Attaques du Hamas  : plus d'un million de personnes ont fui le nord de Gaza, Israël prépare l'incursion terrestre

Plus d'un million de personnes ont fui le nord de la bande de Gaza, aux abords de laquelle Israël poursuit la mobilisation de ses troupes en vue d'une offensive terrestre imminente contre le Hamas palestinien. Par ailleurs, les États-Unis, Israël et l'Égypte se seraient mis d'accord sur la mise en place d'un cessez-le-feu dans le sud de Gaza, dès ce lundi matin.
L'armée israélienne n'attend plus que le feu vert du gouvernement pour lancer son offensive terrestre à Gaza.
L'armée israélienne n'attend plus que le feu vert du gouvernement pour lancer son offensive terrestre à Gaza. (Crédits : AMIR COHEN)

[Article publié le lundi 16 octobre 2023 à 08h31 et mis à jour à 17h50]

L'armée israélienne n'attend plus que le feu vert du gouvernement pour lancer son offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza. Elle a confirmé qu'elle se préparait à une « prochaine étape » de son opération de représailles contre le Hamas, se disant dans l'attente d'une « décision politique ». Au dixième jour de guerre, le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé ce lundi qu'il n'y avait « pas de cessez-le-feu » à ce stade entre Israël et le Hamas, après des informations faisant état d'une trêve.

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Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a ainsi assuré lundi au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken que la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas « sera une guerre longue, le prix en sera très élevé mais nous allons la gagner, pour Israël, pour le peuple juif et pour les valeurs auxquelles croient nos deux peuples ».

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils, selon un dernier bilan israélien.  Le Hamas a en outre capturé 199 otages, selon Israël. Les représailles israéliennes ont tué au moins 2.750 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

Plus d'un million de déplacés

L'armée israélienne a indiqué qu'elle s'« abstiendrait » de frapper lundi matin les couloirs d'évacuation reliant le nord au sud de la bande de Gaza. Dimanche, au neuvième jour du conflit, l'armée de l'air a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que les combattants du Hamas ont continué de tirer des roquettes en direction d'Israël. L'armée a aussi mené des dizaines de frappes contre les quartiers de Tal al-Hawa et Sheikh Radwan, ainsi que des raids aériens contre des immeubles de Khan Younès, de Rafah et du camp de Nuseirat, selon le ministère de l'Intérieur gazaoui.

Pourtant, plusieurs frappes ont touché le secteur du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte lundi, une zone, où des centaines de Palestiniens attendent lundi en espérant une ouverture côté égyptien.

Selon le Kremlin, Vladimir Poutine a exprimé une « inquiétude extrême face à l'escalade à grande échelle des hostilités, accompagnée d'une augmentation catastrophique du nombre de victimes civiles et d'une aggravation de la crise humanitaire dans la bande de Gaza », lors d'une conversation téléphonique avec ses homologues iranien, égyptien, syrien et le président de l'Autorité palestinienne.

Face aux frappes aériennes et après les appels de l'armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d'un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU. A Gaza, une « catastrophe humanitaire inédite » est en cours, a affirmé l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). « Pas une goutte d'eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n'a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours », a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa.

La crainte d'un embrasement régional

La coordonnatrice humanitaire de l'ONU pour le Territoire palestinien occupé, Lynn Hastings, a regretté qu'Israël « associe l'aide humanitaire à Gaza à la libération des otages ». « Ils (Israël, ndlr) ont dit qu'ils voulaient détruire le Hamas, mais leur trajectoire actuelle va détruire Gaza », s'est-elle alarmée. Seule lueur d'espoir, l'eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien, où s'entassent des dizaines de milliers de personnes.

La tension est très vive aussi à la frontière nord d'Israël avec le Liban. Israël a commencé lundi à évacuer des habitants le long de cette frontière, où les accrochages meurtriers se sont multipliés ces derniers jours entre le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, et l'armée israélienne. Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d'Israël, par un tir de missile du Hezbollah. L'armée israélienne a riposté en frappant des infrastructures militaires du mouvement chiite libanais. Le siège des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban a lui été touché par une roquette.

« Personne ne doit jeter de l'huile sur le feu ailleurs »

Ces préparatifs de l'armée israélienne inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région. Au Caire, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, a assuré que les alliés arabes des Etats-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit. « Personne ne doit jeter de l'huile sur le feu ailleurs », a-t-il martelé, ajoutant que les différentes capitales arabes visitées, dont Ryad, utilisaient « leurs propres canaux pour s'assurer que cela n'arrive pas ».

Un appel au calme réitéré par Joe Biden, qui a averti aussi qu'une nouvelle occupation par Israël de la bande de Gaza serait une « grave erreur » lors d'une interview sur CBS. Les Etats-Unis ont également enjoint à l'Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, de ne pas étendre le conflit. L'Iran a prévenu « que nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d'un élargissement du conflit » si Israël envahit Gaza.

Le pétrole hésite

Résultat, les cours du pétrole étaient partagés ce lundi, alors que les investisseurs attendent de voir comment évolue la guerre entre Israël et le Hamas, et son impact potentiel sur les pays producteurs dans la région. Vers 10h10 GMT (12h10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, s'effritait de 0,08% à 90,82 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en novembre, prenait 0,11% à 87,98 dollars. « La situation reste fluide et difficile en termes de prévision des prix, avec peu de chances de retour à un marché relativement normal », estime John Evans, analyste chez PVM Energy.

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« Une implication potentielle de l'Iran », important producteur et membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) « à Gaza entraînerait une grave perturbation de l'approvisionnement mondial en pétrole à moyen terme », rappelle Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Elle ajoute que « les fluctuations des prix du pétrole brut ont des implications importantes pour l'économie mondiale » : la hausse des prix de l'énergie« menace de perturber la guerre des banques centrales contre l'inflation et de peser sur une économie mondiale déjà mal en point ». Ce qui pèserait sur la consommation d'or noir à travers le monde.

TikTok dit avoir supprimé plus de 500.000 vidéos et 8.000 directs

Le réseau social chinois a annoncé avoir supprimé plus de 500.000 vidéos et fermé 8.000 diffusions en direct liées au conflit Israël-Hamas, quelques jours après une mise en garde de l'UE qui lui a rappelé son obligation de lutter contre les contenus illégaux. Depuis le 7 octobre, « nous avons supprimé plus de 500.000 vidéos et fermé 8.000 livestreams dans la région touchée, pour violation de nos règles », a indiqué TikTok sur son blog dimanche, en précisant avoir renforcé ses équipes de modération.

Jeudi, Bruxelles a mis en garde le réseau social chinois, très prisé des jeunes, sur son obligation de lutter contre les « contenus illégaux » et les « fausses informations », en application du nouveau règlement européen sur le numérique (DSA). Pour lutter contre les contenus trompeurs, TikTok rappelle travailler avec des organisations de fact-check, dont l'AFP, dans plus de 50 langues, y compris l'arabe et l'hébreu. TikTok a également restreint l'usage des diffusions en direct (live) et de certains hashtags.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 16/10/2023 à 14:05
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L'attaque au sol de Gaza va être un massacre pour les deux camps. Un grand nombre de jeunes soldats israéliens doit se préparer à mourir...

le 16/10/2023 à 15:21
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@V.Levy - C'est le piège dans lequel Tsahal risque de s'emporter pour un bon moment. Au niveau des personnels, ce pourrait être une saignée pour Israël qui n'est peuplé que de 9.5 millions d'habitants sur une terre sans profondeur. Un casse-tête p...

le 16/10/2023 à 22:10
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@Valbel89: La méthode russe ne parait pas économe en hommes.

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