Y a-t-il un risque de radicalisme religieux en entreprise ?

On est très loin de la cote d'alerte, mais les organisations patronales et professionnelles surveillent davantage qu'auparavant la question du fait religieux en entreprise. Les cas de prosélytisme avérés restent très rares.
Jean-Christophe Chanut
Les organisations patronales commencent à s'intéresser à la question du fait religieux en entreprise.

Les entreprises sont-elles à l'abri de la montée de la radicalité religieuse ? Est-ce un problème pour elles ? Des questions sensibles que plusieurs organisations professionnelles ou patronales ont décidé de ne plus éluder.

Ainsi, il y a quelques années, l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) avait rédigé une sorte de code de "bonne conduite", suggérant de mieux prendre en compte les différentes religions présentes dans les entreprises, afin d'éviter d'éventuels conflits.

Plus récemment, le Medef a décidé, sous l'autorité de Thibault Lanxade, l'un des vice-présidents de l'organisation, de monter une commission chargée de s'intéresser à la « montée du fait religieux en entreprise ».

« Il s'agit de trouver des outils à mettre à la disposition des chefs d'entreprise confrontés à ce phénomène », explique Thibault Lanxade.

A la CGPME, on se montre serein. « Nous n'avons pas eu de remontées de terrain significatives », relate Jean-Eudes Dumesnil, secrétaire général de l'organisation, « mais il est vrai que, globalement, la petite taille de nos entreprises adhérentes permet de plus facilement régler les problèmes de prosélytisme d'un salarié que dans les plus grandes. En revanche, Il est exact que le ministère de l'Intérieur nous a demandé de sensibiliser nos adhérents à la question. »

Les signes extérieurs religieux sont très pénalisants à l'embauche

Et dans les plus grandes structures, le risque est-il croissant?

« Non, pas réellement, explique Sophie Gherardi, directrice et fondatrice du Centre d'étude du fait religieux contemporain (Cefrelco). Et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, les personnes tentées par la radicalité sont rarement insérées dans les entreprises, au contraire, elles sont déjà éloignées du marché du travail. Ensuite, il ne faut pas oublier que les signes extérieurs de religion constituent les motifs les plus pénalisants au moment du recrutement : foulard, barbe ne sont pas du meilleur effet. Alors, bien sûr, certains peuvent toujours pratiquer une sorte d'entrisme en se présentant, par exemple, avec la barbe rasée. Mais c'est rare. Maintenant, les entreprises ne sont pas séparées de la société donc il est évident qu'elles sont confrontées à un devoir de vigilance sur cette question. »

Il est vrai que l'affaire  "Yassin Salhi"  a quelque peu glacé le sang. Ce chauffeur avait tenté  en juin dernier de faire sauter l'usine de gaz industriel de la société Air Products a Saint-Quentin-Fallavier (Isère) après avoir préalablement placé la tête tranchée de son employeur, propriétaire du véhicule, sur le grillage d'enceinte, entourée de drapeaux islamistes...

Le strict respect de la laïcité

En revanche, les mentalités évoluent sur le fait religieux. Depuis trois ans, le géant de l'intérim Randstad réalise une enquête annuelle sur cette question.

Or, il y a encore deux ans, les deux-tiers des salariés ne répondaient pas aux questions sur la laïcité. Et dans la dernière livrée, datant du lendemain des attentats de janvier 2015 à Paris... c'est l'inverse : 70% des sondés se préoccupent du sujet et demandent un strict respect du principe de laïcité en entreprise... Une façon d'éviter le prosélytisme.

Alors, certes, ici ou là, il y a eu des tentatives "d'infiltration". Ainsi, chez l'opérateur de téléphonie Orange, quelques radicaux ont tenté de contrôler des agences installées dans des endroits sensibles. Chez Renault, la CGT a dû mettre bon ordre dans certaines de ses sections syndicales noyautées par des islamistes. A la RATP aussi, notamment sur les lignes de bus desservant la banlieue Nord, des fondamentalistes seraient à la manœuvre. La direction serait en train de "faire le ménage".

Mais il s'agit vraiment de phénomènes isolés.

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Pour aller plus loin:

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 6
à écrit le 17/11/2015 à 12:25
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Ce matin un syndicaliste témoignait qu’un individu de confession « musulmane » travaillant comme chauffeur de bus à la RATP avait refusé de de reprendre le bus d’une salariée qui était rentrée au dépôt après son service , impossible se s ’assoir dans...

à écrit le 17/11/2015 à 7:58
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Il y a une autre porte d'entrée de la radicalité religieuse en entreprise. Ce sont les salariés des grands groupes qui viennent de l'étranger, qui ne connaissent pas la laïcité et tentent d'imposer leurs pratiques. Des cadres de mon entreprise, musul...

le 17/11/2015 à 8:48
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C'est de la naïveté de croire qu'un DRH puisse faire changer le comportement de ces gens dont la doxa religieuse est ancrée inconsciemment depuis des siècles. Ce que vous avez vu de leur mépris pour notre culture n'est qu'un avant goût de ce que la s...

à écrit le 17/11/2015 à 0:44
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En général pas très enclins a se consacrer à cette passion , les allocs sont acceptées.

à écrit le 16/11/2015 à 18:45
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Etant militant syndical, j'ai entendu parler du fait qu'à la RATP, dans un dépôt, une organisation syndicale était largement infiltrée par des militants islamistes intégristes, au point qu'ils sont surnommés "Force Orientale", refusent de serrer la m...

le 16/11/2015 à 20:01
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Merci pour votre information.... A suivre.

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