Burundi : les putschistes rendent les armes

La tentative de coup d'Etat avorté du général Godefroid Niyombare s'est appuyée sur des manifestations contre le président Pierre Nkurunziza. Ce dernier s'était lancé pour un troisième mandat présidentiel, un acte jugé contraire à la Constitution par ses opposants.
Suite aux violences et manifestations de ces dernières semaines, plus de 105.000 habitants (sur plus de 10 millions) ont fui le pays.

Bujumbura, la capitale du Burundi, a été le théâtre d'affrontements entre les forces pro-gouvernementales et des forces rebelles, notamment du côté de l'aéroport, de la télévision d'Etat, mercredi et jeudi 14 mai. Mais ces dernières ont accepté leur reddition par la voix de leur porte-parole,  le commissaire de police Vénon Ndabaneze:

"Nous avons décidé de nous rendre. Nous avons déposé les armes. Nous avons appelé le ministre de la Sécurité publique et le ministre de la Défense pour leur dire que nous n'avions plus d'armes."

Le leader des putschistes serait toujours en fuite

Toutefois, le général Godefroid Niyombare, leader des putschistes, qui a tenté de prendre le pouvoir au Burundi, est toujours en fuite, selon un porte-parole de la présidence du pays. Mais celui-ci affirme que trois généraux impliqués dans la tentative de coup d'Etat ont été arrêtés.

Deux sources présidentielles ont également affirmé que le président burundais Pierre Nkurunziza, revenu jeudi 14 mai au Burundi par voie terrestre après être resté bloqué en Tanzanie depuis le début de la tentative de coup d'Etat mercredi, était à Bujumbura. Selon une d'elles, il est "dans un endroit très sécurisé" et "devrait s'adresser aux Burundais aujourd'hui". Ce dernier devait s'exprimer à 11 heures.

Une tentative de putsch qui s'appuie sur des manifestations anti-président

Le 25 avril, Pierre Nkurunziza avait été désigné comme le candidat du parti présidentiel, le  Cndd-FDD, au scrutin du 26 juin prochain, un acte validée par le Conseil constitutionnel burundais. Cela avait déclenché des manifestations émaillées de violences qui ont fait une vingtaine de morts.

Les organisateurs de ces manifestations considèrent que sa décision de briguer un troisième mandat est anticonstitutionnelle. La limite à deux mandats est par ailleurs inscrite dans la constitution de 2005, dont la base est l'accord de paix d'Arusha, signés sous l'égide de Nelson Mandela en 2000, pour mettre fin à une guerre civile ethnique de 12 ans dans laquelle 300.000 personnes ont été tuées.

Godefroid Niyombare, ex-compagnon d'armes de Pierre Nkurunziza du temps de la guerre civile (1993-2006) burundaise, avait présenté ces manifestations comme l'une des justifications du putsch. Ainsi, le général reprochait au chef de l'Etat burundais, déjà élu en 2005 et 2010, d'avoir pris sa décision de briguer un troisième mandat "au mépris" du peuple.

Plus de 105.000 migrants ces dernières semaines

Suite aux violences et manifestations de ces dernières semaines, plus de 105.000 habitants (sur plus de 10 millions) ont fui le pays. Dans le détail, selon le Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés, 70.000 se sont réfugiés en Tanzanie, 26.300  au Rwanda et plus de 9.000 en République démocratique du Congo (RDC).

Avec la crainte d'un retour aux heures les plus sombres du pays. "Si ce conflit était mené à continuer, cela entraînerait un scénario de guerre entre deux parties très bien armées. Le pays tout entier pourrait basculer dans la guerre civile", a expliqué à The Independent Yolande Bouka à une analyste à l'Institut d'études de sécurité.

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