Sous le précédent quinquennat, certains rêvaient d'inverser la courbe. Emmanuel Macron l'a fait. En 2021, le nombre d'inscrits en catégorie A à Pôle emploi a baissé de près de 500.000 en un an. Une chute spectaculaire, qui permet à la France de retrouver les plus bas niveaux depuis 2012, avec un peu plus de 3,3 millions d'inscrits.
Le chef de l'Etat bénéficie, certes, d'un fort effet rattrapage, avec une reprise plus forte qu'anticipée après le trou d'air de 2020. Mais, il récolte en partie, les fruits de sa politique pendant la crise : le fameux quoiqu'il en coûte a permis de préserver les entreprises, qui aujourd'hui, ont les moyens de recruter.
A trois mois de l'élection présidentielle, ces bons résultats sont assurément un atout que le chef de l'Etat ne manquera de mettre en avant, s'il se présente pour un second mandat.
Une bonne nouvelle économique et politique
Sur le front de l'emploi, la dynamique a été positive tout au long de l'année dernière. Comme en témoigne le reflux enregistré dans les 3 grandes catégories de demandeurs d'emploi (en comptant B et C, qui prend en compte des personnes en recherche d'emploi, mais ayant une activité réduite). Au total, pour A-B-C, le nombre de demandeurs d'emplois s'établit à 5,6 millions.
Et c'est chez les jeunes que le recul est le plus marqué. Ainsi au quatrième trimestre, la baisse en catégorie A pour les actifs de moins de 25 ans atteint -8,5 % en métropole. Sur l'année, le nombre de chômeurs dans cette catégorie a chuté de près de 18%, soit 87.000 inscrits en moins.
Alors que le gouvernement a fait de l'emploi des jeunes sa priorité - avec le développement de l'apprentissage, la distribution de primes pour les employeurs qui recrutent un jeune, ou encore le lancement du contrat d'engagement jeunes - Emmanuel Macron y verra les résultats de sa politique.
Une tendance qui malgré les variants du Covid devrait se poursuivre
Ces chiffres viennent confirmer l'enquête menée par l'Apec, l'association pour l'emploi des cadres, publiée en début de semaine, et qui prévoit une année record pour 2022 : 67% des entreprises de plus de 250 salariés prévoient de recruter au premier trimestre au moins un cadre, soit 12 points de plus qu'un an plus tôt. Aussi, les niveaux d'avant-crise, déjà très bons, devraient être encore améliorés.
Après avoir enregistré 280.000 recrutements en 2019, "la dynamique positive des recrutements enclenchée l'an dernier devrait se poursuivre en 2022. Nous approchons du plein emploi pour les cadres", estime ainsi Gilles Gateau, le directeur général de l'organisme.
Du côté de Pôle emploi, même optimisme : le service public note une augmentation de 30% des annonces déposées sur son site ces derniers mois. Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Les recrutements sont nombreux dans la santé, l'action sociale, le transport, la logistique, l'informatique, les métiers liés au numérique et à la data, ceux liés à l'environnement ... En revanche, les annonces sont moins fournies dans l'automobile, la communication, et les médias.
Un effet sur les salaires
Il n'empêche, lors d'une conférence de presse, ce lundi 24 janvier, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, assure ne pas avoir assisté à un tel phénomène depuis 30 ans : "il n'y a pas un jour sans que je ne croise un chef d'entreprise qui ne se plaint pas de problèmes de recrutement." De quoi freiner la croissance.
Mais aussi inverser le rapport de forces entre les employeurs et les salariés, pour les embauches mais aussi pour les salaires. Ainsi, selon l'Apec, 38% des cadres ont déjà refusé ces derniers mois, une offre d'emploi à cause d'un salaire insuffisant.
Si le patron des patrons assure que la plupart des entreprises vont relever les rémunérations cette année, reste à savoir où se situera le curseur. Selon le cabinet LHH, par exemple, il faut s'attendre à des hausses de 2,5% en moyenne. Soit un niveau inférieur à l'inflation.
Des plans pour le chômage de longue durée
Seule petite ombre au tableau : le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi. Certes, il a également diminué, mais cette catégorie représente encore près d'un chômeur sur deux. Et, nombre d'entre eux sont des séniors, pour qui l'embellie a été moins importante par exemple au quatrième trimestre -4,1% de baisse contre - 6,7% pour les 25-49 ans.
Aujourd'hui, en France, l'âge reste un facteur déterminant et handicapant pour retrouver un job. Pourtant, selon l'enquête de l'APEC, un quart des seniors est par exemple prêt à rogner sur le salaire pour être embauché. Pour ce public, le gouvernement a promis le déploiement de dispositifs spécifiques.
Idem, pour les jeunes très éloignés de l'insertion. L'exécutif mise sur le contrat d'engagement jeune, avec l'objectif d'accompagner dans ce cadre 100.000 jeunes en 2022. Et encore améliorer l'emploi chez les moins de 25 ans.
C'est pour assurer ces missions ciblées que Pôle emploi a d'ailleurs pu maintenir une partie des effectifs qui lui avaient été alloués pendant la crise alors même que le nombre de demandeurs d'emploi a chuté. Près de 3.400 postes ont ainsi été préservés cette année pour le service public de l'emploi.