Argentine  : face à l'inflation, le gouvernement Milei rehausse de 30% le salaire minimum

Alors que l'inflation dépasse actuellement les 250% par an et que de plus en plus d'Argentins vivent une situation d'extrême pauvreté, le gouvernement argentin du président Milei a décidé d'augmenter de 30% le salaire minimum.
Début février, Javier Milei, a subi un premier sérieux revers au Parlement, où faute de soutien, son train de réformes dérégulatrices a été renvoyé en commission.
Début février, Javier Milei, a subi un premier sérieux revers au Parlement, où faute de soutien, son train de réformes dérégulatrices a été renvoyé en commission. (Crédits : TOMAS CUESTA)

Une majorité d'Argentins a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Selon une récente étude publiée par l'Observatoire de la dette sociale de l'Université catholique d'Argentine (UCA), 57% de la population, soit plus de 26 millions de personnes, vit sous le seuil de pauvreté, soit le chiffre le plus élevé depuis l'établissement de cette mesure privée, il y a 22 ans. Les données officielles sur la pauvreté montrent jusqu'à présent que 45% des Argentins ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Pour tenter d'y remédier, et face à l'échec des négociations sur le salaire minimum entamées entre le gouvernement, les chambres de commerce et les syndicats, la présidence a décidé de porter en février le salaire minimum à 180.000 pesos (204 dollars), puis en mars à plus de 202.000 pesos (230 dollars). Cette décision concrétise une augmentation totale de 30%. Le ministre de l'Economie, Luis Caputo, a indiqué lundi soir que le gouvernement allait décréter l'augmentation du salaire minimum.

Lire aussiInflation en Argentine : l'OCDE remonte sa prévision à... 250% en 2024

Risque de « catastrophe sociale »

Après avoir eu connaissance des chiffres sur la pauvreté, le nouveau président argentin, Javier Milei, élu en décembre, a mis en cause la classe politique.

« Le véritable héritage du modèle de caste : six Argentins sur dix sont pauvres. La destruction (de l'économie) ces cent dernières années n'a pas d'équivalent dans l'histoire de l'Occident », a asséné samedi soir sur le réseau social X le chef de l'Etat argentin, ultralibéral.

Dans les colonnes de La Nación dimanche dernier, le directeur de l'Observatoire, Agustín Salvia, a expliqué que ce rapport était « une simulation statistique » reposant sur les données « du troisième trimestre » de 2023. Mais « je ne pense pas que nous soyons très loin de la réalité actuelle » a-t-il ajouté. « Si l'inflation ralentit, il y aura une atténuation rapide (de cette situation). Sinon, nous serons confrontés à une catastrophe sociale. »

Pas de répit sur le front de l'inflation

Début février, l'OCDE a fortement remonté sa prévision de la hausse des prix pour le pays en 2024, à 250,6%, contre 157,1% évalués en novembre. L'inflation « s'est accélérée à la fin de 2023, ce qui laisse augurer un fort effet d'acquis pour l'inflation annuelle moyenne en 2024 », a expliqué l'organisation, dans un rapport.

Après une dévaluation de 50% de la monnaie nationale, le peso, la libéralisation des prix et leurs fortes hausses, l'inflation en janvier en Argentine a atteint 20,6% et, sur 12 mois, elle a été de 254,2%. L'année 2023, la dernière du gouvernement d'Alberto Fernández (centre gauche), s'est achevé avec un taux d'inflation de 211%, dont 25,5% pour le seul mois de décembre.

La récession, épée de Damoclès

La troisième économie d'Amérique latine est par ailleurs menacée de récession en 2024, sous l'effet des premières mesures d'austérité décrétées par le président ultralibéral : la dévaluation du peso de 50%, la fin du contrôle des prix, et celle, par étapes, des subventions aux transports et à l'énergie. Si, début février, Javier Milei, a subi un premier sérieux revers au Parlement, où faute de soutien, son train de réformes dérégulatrices a été renvoyé en commission, il reste déterminé à les faire appliquer.

« Notre programme a été voté par 56% des Argentins et nous ne sommes pas disposés à le négocier avec ceux qui ont détruit le pays », avait alors dénoncé le président argentin.

Celui-ci entend « poursuivre » le programme « avec ou sans le soutien des dirigeants politiques qui ont détruit notre pays ». Mais, a-t-il reconnu, « il ne sera pas facile de changer un système dans lequel les hommes politiques se sont enrichis aux dépens des Argentins ». Il répète à l'envi « qu'il n'y a pas de plan B » à l'austérité pour redresser l'économie. Le FMI a prédit une récession de 2,8% en 2024, sous l'effet des premières mesures d'austérité, dont la dévaluation de 50% du peso.

(Avec AFP)

Commentaires 14
à écrit le 21/02/2024 à 19:54
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la gauche ne renonce a rien dans sa propagande, bienveillance oblige!!!!!!!!!!!! au VENEZUELA aussi les gens vivent avec moins de 2 euros par jour a cause des uiltras neo liberaux medef mondialise de maduro...et poutine est d'accord, meme ideologie p...

à écrit le 21/02/2024 à 18:47
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Si La Tribune m'autorise - comme j'ai abordé le cas chilien dans un de mes posts publiés - il me semble donc que cette intervention publiée sur un blog d'Expert en Suisse et en 2021 tombe à propos (du moins sur le fond et sur ce qui nous attend en Fr...

à écrit le 21/02/2024 à 12:14
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Et la dépouille se poursuit dans ce qui fut déjà un laboratoire d'essai du capitalisme occidental débridé, post 1970/1980. Beaucoup ont oublié qu'une dette ne se répudie pas aussi facilement, surtout si les États-Unis et leurs bras armés - FMI et fon...

le 21/02/2024 à 18:15
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J'ai failli oublier ce "petit détail" pour mon cher doux rêveur @Idx: la clause pari-passu. "La clause pari passu signifie sur un pied d’égalité. À l’origine, l’insertion de cette clause dans un contrat entraîne pour le débiteur l’obligation de ne pa...

à écrit le 21/02/2024 à 10:49
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Encore un bateleur qui est arrivé au pouvoir en promettant ce qu'il ne peut pas tenir. La tronconneuse, il devrait se l'appliquer à lui-même. L'Argentine a les dirigeants qu'elle mérite.

à écrit le 21/02/2024 à 10:39
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Franchement, c'est presque halluciant d'en faire une information ! puisque cela veut dire qu'en un mois, c'est ce pourcentage d'augmentation des prix ! du coup il n'y a pas de solution si ce n'est selon moi s'accorder avec les brics, et pouvoir du ...

le 21/02/2024 à 10:59
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L'augmentation mensuelle est de 20% (apparemment elle sera de 10% en février).

à écrit le 21/02/2024 à 9:53
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Bonjour, la situation économique de ce pays est tres difficile... Les messure de redressement sont drastiques, mais ils faut quand même permettre au plus pauvres de vivre de leur travail.. Certe cela demande beaucoup d'efforts pour le redressemen...

le 21/02/2024 à 10:11
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Quoi? Permettre aux gueux de vivre dignement de leur travail, non mais ma parole, vous êtes un socialo-communiste!!!!

à écrit le 21/02/2024 à 9:50
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L'Argentine, c'est le modele agricole à ne pas suivre. Les Terres sont confisquées par quelques milliers de très grands propriétaires ou des sociétés (multinationales) dont les objectifs sont le marché mondial, donc la finance mondiale. Sans une redi...

le 21/02/2024 à 10:10
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En fait, c'était le modèle de la Rome antique et il conduit tôt ou tard à des conflits à répétition jusqu'à ce qu'on mette en place un système clientéliste pour calmer le jeu. Le système français en est une variante très sophistiquée, mais la tranche...

à écrit le 21/02/2024 à 8:51
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Je comprends pas il passe pas la tronçonneuse sur l inflation ah mince ça marche pas comme ça ? Et non ! Quel guignol !!

le 21/02/2024 à 10:57
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Effectivement, la tronçonneuse symbolisait la coupe dans les dépenses, pas dans l'inflation argentine. Sa baisse devrait-être un effet indirect des réformes. Mais elle ne se produira pas immédiatement (quoi qu'en février elle est prévue à 10%).

à écrit le 21/02/2024 à 8:47
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"Il répète à l'envi « qu'il n'y a pas de plan B » à l'austérité pour redresser l'économie" Le discours de tous les dirigeants du monde sauf aux Etats Unis, aucun président américain ne se permettrait, n’envisagerait même, de promette l'austérité aux ...

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