Australie : la banque centrale déjoue les attentes et relève une nouvelle fois ses taux

Alors que les économistes s'attendaient à un statu quo, la Réserve Bank of Australia a créé la surprise, ce mardi, en annonçant une hausse de 25 points de base de ses taux d'intérêt. Ils atteignent ainsi leur niveau le plus élevé depuis onze ans. Objectif affiché, poursuivre sa lutte contre l'inflation qui culminait toujours à 7% en avril dernier sur un an.
(Crédits : Reuters)

L'inflation a atteint « son point culminant », mais elle est encore trop élevée pour justifier à ce stade un changement de la politique monétaire. C'est le constat dressé par le gouverneur de la Reserve Bank of Australia (RBA), Philip Lowe, après que l'institution monétaire a décidé de relever, une nouvelle fois, ses taux d'intérêt de 25 points de base. Ils atteignent désormais 3,85%, soit leur niveau le plus élevé depuis onze ans.

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Hausse surprise

Cette décision a créé la surprise, ce mardi, tant les économistes s'attendaient à un statu quo. La RBA avait, en effet, laissé ses taux inchangés en avril, après dix hausses consécutives. D'autant que le taux d'inflation qui s'établissait à 7,8% fin décembre est tombé à 7% en avril. Ce ralentissement aurait pu se traduire par des taux inchangés. Mais, comme toutes les banques centrales, la mission de celle d'Australie est de ralentir la hausse des prix à la consommation. Si pour la Banque centrale européenne (BCE) ou encore la Réserve fédérale américaine (Fed) aux Etats-Unis le seuil auquel doit être ramené l'inflation est fixé à 2%, il se situe pour la RBA entre 2 et 3%. Un objectif qui reste encore bien loin du niveau actuel.

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 « Étant donné l'importance de revenir à une inflation conforme aux objectifs dans un délai raisonnable », l'institution a donc jugé nécessaire de rehausser ses taux, a ainsi expliqué son gouverneur. Philip Lowe a ajouté qu'un retour à un niveau acceptable de l'inflation pourrait prendre « quelques années », laissant entrevoir de nouvelles hausses des taux. « De nouveaux resserrements du crédit pourraient être nécessaires », a-t-il prévenu, « mais cela dépendra de l'évolution de l'économie et de l'inflation ».

Hausse de taux attendue pour la Fed et la BCE

La Banque centrale australienne n'est pas la seule à poursuivre son resserrement monétaire. La Fed qui se réunit mardi et mercredi, devrait, elle aussi, annoncer un relèvement de ses taux. Les investisseurs sont d'ailleurs presque unanimes à penser qu'elle va encore remonter son taux directeur de 0,25 point de pourcentage, pour les mener au-dessus des 5%. Mais ils espèrent aussi que cette hausse sera la dernière d'une série qui dure depuis plus d'un an.

« Le point d'attention principal de la Fed sera de savoir si elle donne des indications sur la marche à suivre », estiment les analystes de Deutsche Bank.

Jeudi ce sera au tour de la BCE de décider d'une potentielle hausse de taux. Les données actuelles « indiquent qu'il faudra augmenter de nouveau les taux d'intérêt », a d'ores et déjà annoncé Philip Lane dans une interview cette semaine au quotidien Le Monde, ajoutant que « ce n'est pas encore le moment d'arrêter ». Pour rappel, le taux d'inflation annuel au sein de la zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique) a reculé en mars pour le cinquième mois consécutif, à 6,9% sur un an, après 8,5% en février, grâce à l'accalmie des prix de l'énergie. Des chiffres bien loin du sommet atteint en octobre, à 10,6%, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par la guerre en Ukraine, mais qui restent trop élevés au regard de l'objectif d'une inflation à 2% que s'est fixé la BCE.

À l'échelle mondiale, le directeur du FMI, Alfred Kammer, a également plaidé en faveur d'une poursuite du resserrement monétaire observé par de nombreuses banques centrales, invitant à « tuer la bête de l'inflation ». « Si potentiellement vous commencez à faire une pause, que vous faites prématurément une fête, l'histoire est pleine d'exemples où il vous faut un deuxième essai pour freiner l'inflation et vous faites une deuxième fois des dégâts à l'économie », a-t-il prévenu fin avril en s'adressant aux banques centrales européennes lors d'un point presse sur l'économie du Vieux Continent organisé à Stockholm.

(Avec AFP)

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