Aide humanitaire : à 46 milliards de dollars, l'appel aux dons de l'ONU en baisse

Les Nations unies viennent de lancer leur appel aux dons annuel. Il s'élève à 46,4 milliards de dollars en 2024 pour venir en aide à 180,5 millions de personnes dans le monde. Une somme toujours colossale mais en baisse par rapport à l'année précédente. Non pas que la situation s'améliore, au contraire les perspectives sont jugées « sombres », mais car le soutien de la communauté internationale diminue.
L'appel aux dons vise à financer des opérations dans 72 pays. Il s'agit en premier lieu de la Syrie, suivie de l'Ukraine, l'Afghanistan, l'Ethiopie et le Yémen.
L'appel aux dons vise à financer des opérations dans 72 pays. Il s'agit en premier lieu de la Syrie, suivie de l'Ukraine, l'Afghanistan, l'Ethiopie et le Yémen. (Crédits : FIRAS MAKDESI)

46,4 milliards de dollars : c'est l'appel de fonds des Nations unies pour venir en aide à 180,5 millions de personnes dans le monde en 2024. Une somme « massive » comme l'a reconnu le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths, dans un communiqué publié ce lundi 11 décembre. Probablement difficile à rassembler dans la mesure où de nombreux pays donateurs traversent des difficultés économiques.

« Les humanitaires sauvent des vies, luttent contre la faim, protègent des enfants, repoussent les épidémies, et fournissent des abris et installations sanitaires dans les situations les plus inhumaines », a-t-il rappelé. Et d'avertir : « Sans le financement adéquat, nous ne pourrons apporter une assistance vitale. Et si nous ne pouvons apporter cette assistance, les gens le paieront de leur vie ».

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Il pourrait y avoir près de 300 millions de personnes dans le besoin dans le monde en 2024, selon Martin Griffiths. Mais les Nations unies ne concentreront leurs efforts que sur 180,5 millions d'entre elles, les autres pouvant aussi obtenir l'assistance d'ONG et de diverses organisations ainsi que des pays eux-mêmes.

Des opérations nécessaires dans 72 pays

L'appel aux dons vise à financer des opérations dans 72 pays : 26 États en crise et 46 pays voisins qui en subissent les répercussions, comme l'afflux de réfugiés. Il s'agit en premier lieu de la Syrie (4,4 milliards de dollars), suivie de l'Ukraine (3,1 milliards), l'Afghanistan (3 milliards), l'Ethiopie (2,9 milliards), et le Yémen (2,8 milliards).

Dans le détail, la première zone géographique concernée par cet appel de fonds est le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (13,9 milliards). Mais Martin Griffiths a également attiré l'attention sur les besoins en Birmanie, en Ukraine qui traverse un « hiver désespéré » avec la perspective d'une intensification de la guerre, et au Soudan qui, selon lui, n'obtient pas l'attention qu'il mériterait de la part des capitales occidentales.

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Concernant le Venezuela, le responsable onusien a dit espérer que le dialogue politique permettra de débloquer les avoirs gelés et constituera un « très bon exemple de dialogue menant à des récompenses sociales ». En Afghanistan, il a estimé que si des investissements économiques pouvaient être réalisés sans perdre de vue les droits de l'Homme, la communauté internationale pourrait éviter une famine potentielle à moindre coût.

Outre les conflits, le climat

À noter par ailleurs que les besoins liés aux effets du changement climatique sont également de plus en plus importants.

« Il ne fait aucun doute que le climat entre en concurrence avec les conflits en tant que moteur des besoins. Le climat déplace plus d'enfants maintenant que les conflits. Il n'en a jamais été autant ainsi par le passé », a constaté le chef des opérations humanitaires de l'ONU.

Or, dans un rapport publié début novembre, l'ONU alertait sur le fait que les pays en développement ne sont pas assez préparés pour affronter les conséquences du réchauffement climatique. Les financements ont reculé si bien que le déficit de financement ne fait que se creuser. « Cette incapacité à s'adapter de manière adéquate intensifie la crise climatique », s'alarmaient les auteurs du rapport. Ce qui éloigne la perspective du respect des accords de Paris visant à contenir le réchauffement « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels », mais cela aura surtout « des conséquences massives sur les dégâts en particulier pour les plus vulnérables ».

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Un appel aux dons en baisse

Reste que l'ampleur de cet appel annuel et le nombre de bénéficiaires que l'ONU cherche à aider ont été revus à la baisse par rapport à 2023, en raison de la diminution des dons.

« Le soutien nécessaire de la communauté internationale n'est pas à la hauteur des besoins », a déploré Martin Griffiths.

Pour rappel, les Nations unies avaient lancé un appel pour 2023 à hauteur de 56,7 milliards de dollars. Mais n'en ont reçu que 35%, soit le pire déficit de financement depuis des années. Les agences de l'ONU ont néanmoins apporté assistance et protection à 128 millions de personnes.

2023 est d'ailleurs en passe de devenir la première année, depuis 2010, lors de laquelle les dons pour l'aide humanitaire ont diminué par rapport à l'année précédente. Aussi, pour 2024, l'ONU a décidé de réviser à la baisse son appel aux dons, choisissant de se concentrer sur les besoins les plus urgents.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 11/12/2023 à 10:50
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Ben oui les pauvres doivent financer la misère et la mort que les riches leurs imposent, profonde vérité tranchante comme une lame de rasoir à l'origine des plaies béantes de notre humanité. ONG, États, mégas riches mêmes combats.

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