Brexit : Jeremy Corbyn fait son mea culpa après la défaite historique du Labour

Le chef de l'opposition travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a présenté ses excuses dimanche pour la défaite historique de son parti aux législatives face aux conservateurs de Boris Johnson. Il n'a toutefois pas réussi à apaiser les critiques dans les rangs du Labour qui se demande comment relever la tête.
(Crédits : Henry Nicholls)

Après avoir ouvert la porte à une succession d'ici les prochaines élections, le chef du Labour Jeremy Corbyn, défait aux élections législatives, a dit vouloir rester en poste dans l'immédiat avant de présenter ses excuses. "Je suis désolé que nous n'ayons pas été à la hauteur et j'en prends la responsabilité", a-t-il déclaré dans une lettre ouverte publiée par le Sunday Mirror après le pire score de son parti depuis 1935 avec 203 députés sur 650 à la Chambre des communes, contre 262 auparavant. L'opposition travailliste a été submergée par les conservateurs du Premier ministre Boris Johnson, qui se voit ainsi crédité de la majorité nécessaire pour "réaliser le Brexit" au 31 janvier, son mantra de campagne.

Les "tories" ont raflé 365 sièges (+48) à Westminster, grâce à la prise de circonscriptions ouvrières traumatisées par leur parti sous Margaret Thatcher et acquises depuis des décennies aux travaillistes, mais favorables à la sortie de l'Union européenne. Jeremy Corbyn a assuré que son parti tirerait "les leçons de cette défaite", promettant notamment de mieux "écouter les électeurs traditionnels du Labour que nous avons perdus dans les communautés ouvrières" lors de ce "coup dur".

Lire aussi : Brexit : l'UE ouverte aux négociations après la victoire de Boris Johnson

A la tête du Parti travailliste depuis 2015, l'ancien militant syndical a été appelé à laisser sa place à la tête du Labour après la débâcle historique de son parti aux législatives face aux conservateurs de Boris Johnson. Corbyn se voit reprocher sa ligne très à gauche, son incapacité à lutter contre l'antisémitisme de certains de ses membres ou encore son ambiguïté sur le sujet décisif du Brexit, qui en ont fait un repoussoir pour nombre d'électeurs.

Siège éjectable

Le très à gauche chef des travaillistes, réélu pour la dixième fois dans sa circonscription londonienne d'Islington, avait cependant défendu corps et âme un programme dont il s'est dit "fier".

"Sur l'austérité, les inégalités, l'urgence climatique, nous avons gagné et dirigé le débat", avait-il jugé dans le Guardian. "Il n'y a pas de doute, nos propositions sont populaires. La question est plutôt 'Comment pouvons nous réussir dans le futur, là où nous avons échoué ?'".

Certains députés travaillistes jugent pourtant que la défaite tient à la personnalité de leur leader. "C'est indubitablement vrai", a accusé la députée Lisa Nandy dimanche sur la BBC. Pour beaucoup, Jeremy Corbyn a en effet payé sa position ambiguë sur la sortie de l'UE - prônant un nouveau référendum sans lui-même prendre position - et son manque présumé de fermeté face à l'antisémitisme au sein de sa formation.

Son positionnement très à gauche a aussi effrayé les milieux financiers, qui voyaient en lui un dangereux marxiste synonyme de chaos économique. "Regardez ce qui se passe quand un parti se déplace à ce point sur la gauche", a mis en garde le candidat démocrate aux élections présidentielles américaines Joe Biden. Concédant que le Labour s'était pris les pieds dans le "dilemme" du Brexit, John McDonnell, proche conseiller de Corbyn, a réfuté la thèse selon laquelle les travaillistes auraient perdu parce qu'ils auraient choisi le "mauvais" chef.

C'est "l'un des hommes politique les plus honnêtes, sincères, engagés et antiracistes que je connaisse", a-t-il affirmé samedi, estimant que le leader travailliste avait été "diabolisé par une campagne de diffamation lancée contre lui". "Je blâme les médias pour ça... Regardez la façon dont Jeremy a été traité par les médias ces dernières années", a accusé M. McDonnell dimanche matin sur la BBC.

Commentaires 13
à écrit le 16/12/2019 à 21:30
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Le brexit a gagné contre l'islamo-gauchisme, même si ils n'ont rien à voir.

à écrit le 16/12/2019 à 17:40
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Corbyn est un pro UE et à gauche toute ! Le monde est au centre ou à droite ! La gauche a eu toutes ses chances, élues partout, des années ... et le résultat est sans appel : ILS LAISSENT SYSTEMATIQUEMENT LE CHAOS, UN SOCIAL CATASTROPHIQUE, DES FONC...

le 17/12/2019 à 8:01
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La gauche à abandonnée les masses populaires et est devenue bobo ( c est à dire de droite économique cela en toute conscience . Le social démocrate à trahi ) .

à écrit le 16/12/2019 à 14:09
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Le vrai constat c'est la lente disparition du prolétariat ouvrier et, avec lui, des syndicats. Fini le marxisme, place à l'écologie sociale. Le combat reste le même mais la rhétorique s'est adaptée aux mutations socio-économiques. Quand les robot...

à écrit le 16/12/2019 à 13:45
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Au moins, lors des prochaines élections, on craindra moins l'ingérence de Bruxelles et une plus saine démocratie!

à écrit le 16/12/2019 à 11:54
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Toutes les critiques sur le labour sont probablement justifiées et expliquent 70% du désastre. Ajoutons des circonstances exceptionnelles. 1°) Johnson, qui est une vraie bête électorale. 2°) La lassitude des anglais face à un processus dont je ...

le 16/12/2019 à 19:37
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Enfin un commentaire intelligent. Ca releve le niveau des: "Tous les pseudos gauchistes, héritiers du désastre Blair, qui parasitent ce parti ont généré un doute sur cette volonté d'un véritable brexit franc, générant ainsi le doute envers Corbyrn su...

à écrit le 16/12/2019 à 11:17
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Face au Brexit, face aux attaques personnelles, aux Fake news, à la puissance de l'argent, aux lobbies, Corbyn n'avait aucune chance. Au moins sera t il resté honnête, fidèle à ses idées, en vrai syndicaliste. Le temps de la solidarité est révolu, l...

à écrit le 16/12/2019 à 10:50
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Le chef du parti travailliste par ses promesses dignes des pires populistes et son antisémitisme assumé à ruiné pour des années le retour de ce parti aux affaires. Quant aux anglais ils n'ont fait que confirmer le vote démocratique en faveur d...

à écrit le 16/12/2019 à 10:39
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"Pour beaucoup, Jeremy Corbyn a en effet payé sa position ambiguë sur la sortie de l'UE " En effet, même BJ l'a signalé en remerciant les électeurs travaillistes qui ont voté pour lui pour cela et de lui avoir fait confiance même s'ils reviennent ...

le 16/12/2019 à 10:58
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Mélenchon joue à la gauche de la gauche le rôle de vrai faux opposant que lui ont confié les médias proches des néo conservateurs, il en est de même pour le Pen qui copine maintenant ouvertement avec les thèses Macron, refu...

le 16/12/2019 à 11:03
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@citoyen blasé "Nous ne sommes pas en démocratie" Si, un peu quand même!. On n'enferme pas, ni ne supprimons les leaders syndicaux, les grévistes, les journalistes, les opposants... Par contre, si vous voulez dire que la démocratie, les libertés f...

le 16/12/2019 à 11:21
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"Quant à Corbyn qui a "corbynné" son électorat -comme Tsypras- en retournant sa veste, passant de pro Brexit à anti, personne ne plaindra sa chute" C'est en effet une bonne façon de distinguer les imposteurs que nos médias de masse continuent qua...

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