Attaques des Houthis : l'Inde déploie des navires de guerre en mer d'Arabie

L'armée indienne a annoncé, ce mardi, avoir envoyé trois destroyers ainsi qu'un avion militaire en mer d'Arabie, qui se situe dans l'océan Indien, pour « maintenir une présence de dissuasion », après une série d'attaques ayant visé des navires de commerce. Ce déploiement militaire fait suite à la série d'attaques sur des navires marchands orchestrés, selon les Etats-Unis, par les rebelles Houthis du Yémen.
La marine indienne a annoncé le déploiement de trois destroyers en mer d'Arabie. (photo du destroyer indien INS Mormugao)
La marine indienne a annoncé le déploiement de trois destroyers en mer d'Arabie. (photo du destroyer indien INS Mormugao) (Crédits : Reuters)

Les tensions montent encore d'un cran dans l'Océan indien. Dans la nuit de lundi à mardi, la marine indienne a annoncé le déploiement de trois destroyers ainsi qu'un avion P8I de patrouille maritime dans la mer d'Arabie, qui se situe dans l'océan Indien. Cette action a pour but de « « maintenir une présence de dissuasion » » en réponse à la « vague récente d'attaques dans la mer d'Arabie », a précisé un communiqué.

New Delhi a aussi annoncé l'envoi d'un destroyer capable de lancer des missiles dans  le golfe d'Aden, au large du Yémen, pour « augmenter ses efforts contre la piraterie ».

Série d'attaques en mer Rouge et dans l'océan indien

Ces deux zones maritimes sont, en effet, particulièrement sensibles. Mi-décembre, un vraquier battant pavillon maltais a été pris pour cible dans le golfe d'Aden tandis que, samedi, un chimiquier a été touché dans la mer d'Arabie par un drone. Le navire ciblé, le MV Chem Pluto, qui navigue sous le pavillon du Libéria mais appartient à une entreprise japonaise, était amarré lundi au large du port indien de Bombay (ouest). Le même jour, deux pétroliers, un gabonais et un norvégien ainsi qu'un destroyer américain ont aussi été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, selon l'armée américaine.

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À noter que ces incidents font suite à une série d'attaques de drones et de missiles menées ces dernières semaines en mer Rouge par les Houthis, soutenus par l'Iran, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. En novembre, un cargo israélien avait d'ailleurs été endommagé dans l'océan Indien par une attaque de drone. Selon le Pentagone, les Houthis ont lancé plus de 100 attaques, ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays. Les rebelles qui contrôlent des pans entiers du territoire yéménite dont la capitale Sanaa, répètent qu'ils continueront leurs attaques tant que la nourriture et les médicaments ne rentreront pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza assiégée et bombardée par Israël.

Et pour la Maison Blanche, l'Iran, allié historique des rebelles, serait « très impliqué dans la planification » des attaques des Houthis en leur livrant « des équipements militaires sophistiqués » et une « aide en matière de renseignement », sans laquelle les rebelles yéménites « auraient du mal à repérer et frapper » les bateaux. « Nous n'avons aucune raison de croire que l'Iran essaie de dissuader les Houthis de poursuivre leurs actions irresponsables [...] Nous savons que les renseignements qu'utilisent les Houthis dans l'espace maritime reposent sur des systèmes de surveillance fournis par les Iraniens », avait affirmé vendredi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a lui aussi pointé du doigt l'Iran, l'accusant d'exercer une « influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde», dans une interview au Sunday Telegraph publiée dimanche.

« Nous rejetons ces affirmations comme totalement sans fondement » et « visent à dissimuler le plein soutien du gouvernement américain aux crimes du régime sioniste (Israël) à Gaza », a réagi, en réponse, le porte-parole des Affaires étrangères, Nasser Kanani, lundi.

Perturbations du trafic maritime

Ces attaques sur les navires commerciaux ont de lourdes conséquences économiques puisqu'elles ont poussé les principales compagnies opérant sur cet axe stratégique liant l'Europe à l'Asie à emprunter des chemins plus longs, et plus onéreux, pour garantir leur sécurité. Pour rappel, environ 20.000 navires passent chaque année par le canal de Suez, qui relie la Méditerranée à l'océan Indien et fait transiter 12 % du commerce maritime mondial.

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Face au risque d'attaques, les grandes compagnies maritimes, comme le pétrolier britannique BP ou les armateurs Evergreen, Maersk, CMA CGM (propriétaire de La Tribune), Hapag-Lloyd ou encore MSC, préfèrent dorénavant réorienter leurs navires vers la pointe sud de l'Afrique. Cela engendre des coûts de carburant plus élevés pour des voyages plus longs de deux à trois semaines pour un tanker et d'une semaine pour un navire de commerce moyen.

Par conséquent, les rebelles yéménites « attaquent la prospérité et le bien-être économique des nations à travers le monde », avait ainsi dénoncé début décembre le Pentagone, les qualifiant de « bandits sur l'autoroute internationale qu'est la mer Rouge ». Et les choses pourraient encore empirer. Samedi, un responsable des Gardiens de la Révolution iraniens, Mohammad Reza Naqdi, a averti que d'autres voies de navigation deviendront impraticables si la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. « Avec la poursuite des crimes, l'Amérique et ses alliés doivent s'attendre à la naissance de nouveaux pouvoirs de résistance et à la fermeture d'autres voies navigables », a affirmé ce responsable cité par l'agence de presse iranienne Tasnim. « Ils devront bientôt s'attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d'autres voies navigables contre eux », a-t-il prévenu.

Coalition internationale contre la piraterie

En réaction, les Etats-Unis ont lancé la semaine dernière une coalition de désormais vingt pays pour défendre le trafic maritime en mer Rouge. Elle rassemble notamment la France, la Grèce, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège ou encore les Seychelles. L'Espagne a annoncé qu'elle ne participera pas à la coalition, mais ne s'opposera pas à la participation des autres pays européens dans le cadre d'une mission spécifique.

Cette coalition militaire « doit faire office de gendarme routier, patrouillant en mer Rouge et dans le golfe d'Aden pour répondre aux (appels de) bateaux commerciaux qui passent par cette voie internationale vitale, et les aider si besoin », a détaillé le porte-parole du Pentagone.

Jusqu'ici, le président américain Joe Biden, qui veut éviter une propagation régionale du conflit entre Israël et le Hamas, a opté pour la dissuasion, en particulier via l'envoi de navires de guerre au Moyen-Orient. Mais selon plusieurs médias américains, il réfléchirait désormais à déclencher des frappes directes contre les Houthis.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 27/12/2023 à 23:36
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Les faiseurs de guerre(usa, Israel et UE) semblent vouloir créer une nouvelle guerre ???... Vu le 2 poids 2 mesures des occidentaux, l'Iran a intérêt de mettre en place des armes nucléaires et missiles hypersoniques qui vont avec Très rapidement...

à écrit le 27/12/2023 à 12:24
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On ne parle plus de notre "VIième flotte" qui doit faire des ronds dans l'eau dans le coin; j'espère qu'ILS n'ont pas coulé notre Charles de Gaulle.

à écrit le 27/12/2023 à 4:36
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Le houtis n'a aucune conscience de la puissance d'un destroyer. Un drone qui localise la position, transmet les donnees et hop tout le monde est desintegre. Ils ont interet a se calmer, les indiens comme leurs mentors rosbifs ne font pas dans la dent...

à écrit le 27/12/2023 à 3:12
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Combien de bateaux coulés par les rebelles Houthis ? Y'a t'il eu au moins un peu de peinture rayée par les méchants Houtils ? Combien de bâtiments armées occidentaux se trouvent entre le golfe d'aden et port said ?

à écrit le 26/12/2023 à 19:35
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Effectivement, l'Inde à des navires armés à déployer. Les nôtres sont beaucoup moins nombreux et faiblement défendus et armés. Trop de nos dirigeants ont souhaité bénéficier des pseudo "dividendes de la paix" : pourtant, les prélèvements obligatoire...

à écrit le 26/12/2023 à 19:31
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On voit bien que la Russie, l'Iran, l'Inde et la Chine sont incapables de s'accorder sinon sur quelques discours anti-occidentaux plus ou moins modérés ou sévères selon le pays. Pour le reste, ils n'ont que peu d'intérêt en commun, sinon d'éviter voi...

à écrit le 26/12/2023 à 18:08
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a force de chercher chicane les houthis et l'iran par derriere risque d'avoir des gros problemes c'est une allumette qui peut s'enflammer tres vite il commence a y avoir beaucoup de materiel de guerre dans le coin les etats ne laisseront surement pa...

à écrit le 26/12/2023 à 12:50
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Pourrions nous dire que les médias favorisent une épidémie de peur et dans quel but ?

le 26/12/2023 à 18:02
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La Presse est un moyen d'expression, un refuge pour les les hypocrites et pour les lâches qui ne prennent jamais aucune décision, mais font leurs commentaires et commérages sur tout ce qui passe à la portée d'un semblant de discours pour se monter un...

le 26/12/2023 à 18:02
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La Presse est un moyen d'expression, un refuge pour les les hypocrites et pour les lâches qui ne prennent jamais aucune décision, mais font leurs commentaires et commérages sur tout ce qui passe à la portée d'un semblant de discours pour se monter un...

à écrit le 26/12/2023 à 12:23
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Le conflit mondial se dessine de jour en jour... L'humain n'est pas capable d'utiliser son expérience, l'ego l'emporte a coup sur... Bref, nous allons vivre une période bien noire et ce, sans que nous puissions y faire quelque chose. Ceux qui pensent...

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