Centrale nucléaire de Zaporijjia : l’AIEA met en garde la Russie contre un redémarrage précipité

Le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a averti la Russie quant à un démarrage précipité de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. Cette dernière est tombée aux mains des Russes en 2022. Des bombardements ont toujours lieu tout près de la centrale.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a ainsi mis en garde mercredi la Russie contre tout redémarrage précipité de la centrale nucléaire de Zaporijjia.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a ainsi mis en garde mercredi la Russie contre tout redémarrage précipité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. (Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)

C'est la centrale nucléaire la plus grande d'Europe. La centrale de Zaporijjia se situe à Energodar, le long du fleuve Dniepr qui fait office de ligne de front naturelle entre Russes et Ukrainiens. Elle est désormais aux mains des troupes russes depuis mars 2022. Pour rappel, la région de Zaporijjia est l'un des quatre territoires ukrainiens dont la Russie a revendiqué l'annexion en 2022, dans la foulée du déclenchement le 24 février de l'invasion de l'Ukraine, avec Kherson, Donetsk et Lougansk, même si son armée ne les contrôle pas entièrement.

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a ainsi mis en garde mercredi la Russie contre tout redémarrage précipité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. En visite en Russie, il doit rencontrer le président Vladimir Poutine pour la première fois depuis 2022 et évoquer notamment la situation « précaire » du site situé dans le sud de l'Ukraine. Tout redémarrage de la centrale de Zaporijjia « nécessiterait un certain nombre de considérations sérieuses », a-t-il insisté.

Le chef de l'AIEA s'était déjà entretenu avec Vladimir Poutine en octobre 2022 et s'est rendu à plusieurs reprises en Ukraine pour y rencontrer le président Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l'offensive russe, il ne cesse de mettre en garde contre le risque d'un accident nucléaire majeur, alors que le pays en guerre dispose de 15 réacteurs, disséminés sur quatre sites. Il a appelé la Russie et l'Ukraine « à faire preuve de la plus grande retenue » afin d'éviter un accident nucléaire.

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Risque nucléaire

Selon lui, la situation reste « très préoccupante » à la centrale de Zaporijjia. D'autant que la centrale a été visée par de multiples bombardements et coupée du réseau électrique à maintes reprises. Les deux camps s'accusent mutuellement de vouloir y provoquer une catastrophe. « Il s'agit d'une zone de combat militaire. Une zone de combat actif », a souligné le patron de l'AIEA, tout en rappelant que la centrale est à l'arrêt « depuis une longue période » et qu'il faut donc procéder à un certain nombre d'évaluations de la sécurité.

Encore fin février, une série de fortes explosions est survenue ces derniers jours près de la centrale nucléaire. Les experts de l'AIEA présents sur place ont ainsi « signalé avoir entendu des explosions tous les jours depuis une semaine, dont une tard le 16 février qui semblait s'être produite à proximité de la centrale », avait donc déclaré en février Rafael Grossi dans un communiqué. « Les fortes explosions ont fait trembler les fenêtres » de la centrale nucléaire de Zaporijjia, et « soulignent la nécessité urgente d'un maximum de retenue militaire pour réduire le danger d'un accident nucléaire », avait-il alors averti. Pour rappel, des responsables de l'AIEA sont depuis septembre 2022 sur ce site où les six réacteurs, qui produisaient avant la guerre environ un cinquième de l'électricité ukrainienne, ont été fermés.

L'AIEA s'inquiète aussi d'un possible manque de personnel, alors que les employés de l'opérateur ukrainien Energoatom refusant de signer un contrat avec l'agence russe Rosatom ne sont plus autorisés à y travailler.

De son côté, le chef de l'agence nucléaire russe Rosatom, Alexeï Likhatchev, a confirmé aux agences de presse russes avoir discuté avec Rafael Grossi « des mesures à prendre pour garantir la sécurité (de la centrale) non seulement à l'arrêt, mais aussi en mode de fonctionnement actif ».

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Menace nucléaire

Outre les centrales nucléaires, Rafael Grossi n'a pas non plus exclu de « discuter d'autres sujets » avec Vladimir Poutine, ce « dirigeant d'un Etat doté de l'arme nucléaire » et partie du Traité de non-prolifération (TNP). Le chef du Kremlin a, qui plus est, brandi récemment une « menace réelle » de guerre nucléaire en cas d'escalade du conflit en Ukraine et d'envoi de « militaires occidentaux », deux jours après des déclarations du président français Emmanuel Macron n'excluant pas cette hypothèse.

En effet, dans un discours fin février, le président russe s'est adressé aux Occidentaux en leur disant qu'« ils doivent comprendre que nous aussi avons des armes capables d'atteindre des cibles sur leur territoire. Tout ce qu'ils inventent en ce moment, en plus d'effrayer le monde entier, est une menace réelle de conflit avec utilisation de l'arme nucléaire et donc de destruction de la civilisation ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/03/2024 à 9:22
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Je ne serai pas autrement étonné si les Russes n'avaient rien à cirer de ce que peut bien dire l'AIE, mais vraiment rien à cirer.

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