Un chômage à 7% en 2022 : la promesse de Macron est-elle tenable ?

Avec un taux de chômage à 7,4%, l'année 2021 s'achève par une bonne nouvelle pour l'exécutif. Le coup de frein de la croissance en début d'année pourrait cependant compromettre le pari d'Emmanuel Macron d'atteindre un chômage à 7% avant la fin de son quinquennat.
Grégoire Normand
Cette baisse du chômage pourrait être un atout pour Emmanuel Macron qui n'a toujours pas présenté sa candidature à la présidentielle.
Cette baisse du chômage pourrait être un atout pour Emmanuel Macron qui n'a toujours pas présenté sa candidature à la présidentielle. (Crédits : Reuters)

L'ancien chef d'Etat François Hollande avait fait de l'inversion de la courbe du chômage une promesse de campagne difficilement tenable. Sans aller sur le terrain miné des courbes, Emmanuel Macron pourrait réussir son pari d'atteindre un taux de 7% d'ici la fin du quinquennat. D'après les chiffres de l'Insee dévoilés ce vendredi 18 février, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) s'est établi à 7,4% de la population active à fin décembre. L'institut de statistiques a ainsi révisé favorablement, de 0,4 point, ses chiffres de décembre dernier.

En effet, les statisticiens tablaient sur un chômage à 7,8% en fin d'année 2021 et 7,6% à la fin du premier semestre 2022. C'est un niveau jamais atteint depuis la crise des subprimes en 2008. Sur l'antenne de France Inter, la ministre du Travail Elisabeth Borne s'est félicitée de ces résultats. "Personne n'imaginait qu'on puisse avoir de tels résultats en sortant d'une des crises économiques les plus graves qu'on ait connues au cours des dernières décennies", a-t-elle déclaré.

Lire aussi 3 mnBaisse historique du chômage (7,4%) et, pour les jeunes, du jamais-vu depuis quarante ans

Le variant Omicron et des prévisions économiques à la baisse

A ce rythme, le taux de chômage pourrait s'établir à 7% avant le premier tour du scrutin en avril mais à ce stade, il est encore difficile de tabler sur une baisse continue du nombre de demandeurs d'emploi. L'éruption du variant Omicron et l'envolée des contaminations entre décembre dernier et le début d'année pourraient venir percuter cette décrue.

"Le chiffre du chômage du premier trimestre sera connu seulement au mois de mai. Le début de l'année est légèrement plus compliqué en raison du variant Omicron. Il y a une légère érosion sur le front de l'emploi. Cela laisse supposer qu'il y a une situation moins favorable en décembre et en janvier. Cela peut faire plafonner les créations d'emplois. A partir de février, on peut s'attendre à des créations plus dynamiques et des tensions de main d'œuvre. Au cours du premier trimestre, on peut s'attendre à une stabilisation et une baisse du chômage pour les trimestres d'après", a expliqué à La Tribune, Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez BNP Paribas.

De son côté, l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier table dans une note "sur un marché du travail [qui] restera solide en 2022 avec des créations d'emplois toujours dynamiques, même si leur rythme va baisser pour évoluer davantage en lien avec l'activité."

Outre le variant Omicron, la plupart des instituts de prévision et de conjoncture comme le FMI ou la Banque mondiale ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance de l'économie tricolore pour l'année 2022 en raison notamment de nombreuses tensions sur les prix de l'énergie, le recrutement ou la situation géopolitique alarmante en Ukraine.

De son côté, l'Insee a également légèrement dégradé son scénario de croissance pour le premier trimestre lors du dernier point de conjoncture en février. "Le profil de la croissance est plus infléchi au premier trimestre et un peu plus élevé au second trimestre", a expliqué le chef du département de la conjoncture Julien Pouget lors d'une réunion avec des journalistes la semaine dernière.

200.000 chômeurs en moins au dernier trimestre

La forte baisse du chômage au dernier trimestre s'explique avant tout par un bond de la croissance plus fort qu'attendu. Les conjoncturistes de l'Insee ont révisé à la hausse la plupart des chiffres du PIB en glissement trimestriel en 2021. Après un plongeon abyssal en 2020, les moteurs de la croissance sont repartis à plein régime l'année dernière, sous l'effet d'un rebond mécanique notamment. Résultat, le nombre de chômeurs a baissé de près de 200.000 personnes au dernier trimestre pour s'établir à 2,2 millions de personnes.

Après être resté stable pendant plusieurs trimestres autour de 8%, le niveau de chômage a chuté en fin d'année à son plus bas depuis 2008 si l'on excepte "la baisse en trompe l'oeil" de 2020 précise l'organisme public basé à Montrouge. "Cette baisse du chômage fait écho à de fortes créations d'emplois. Il y a un alignement des résultats entre les chiffres de Pôle emploi et ceux de l'Insee. Dans le secteur privé, il y a 300.000 emplois de plus qu'avant le Covid. Les créations d'emplois ont été très dynamiques dans les services marchands. C'est une baisse spectaculaire, encore plus forte que ce qui était prévu. En parallèle, le taux d'emploi au plus haut depuis les années 70 montre une bonne dynamique," poursuit Stéphane Colliac.

Une baisse importante du chômage chez les jeunes

Les chiffres de l'Insee montrent que le chômage a particulièrement baissé chez les jeunes. Il s'est établi à 15,9% de la population active en fin d'année contre 19,5% au trimestre précédent, soit une baisse de 3,6 points. Au début du quinquennat Macron, le chômage des jeunes culminait à 24,7%.  Après la crise de 2008 et la crise des dettes souveraines de 2012, cette catégorie de la population avait subi le choc de la récession.

Au pic de la pandémie, les jeunes ont payé un lourd tribut de l'avis de nombreux spécialistes. Les confinements ont souvent été synonymes de pertes de petits boulots ou de baisses de revenus. Plus de deux ans après l'arrivée du virus sur le sol européen, le marché du travail s'est embelli pour cette catégorie.

"Avec un chômage proche de son plus bas historique sur les 40 dernières années, on n'est pas loin du plein emploi chez les 25-49 ans. Il reste beaucoup moins de personnes à embaucher qu'auparavant. Les recrutements atteignent des personnes qui étaient vraiment éloignées du marché du travail. Les entreprises vont devoir aller embaucher des profils en sortie d'étude. Le taux de chômage des 25-49 ans est très bas, cela bénéficie aux plus jeunes", indique Stéphane Colliac.

La baisse du chômage peut également s'expliquer par une envolée des embauches d'apprentis. En effet, il faut rappeler que les entreprises ont embauché des apprentis à tour de bras en raison notamment des aides conséquentes mis en œuvre par le gouvernement. En 2021, près de 720.000 contrats d'apprentissage ont été signés.

La situation est cependant loin d'être favorable pour tous les jeunes. En effet, ceux qui ne sont ni en formation, ni en emploi, les fameux "NEET" sont encore nombreux. Leur part a augmenté de 0,5 point au cours du dernier trimestre pour atteindre 12,2%. Même si ce taux retrouve son niveau d'avant crise, il représente une part oscillant entre 12% et 15% des jeunes entre 15 et 29 ans depuis 2014.

Un bond du halo du chômage

Derrière cette décrue du chômage, tous les indicateurs ne sont pas au vert. Le nombre de personnes dans le halo du chômage a bondi de 48.000 au cours du dernier trimestre après une forte baisse au trimestre précédent (-187.000). Ces personnes qui ne sont considérées comme chômeurs parce qu'elles ne répondent pas forcément aux critères du BIT, c'est à dire qu'elles ne recherchent pas d'emploi, ou ne sont pas disponibles, sont tout de même 1,9 million en France. Depuis 2012, le nombre de personnes dans cette catégorie n'est jamais redescendu en dessus du seuil de 1,5 million. Si le pari d'un chômage à 7% se rapproche, l'objectif du plein emploi est encore très loin d'être atteint.

Grégoire Normand
Commentaires 15
à écrit le 20/02/2022 à 14:16
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On peut vous faire passer en Allocation Adulte Handicapé pour troubles mentaux. On mettra ce qu'il faut pour que ça passe. On a des accords avec des spécialistes qui travaillent pour nous. L'AHH c'est plus intéressant que le RSA. Si vous qui voyez. C...

à écrit le 20/02/2022 à 11:54
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Moins de demandeurs d'emploi mais toujours autant sinon plus de pauvres... Manifestement l'avenir appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt.

à écrit le 19/02/2022 à 18:50
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Oui on peut en bourrant les organismes de formation appartenant aux copains avec des formateurs et formations bidon: 6 mois pour apprendre à tenir un balai, une formation en PNL avec diplôme de Maitre Praticien en PNL à la clé qui vous permettra de c...

à écrit le 19/02/2022 à 18:08
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7 pour cent ou 7'4 la difference est bien minime macron est toujours aussi parieur mais on joue sur des emplois pas au loto et le moidre grain de sable casse la barraque ! mais c'est macron le jongleur s'il se trompe en supposant qu'il soit reel...

à écrit le 19/02/2022 à 11:27
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En continuant d'emprunter à tout va, via les comptes publiques ou le bilan comptable d'entreprises où l'état est actionnaire, c'est sûr qu'il peut y arriver. Tout le monde pourrait y arriver en fait. Sauf que tout ceci crée des inégalités de richesse...

le 19/02/2022 à 11:50
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7% au lieu de 7,4% aujourd'hui c'est tout à faiut tenable car on ne regarde pas les autres catégories B, C et D qui avec la A totalisent la bagatelle de 5,9 millions de chômeurs. Sans parler de tous ceux qui ne s'inscrivent plus tellement Pôle Emploi...

le 19/02/2022 à 17:40
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Si la croissance prévue pour 2022 s'opère, théoriquement les investissements, programmes et usines qui sont déjà engagés suffiront pour réduire le chômage, surtout que l'automobile et l'aéronautique, qui ont réduit leurs effectifs durant la COVID ont...

à écrit le 19/02/2022 à 9:09
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Et maintenant, des difficultés pour trouver des employés qualifiés.

à écrit le 19/02/2022 à 8:32
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En 2017, dans ma famille nous avions 3 chômeurs et nous étions inquiets pour le petit dernier sans formation, aujourd’hui tout le monde a un travail, même si le niveau des payes restent encore à améliorer.

à écrit le 19/02/2022 à 3:08
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quand on regarde autours de soit, on sait que ce chiffre est bidon.

à écrit le 18/02/2022 à 20:28
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Bravo, excellente nouvelle, si elle pouvait être vrai...

à écrit le 18/02/2022 à 18:28
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La situation est vite sondée, le VRAI chômage sous Macro est passé à 21%, tout ce qu' a approché Macron aura brûlé sur pied en 5 ans..

le 18/02/2022 à 20:13
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C'est quoi le vrai chomage ? une définition ?

à écrit le 18/02/2022 à 17:27
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Au lieu de faire parler tout le temps les chiffres on pourrait faire parler les chômeurs de temps en temps histoire de réellement sonder la situation.

le 19/02/2022 à 2:52
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Estimation bidonnee. En micronie tout est mensonge. Z et vite.

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