Uber files  : un rapport parlementaire accable Emmanuel Macron

Le rapport final de la commission d'enquête parlementaire sur les Uber Files publié mardi pointe du doigt une relation « opaque et privilégiée » nouée par Emmanuel Macron avec la plateforme américaine.
Selon un rapport parlementaire, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, aurait passé un deal avec Uber pour faciliter son développement en France.
Selon un rapport parlementaire, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, aurait passé un deal avec Uber pour faciliter son développement en France. (Crédits : HANNAH MCKAY)

Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie (2014-2016), a-t-il usé de son influence pour faciliter l'installation d'Uber en France ? Le rapport final de la commission d'enquête parlementaire sur les Uber Files le laisse croire. Publié mardi, il pointe du doigt une relation « opaque » et « privilégiée » nouée par Emmanuel Macron avec la plateforme américaine, y compris depuis son accession à la présidence de la République.

Lire aussi« Uber Files » : les ex ministres Valls et Cazeneuve nient tout accord entre le gouvernement et la société de VTC

Le chef de l'Etat aurait passé, lors de ses années à Bercy, un « deal secret » avec la société américaine pour qu'elle renonce à son application  Uber Pop - qui permettait à des particuliers de transporter des clients à des prix défiant toute concurrence - en échange de la simplification des conditions nécessaires à l'obtention d'une licence de Voiture de transport avec chauffeur (VTC). « C'est au mépris de toute légalité, et grâce à un lobbying agressif auprès des décideurs publics, que l'entreprise américaine est parvenue à concurrencer de manière déloyale » les taxis, pose encore le rapport dans son introduction.

Uber France avait souligné en juillet 2022 que la suspension d'Uber Pop - un service en fonction entre février 2014 et juillet 2015 - n'avait « aucunement été suivie d'une réglementation plus favorable », comme suggéré dans l'idée d'un « deal ».

Selon des éléments mentionnés dans le document par la rapporteure Danielle Simonnet (LFI), Uber a aussi eu « 34 échanges avec les services du président de la République entre 2018 et 2022 ». En juillet 2022, après un article du Monde qui révélait ces liens, le chef de l'Etat affirmait « assumer à fond son action », estimant avoir agi à l'époque « pour créer des milliers d'emplois ». Et d'insister : « je le referais demain et après-demain. »

Auditionnés, Cazeneuve et Valls ont nié l'existence d'un deal entre le gouvernement et Uber en 2015

La commission d'enquête, lancée il y a six mois, a auditionné 120 personnes dont deux anciens Premiers ministres, en mai dernier, Bernard Cazeneuve et Emmanuel Valls, ainsi que d'anciens dirigeants d'Uber pour tenter de cerner les agissement d'Uber en France entre 2014 et 2017.

« Il ne pouvait y avoir de deal sans le ministre de l'Intérieur », a souligné Bernard Cazeneuve, qui occupait alors ce poste rappelant qu'il « n'y a pas à avoir de deal avec des acteurs qui, au motif qu'ils étaient financièrement puissants, estimaient qu'ils étaient au-dessus des lois ».

Manuel Valls, alors Premier ministre, a expliqué « n'avoir jamais eu connaissance d'un deal en 2015 » avant de préciser « qu'il ne l'aurait pas accepté ». Il a toutefois évoqué un « comportement à la hussarde » de la plateforme américaine, caractérisé par une « politique du fait accompli » avec « peu d'égard pour notre droit ».

Parmi les membres de la commission d'enquête, douze députés ont validé le rapport final - tous ceux issus de la Nupes, du groupe Liot ou du RN - mais les dix députés Renaissance et leurs alliés, ainsi que l'unique élu LR, se sont abstenus.

Les conclusions du rapport ont été sévèrement critiquées par le président de la commission d'enquête, Benjamin Haddad (Renaissance), qui a reproché à Danielle Simonnet de politiser l'affaire. « Il n'y a eu ni compromission, ni deal secret  ni conflit d'intérêts, ni contreparties, contrairement à ce que tente de démontrer vainement notre rapporteure », a-t-il écrit dans son avant-propos, témoignant des fortes dissensions entre les membres de la commission d'enquête.

Une affaire déclenchée par la révélation des Uber Files

L'affaire a été déclenchée par la révélation des Uber Files, soit la fuite de 124.000 documents internes recueillis par Mark McGann, ancien lobbyiste pour le compte d'Uber, et communiqués au journal britannique The Guardian. Ils ont mis en avant certaines méthodes employées pendant ces années d'expansion rapide mais aussi de confrontation pour Uber, de Paris à Johannesburg. Le modèle connait toujours le succès : le montant total des réservations faites depuis l'application a grimpé de 19% au premier trimestre, 2023 à 31,4 milliards de dollars, porté par un bond de 40% de la demande pour les trajets en voiture avec chauffeurs.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 18/07/2023 à 17:12
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s'il s'appelait Nixon il aurait déjà démissionné. Dans notre "démocratie" à compartiments, ce sera juste une vaguelette traitée par le mépris

à écrit le 18/07/2023 à 16:32
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Macron a fait son apprentissage à la French-American Foundation tout comme cinq cents autres personnalités françaises dans le cadre de son programme Young Leaders.Il a donc appris à privilégier les intérêts américains sur notre sol.

à écrit le 18/07/2023 à 15:35
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Un de plus c'est pour ça que cette réaction de nos champions concernant l'américaine embauchée par madame Pfyzer est vraiment étrange, serait un réseau américain contre un autre ? Le déclin c'est beaucoup trop long vers la fin.

à écrit le 18/07/2023 à 15:26
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Et ??? Le parlement peut faire toutes les enquêtes et rapport qu'il souhaite, rien ne perturbera quelqu'un soutenu à la fois par l'administration française dont il émane, et les USA. Le pouvoir du parlement a été phagocyté par l'administration dont d...

le 18/07/2023 à 16:09
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la toute jeune société ( française ) VITT basée a LYON avait un avenir prometteur pour nos chauffeurs ! hélas doit déposer le bilan. en aurait elle aussi été victime ! probablement

à écrit le 18/07/2023 à 14:05
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Bref : encore une cabale parisienne. C'est comme ça depuis le XVIIième siècle.

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