Nouvelles attaques en mer Rouge et au large de l’Inde, quatre bateaux touchés

Malgré l’annonce de Washington de créer une force pour préserver le trafic maritime, un navire chimiquier a été touché samedi au large de l'Inde par un « drone d'attaque tiré depuis l'Iran », sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, selon l'armée américaine. Deux pétroliers et un destroyer américain naviguant en mer Rouge ont également été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen. Les Etats-Unis accusent l'Iran d'être « très impliqué dans la planification » de ces attaques menées par les Houthis, et le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a affirmé dimanche que Téhéran exerce une « influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde ». Ce que nie le principal intéressé.
(Crédits : © Mass Communication)

[Article mis à jour le 24/12/2023 à 17:43]

Les attaques de Houthis, ces rebelles yéménites qui affirment agir en soutien aux Palestiniens du Hamas dans la guerre contre Israël, se multiplient en mer Rouge et au large de l'Inde. Samedi, un navire chimiquier a été touché en mer d'Arabie, au large des côtes indiennes, par un « drone d'attaque tiré depuis l'Iran », et deux pétroliers gabonais et norvégien ainsi qu'un destroyer américain ont été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, selon l'armée américaine.

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L'attaque du chimiquier s'est produite samedi à 10 heures locales (06 heures GMT). Elle a causé un incendie à bord, qui a été éteint, et n'a pas fait de blessé, a indiqué le ministère américain de la Défense. Le navire, le MV Chem Pluto, navigue sous le pavillon du Libéria, appartient à une entreprise japonaise et est opéré par une compagnie néerlandaise, a-t-il précisé. Selon la firme de sécurité maritime Ambrey, le navire « est affilié à Israël » et navigue entre l'Arabie saoudite et l'Inde, le Wall Street Journal affirmant pour sa part que la compagnie néerlandaise opérant le MV Chem Pluto « est liée au magnat israélien du transport maritime Idan Ofer ».

Quant au destroyer américain patrouillant en mer Rouge, l'USS Laboon, il a été abattu samedi quatre drones d'attaque provenant du Yémen qui le visaient, a annoncé le Commandement militaire central des Etats-Unis (Centcom). Tout en précisant qu'il n'y avait « ni blessés ni dégâts ».

Washington accuse l'Iran, qui nie toute implication dans les attaques récentes

Si la responsabilité de ces frappes n'a pas été établie dans l'immédiat, elles font suite à une série d'attaques de drones et de missiles menées ces dernières semaines en mer Rouge par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza. En novembre, un cargo israélien avait par ailleurs été endommagé dans l'océan Indien par une attaque de drone, dont Washington a aussi accusé l'Iran.

Les Houthis, qui contrôlent des pans entiers du territoire yéménite dont la capitale Sanaa, répètent qu'ils continueront leurs attaques tant que la nourriture et les médicaments ne rentreront pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza assiégée et bombardée par Israël.

De son côté, la Maison Blanche a accusé l'Iran d'être « très impliqué dans la planification » des attaques des rebelles Houthis en leur livrant « des équipements militaires sophistiqués » et une « aide en matière de renseignement », sans laquelle les rebelles yéménites « auraient du mal à repérer et frapper » les bateaux.

« Nous n'avons aucune raison de croire que l'Iran essaie de dissuader les Houthis de poursuivre leurs actions irresponsables [...] Nous savons que les renseignements qu'utilisent les Houthis dans l'espace maritime reposent sur des systèmes de surveillance fournis par les Iraniens », a affirmé vendredi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.

Selon elle, les informations fournies par Téhéran ont joué un rôle « déterminant » dans le repérage de navires commerciaux par les Houthis. D'après le Wall Street Journal, les rebelles utilisent des renseignements fournis en temps réel par un navire espion lié au régime iranien.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a lui aussi pointé du doigt l'Iran , l'accusant d'exercer une « influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde », dans une interview au Sunday Telegraph publiée dimanche.

« L'Iran exerce une influence tout à fait néfaste dans la région et dans le monde - cela ne fait aucun doute », a déclaré le ministre, qui s'est rendu cette semaine au Moyen-Orient, où il s'est notamment entretenu avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, sur la guerre entre Israël et le Hamas.

Pour rappel, si l'Iran reconnaît son soutien politique aux Houthis, en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, le pays dément toutefois fournir du matériel militaire aux rebelles. Samedi 23 décembre, Téhéran a d'ailleurs nié toute implication dans les attaques récentes menées par des rebelles houthis du Yémen contre des navires commerciaux qu'ils estimaient liés à Israël. « La résistance [groupes armés en lutte contre Israël, ndlr] dispose de ses propres forces et agit en fonction de ses propres décisions et capacités », a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Bagheri, à l'agence locale Mehr.

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Le commerce mondial menacé

Sans surprise, ces attaques perturbent le commerce maritime mondial. Et pour cause, la mer Rouge est une « autoroute » stratégique reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie. Environ 20.000 navires y transitent chaque année via le canal de Suez, ce qui représente environ 12% du commerce mondial. L'insécurité a néanmoins incité les grandes compagnies maritimes à réorienter leurs navires vers la pointe sud de l'Afrique, malgré les coûts de carburant plus élevés pour des voyages beaucoup plus longs. A l'instar de l'armateur taïwanais Evergreen et du pétrolier britannique BP qui ont renoncé à transiter par la zone. Une décision similaire à celle prise depuis le 15 décembre par Maersk, CMA CGM (propriétaire de La Tribune), Hapag-Lloyd et MSC.

Tous contournent désormais l'Afrique par le Cap de la Bonne Espérance, un itinéraire qui allonge la durée de transport de deux à trois semaines pour un tanker, d'une semaine pour un navire de commerce moyen, et augmente les coûts. De même, Ikea a indiqué que certains de ses produits en provenance d'Asie seraient livrés avec du retard ou même absents des rayons de l'enseigne à cause de ce changement d'itinéraire.

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Par conséquent, les rebelles yéménites « attaquent la prospérité et le bien-être économique des nations à travers le monde », avait ainsi dénoncé quelques jours plus tôt le porte-parole du Pentagone, les qualifiant de « bandits sur l'autoroute internationale qu'est la mer Rouge ».

Selon le Pentagone, les Houthis ont lancé plus de 100 attaques, ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays. En novembre, ils se sont emparés du Galaxy Leader, prenant en otage ses 25 membres d'équipage. Le navire et son équipage se trouvent toujours au Yémen. Des attaques qui visent, selon les Houthis, les navires « traitant avec Israël ». Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen, mais qui ne sont pas reconnus par la communauté internationale, répètent qu'ils continueront tant que la nourriture et les médicaments ne rentreraient pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza.

L'Espagne ne participera pas à la coalition internationale pour défendre le trafic maritime

Samedi, un responsable des Gardiens de la Révolution iraniens, Mohammad Reza Naqdi, a averti que d'autres voies de navigation deviendront impraticables si la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit.

« Avec la poursuite des crimes, l'Amérique et ses alliés doivent s'attendre à la naissance de nouveaux pouvoirs de résistance et à la fermeture d'autres voies navigables », a affirmé ce responsable cité par l'agence de presse iranienne Tasnim.

« Ils devront bientôt s'attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d'autres voies navigables contre eux », a-t-il prévenu.

Les Etats-Unis ont annoncé le 18 décembre la formation d'une coalition internationale pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, à laquelle se sont ralliés depuis une vingtaine de pays.

De son côté, l'Espagne ne participera pas à la coalition, mais ne s'opposera pas à la participation des autres pays européens dans le cadre d'une mission spécifique.

Après plusieurs jours d'atermoiements et une gêne évidente, le gouvernement de gauche espagnol a précisé, via une déclaration du ministère de la Défense publiée samedi soir, s'opposer à un élargissement de la mission de l'opération européenne Atalante, qui lutte depuis 2008 contre la piraterie dans l'océan Indien.

Lire aussiProduits absents des rayons, retards de livraison, Ikea touché par les tensions en mer Rouge

(avec agences)

Commentaires 10
à écrit le 25/12/2023 à 15:26
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L'occident roupille , pendant ce temps là, les pays terroristes prolifèrent , Iran , Russie , Yémen et autres .... Syndrome munichois probablement

à écrit le 25/12/2023 à 8:50
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Je pense que c'est Trump le prochain président, il saura résoudre le problème iranien comme il se doit. Parce que l'Iran est réellement un grave problème.

à écrit le 25/12/2023 à 0:03
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Qu’ en pense la Chine? L Arabie saoudite ? Les autres petromonarchies, l’ Inde? Leurs navires ou intérêts passent également par la Mer rouge .. silence radio? De même il est plus qu étonnant que ceux qui s adonnent au kat collés les houthis - un psyc...

le 26/12/2023 à 14:42
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Alors juste pour info on a inventé un truc pas croyable pour détecter des navires, cela s'appelle un radar... Bine pratique surtout en mer rouge qui est assez "étroite" surtout à un endroit où se situe le ..... Yemen

à écrit le 25/12/2023 à 0:03
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Qu’ en pense la Chine? L Arabie saoudite ? Les autres petromonarchies, l’ Inde? Leurs navires ou intérêts passent également par la Mer rouge .. silence radio? De même il est plus qu étonnant que ceux qui s adonnent au kat collés les houthis - un psyc...

à écrit le 25/12/2023 à 0:00
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Qu’ en pense la Chine? L Arabie saoudite ? Les autres petromonarchies, l’ Inde? Leurs navires passent également par la Met rouge .. silence radio? De même il est plus qu étonnant que ceux qui s adonnent au kat- un psychotrope -soient assez clairvoyan...

à écrit le 25/12/2023 à 0:00
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Qu’ en pense la Chine? L Arabie saoudite ? Les autres petromonarchies, l’ Inde? Leurs navires passent également par la Met rouge .. silence radio? De même il est plus qu étonnant que ceux qui s adonnent au kat- un psychotrope -soient assez clairvoyan...

à écrit le 24/12/2023 à 19:02
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Les vrais perdants ne sont pas les Européens, mais les pays arabes comme l'Egypte dont les droits de passages du canal de Suez remplissent les caisses de l'état. Mais cette affaire montre une nouvelle fois comme les pays non-alignés, comme l'Iran et ...

à écrit le 24/12/2023 à 13:04
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Bonjour, Désolé, mais Evergreen n'est pas du tout une société de Hong-Kong, mais de Taipei à Taïwan. Ce qui change énormément de choses....

à écrit le 24/12/2023 à 12:09
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L'Iran où un modèle business particulièrement immonde mais enfant naturel résultant d'une dictature financière particulièrement stupide, bêtise et cruauté étant intimement liées. Si on prend du recul tout ce tient et au final c'est bel et bien une ha...

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