai, sera une première à la tête du cortège. Celle qui succède à Philippe Martinez sait qu'elle concentrera toutes les attentions. Malgré l'adoption de la réforme, la quadragénaire ne désarme pas et espère encore un scénario comme le CPE, le contrat première embauche. Elle compte aussi sur la deuxième demande de RIP, étudiée actuellement par le Conseil constitutionnel.

Vers la fin de l'intersyndicale ?

L'intersyndicale a réussi le pari de rester soudée ces quatre derniers mois. Elle a montré aux Français et à l'opinion publique que les syndicats étaient bel et bien revenus dans le jeu, mais aussi qu'ils étaient capables de trouver des consensus.

Qu'en sera-t-il à l'issue de cette mobilisation ? Dans une interview à Libération, Sophie Binet assure que l'intersyndicale va « se réunir rapidement à l'issue de ce 1er mai pour définir les suites ». Elle poursuit : « La volonté de la CGT et des autres membres de l'intersyndicale, est je pense, de rester unis... Unis contre la réforme, mais aussi unis dans notre exigence de parler enfin des vrais sujets : les salaires, l'environnement, les conditions de travail, etc. »

Mais derrière les vœux pieux, la réalité risque de s'imposer. Chaque organisation va, en effet, reprendre ses priorités, son identité. Et l'intersyndicale risque de se fissurer.

Accepter ou non de rencontrer l'exécutif

Les syndicats réformistes craignent de se retrouver embarqués dans une succession d'actions sauvages qui ne déboucheraient sur aucun résultat. Ils redoutent l'impasse. Surtout que le gouvernement leur tend la main de façon insistante pour ouvrir des négociations et parler de l'emploi des séniors, du partage de la valeur, de l'usure professionnelle. Emmanuel Macron leur promet un « Pacte de la vie au travail ». CFDT et CFTC, mais aussi Unsa, dont l'ADN reste le dialogue, ne bouderont pas ces rendez-vous. Laurent Berger évoque la nécessité d'un délai de décence et de convalescence mais ne refuse pas sur le principe les rencontres avec l'exécutif. Bien au contraire, il veut porter la voix des travailleurs, et obtenir un maximum d'avancées sur ces sujets.

Quant à la CGT, elle ne dit pas si elle est prête aux échanges avec l'exécutif. Quel positionnement adoptera la CGT ? Et si elle revient à la table des négociations, quelles seront ses priorités ? Les salaires plus que le compte universel temps ou l'usure professionnelle ?

Quoi qu'il en soit, à Matignon, déjà les courriers d'invitation sont prêts à partir... Elisabeth Borne, la première ministre, comme Olivier Dussopt au ministère du Travail, ont hâte de passer à autre chose. Et de montrer, après avoir essuyé plusieurs refus des syndicats, qu'ils renouent le dialogue avec les corps intermédiaires ...

Fanny Guinochet
Commentaires 19
à écrit le 01/05/2023 à 17:29
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On constate donc, que pour le défilé de la "Fête des Travailleurs", nous avons eu droit aux traditionnels syndicats de gauche, à la légitime violence de l'Etat et aux provocateurs de Droite encagoulé ! Tout cela est digne du "théâtre" gouvernemental ...

à écrit le 01/05/2023 à 10:24
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L'augmentation des enseignant est une prime. Cette prime est imposable et ne comptera pas pour la retraite. On crie et on écrit haut et fort que l'augmentation des enseignants est de 500 euros à la population française. Quelle honte. Un enseignant n'...

à écrit le 01/05/2023 à 10:03
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Le bal des faux-c-uls en tête de cortège !

à écrit le 01/05/2023 à 6:35
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La réalité économique est cruelle et difficile, le pays a des déficits énormes , le recul de l’âge de la retraite ne suffira pas, l’état providence avec ses coûts sociaux non contrôlés, un chômage massif Des réformes de la sphère etatique et socia...

le 01/05/2023 à 12:40
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Et les GOPE de l' UE mon bon @carlier qui fixent seules et annuellement la politique de la France, elle suffiront, elles? Quel est votre rôle sur ce site, fumer l' électeur?..! Macro est déjà là pour ça. FREXIT, viiii...

à écrit le 01/05/2023 à 5:14
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Qui peut encore avoir confiance en Laurent Berger et sa CFDT qui se défile au dernier moment pour ne surtout pas être responsable de quoi que ce soit lorsqu'il faut vraiment retrousser les manches ?

à écrit le 30/04/2023 à 9:26
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Bonjour, Personnellement, je vais aller manifester ( ce sera la 2 fois en 39 ans d'activité) . Car la réforme est totalement injuste... Ils n'y a aucune égalité dans sont principe ... D'ailleurs si la fin des régimes spéciaux sont arrivés, pourqu...

à écrit le 29/04/2023 à 19:19
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Enterrement de 1ère classe pour un syndicalisme d'un autre âge.

le 30/04/2023 à 9:07
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Te plains pas , sur la photo, ils ont tous appelés à voter Macron au deuxième tour de la présidentielle pour sauver la démocratie que tu chéris tant.

le 30/04/2023 à 12:27
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@ la chose - Je ne me plaindrai jamais de la démocratie et j'ai une forte propension à penser que ceux qui dénigrent la démocratie feraient bien de compulser de temps en temps un livre d'histoire et en tirer des conclusions quant aux autres "methode...

le 01/05/2023 à 9:14
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@valbel89 Je me souviens aussi que tu voulais confiner la population française à la chinoise et les vacciner de force pour sauver ta peau ,déjà oublié ?

le 01/05/2023 à 18:32
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@reponse de la chose JE ne veux rien MAIS s'il m'est dit par des gens compétents que le confinement et la vaccination sont un moyen d'épargner la vie de milliers de gens, je me plie à leur décision.

le 02/05/2023 à 10:29
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"MAIS s'il m'est dit par des gens compétents " Que tu écoutes des gens pourquoi pas ,compétent ,cela reste à remontrer d'autant que le gouvernement a aussitôt empêché tout débat sur ce sujet et censuré toute personne qui pouvait contredire la doxa...

à écrit le 29/04/2023 à 9:20
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McKron n'a pas voulu d'un peuple unie derrière lui, il l'a devant lui ! ;-)

le 29/04/2023 à 19:26
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@bref A part des inconscients (des terroristes correctement et régulièrement payés avec de nombreux avantages) qui coupent illégalement le courant à des dizaines de milliers de Français, je ne vous pas tout un peuple derrière qui en a effectiveme...

à écrit le 29/04/2023 à 9:07
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Ces syndicats s'enfoncent dans le ridicule, avec leur obsession pour la retraite à 62 ans. On a l'impression de voir des enfants gâtés qui s'accrochent à leurs petits privilèges

le 01/05/2023 à 17:20
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Moi je voire de socialistes nationales, pour l'instant sans bottes.

à écrit le 29/04/2023 à 8:53
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Pourquoi parler de "mobilisation historique" pour les niveaux annoncés ? 650 000 manifestants maxi France entière, dont 90 000 pour Paris, n'est-ce pas au contraire un futur constat d'essoufflement que la CGT essaie déjà de couvrir par des coupures ...

le 01/05/2023 à 11:45
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Pas besoin de se fâcher, ils finiront bien par retourner au boulot et la tête basse

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