Une majorité de Français prône le télétravail, les syndicats veulent l'encadrer

Le gouvernement a invité lundi à télétravailler « autant que possible » dans les zones d'alerte renforcée et maximale. Une nouvelle façon de travailler largement plébiscitée par les Français. Les syndicats réclament eux un accord contraignant sur le sujet, alors que le patronat y est opposé.
(Crédits : Christian Hartmann)

Déjà « recommandé » dans le protocole sanitaire des entreprises, le gouvernement appelle désormais à recourir au télétravail « autant que possible » dans les zones d'alerte renforcée et maximale. C'est ce qu'a prôné la ministre du Travail, Élisabeth Borne, lors d'une rencontre avec les syndicats et le patronat ce lundi 5 octobre. Déjà la veille, Matignon avait annoncé souhaiter que le télétravail soit « plus que jamais » privilégié au vu de la multiplication des cas de contamination, entraînant notamment le passage de Paris et la petite couronne en zone d'alerte maximale.

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Dans le protocole sanitaire établi fin août dans les entreprises - et mis à jour le 17 septembre dernier -, le télétravail est recommandé notamment pour « limiter l'affluence dans les transports en commun ». « Compte tenue de la situation actuelle avec une circulation du virus qui continue, la mise en œuvre du télétravail peut être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la continuité de l'activité de l'entreprise et garantir la protection des salariés », peut-on lire.

Une politique qui tombe à pic. Les sondages sont unanimes sur l'envie des Français de recourir au télétravail : 73% des télétravailleurs souhaitaient en effet demander à continuer de pratiquer le télétravail de manière régulière (pour 32%) ou ponctuelle (41%) d'après un sondage réalisé pendant le confinement par Malakoff Humanis. Ils étaient même 88% selon une autre étude d'Anact, l'agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. Début septembre, un sondage de l'institut Yougov pour Capital montrait que 75% des personnes qui ont télétravaillé pendant le confinement voulaient continuer au cours des prochains mois. Parmi eux, 40% penchent pour deux jours par semaine de travail à distance des bureaux et 21% pour la semaine intégrale.

Plébiscité mais loin d'être adopté

Le télétravail s'est massivement développé pendant le confinement avec seulement un quart des salariés travaillant sur site en mars. Une tendance qui a sensiblement changé avec le déconfinement : depuis juillet un salarié sur dix poursuivait son activité à distance.

Mais depuis la rentrée, « les entreprises ont eu tendance à faire revenir les salariés sur site », considère Éric Chevée, chargé du dossier télétravail à la CPME. Une tendance qui a toutefois été « freinée à partir d'octobre à cause de la progression de la maladie », tempère-t-il. Depuis septembre, « ces recommandations de télétravail sont suivies de loin », appuie Jérôme Vivenza, secrétaire confédéral à la CGT, assurant que les entreprises invitent les salariés à revenir travailler « en présentiel ». Les déclarations gouvernementales depuis dimanche vont faire « redémarrer un cycle d'encouragement au télétravail », estime Cyril Chabanier, président de la CFTC.

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Début des négociations en novembre

Alors qu'une négociation en vue d'un accord national interprofessionnel (Ani) doit démarrer le 3 novembre, les syndicats regrettent que le patronat ait traîné des pieds depuis le printemps pour consentir à ouvrir ces discussions. « Il risque d'y avoir des réticences à reprendre le télétravail car beaucoup de questions posées pendant le confinement sont restées en suspens. La négociation aurait pu y répondre », tâcle Jérôme Vivenza.

Parmi les sujets sur la table de la négociation, les syndicats souhaitent aborder la charge de travail, la prise en charge de coûts directement liés au télétravail et la déconnexion, la protection des données, la problématique de la garde des enfants lorsque les classes sont fermées, les personnes vulnérables, l'égalité femmes-hommes, etc.

Pas sûr toutefois que la négociation aboutisse à un consensus, car le Medef a prévenu qu'il souhaitait que le texte ne soit « ni normatif », « ni prescriptif », au grand dam des syndicats. « Nous ne sommes pas sur l'idée de modifier le corpus réglementaire », confirme Éric Chevée, soulignant que depuis janvier, près de 600 accords sur le télétravail ont été signés, prévoyant notamment deux à trois jours de télétravail par semaine. « Ça fait des mois qu'on réclame un Ani. Il faut que le gouvernement mette la pression sur le patronat pour un accord normatif rapide, alors qu'on se dirige peut-être à nouveau vers une généralisation du télétravail », conclut Cyril Chabanier.

(Avec Bertille Ossey-Woisard, AFP)

Commentaires 3
à écrit le 05/10/2020 à 18:30
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Dans ma campagne, les boxes internet des hommes vont plus vite. Merci les syndicats de nous défendre.

à écrit le 05/10/2020 à 18:01
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"Une majorité de Français prône le télétravail" On peut rappeler que le télétravail concerne seulement un emploi sur trois et en majorité des cadres.Pour résumer ,c'est plutôt une majorité de Français qui font du télétravail pendant le covid souhait...

à écrit le 05/10/2020 à 17:22
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Ma compagne pendant sa durée de télétravail a économisé 200 euros d'essence par mois. On comprend que les gens, surtout à la campagne j'imagine dans laquelle nous avons des maisons plus spacieuses mais surtout dans laquelle nous sommes bien plus loin...

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