Croissance, guerre en Ukraine, climat : les dossiers brûlants du G20 Finances

Deux ans après l'éclatement de la guerre en Ukraine, les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales des 20 pays les plus riches de la planète se retrouvent au Brésil ces mercredi 28 et jeudi 29 dans un climat tendu. Au menu des discussions, les inégalités mondiales portées par le président brésilien Lula. Mais aussi le soutien financier à l'Ukraine toujours empêtrée dans une guerre à rallonge contre la Russie de Poutine.
Grégoire Normand
Le G20 finances doit se réunir sous la présidence brésilienne.
Le G20 finances doit se réunir sous la présidence brésilienne. (Crédits : Reuters)

La diplomatie mondiale est toujours en zone de turbulences. Deux ans jour pour jour après l'entrée en guerre de la Russie en Ukraine, les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20 doivent se retrouver les mercredi 27 et jeudi 28 février à Sao Paulo au Brésil dans un contexte chaotique.

Au lendemain de la réunion cruciale des Etats européens à Paris consacrée au soutien à l'Ukraine, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire doit se rendre en Amérique latine accompagné de son ancien directeur de cabinet et désormais patron du Trésor, Bertrand Dumont. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, doit également faire partie de la délégation hexagonale.

Sous présidence brésilienne, le G20 finances doit notamment plancher ce mercredi 28 février sur le rôle des politiques économiques dans la lutte contre les inégalités. Le président Lula de retour au pouvoir après l'ère troublée de Jair Bolsonaro entend défendre la lutte contre la pauvreté et une meilleure représentativité des pays du Sud dans les instances internationales.

Une autre réunion doit être consacrée à la croissance, l'inflation et l'emploi. Au programme ce jeudi 29 février, les ministres doivent également se réunir sur la question de la dette publique mondiale et le financement durable. A l'issue de ces deux journées chargées, les 20 pays membres de l'organisation et les représentants de l'Union européenne doivent s'entendre sur un communiqué final. Mais le multilatéralisme des 20 plus grandes puissances planétaires risque de se fissurer sur le dossier explosif de la guerre en Ukraine. En effet, plusieurs poids lourds du G20 comme la Chine ou l'Inde ont eu une position trouble face à l'entrée en guerre de la Russie sur le sol ukrainien.

Le soutien à l'Ukraine, sujet de discorde au G20 finances

Les récentes réunions du G20 ont accouché d'une conclusion dans la douleur. À l'été 2022, les rencontres du G20 avaient viré au fiasco en Indonésie. La présence de diplomates et de ministres russes avait provoqué de vifs remous et des crispations dans les délégations diplomatiques. En 2023, les Etats n'avaient pas réussi à s'accorder sur un communiqué en Inde.

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À l'époque, la Russie et la Chine s'étaient opposées à quelques paragraphes sur le conflit en Ukraine. Cette année, la situation géopolitique ne s'est guère améliorée. Du côté de Bercy, l'entourage du ministre de l'Economie veut se montrer confiant. « Il y aura un communiqué à l'occasion de ce G20 finances. Il y a déjà un projet de communiqué sur lequel les sherpa travaillent ».

Mais les questions sensibles ont pour l'instant été évacuées. « A ce stade du communiqué, les différentes crises géopolitiques comme la guerre en Ukraine seraient mentionnées de manière générique », ajoute une source du ministère des Finances français. En 2023, la France et l'Allemagne avaient bataillé fermement pour imposer ce thème dans la communication officielle du G20 finances. Mais sans succès.

Cette année, la France devrait faire pression pour mentionner la guerre en Ukraine. « Dans l'appréciation macroéconomique du moment, on estime qu'on ne peut pas faire abstraction de la guerre en Ukraine qui se matérialise de manière très concrète sur la vie économique européenne depuis deux ans ».

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Pour éviter un nouvel échec, une réunion des ministres du G7 est prévue en marge du G20. Sur le sujet du soutien à Kiev, « il y a un point d'équilibre à trouver entre le besoin de dégager des ressources nouvelles pour soutenir l'effort de guerre et de reconstruction en Ukraine, et s'assurer ne pas être sur des sujets dangereux ou contre-productifs sur la stabilité financière mondiale », ajoute cette source.

Outre le soutien financier apporté par les pays occidentaux, l'Ukraine va devoir trouver de vastes sources de financement pour la reconstruction estimée pour l'instant à plus de 400 milliards de dollars par la Banque mondiale. Les Occidentaux planchent sur les 300 milliards de dollars d'avoirs russes gelés. Mais cette option pose d'immenses difficultés juridiques notamment.

Taxation des multinationales : la France espère une signature en juin prochain

L'autre sujet important de ce sommet des ministres des Finances est la taxation des multinationales. Porté par l'ancien directeur de la fiscalité à l'OCDE Pascal Saint-Amans, le projet de fiscalité mondiale prend du retard. L'accord négocié par l'OCDE le 8 octobre 2021 prévoit deux piliers : le premier porte sur une meilleure répartition de l'imposition des multinationales là où elles réalisent leurs activités et le second sur une fiscalité minimale à 15%.

Le deuxième pilier a été mis en place le 1er janvier dernier dans de nombreux États, dont l'Union européenne, mais un accord sur le pilier 1 peine encore à être avalisé par l'ensemble des pays.

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Une économie mondiale en berne

Le G20 finances se retrouve en pleine tempête économique. Le Fonds monétaire international (FMI) a certes révisé à la hausse ses prévisions de croissance mondiale à 3,1% en 2024 contre 2,9% précédemment mais la Chine et surtout l'Europe sont à la peine. « Nos projections de croissance à moyen terme sont descendues au plus bas depuis des décennies », souligne Kristalina Georgieva, la patronne du FMI dans une note de blog. « La croissance faible mondiale affecte chacun mais elle a des conséquences préoccupantes sur les marchés émergents et pays en développement ».

Surtout, le péril climatique continue d'accélérer grandement. « Les risques climatiques grandissent et perturbent déjà la bonne marche de l'économie, que ce soit sur le plan de la productivité agricole, de la fiabilité des transports, ou du coût et de la possibilité d'assurer ces risques ». Avec la guerre en Ukraine, le chantier brûlant de la transition climatique risque une nouvelle fois d'être relégué au second plan malgré l'urgence.

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Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 27/02/2024 à 8:28
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Aucun intérêt ils copient mot à mot la feuille de route de Davos. Nos dirigeants sont faibles.

le 27/02/2024 à 13:36
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la france offre 4 semaines a m macron et m lemaire pour un sejour en ukraine en 1ere ligne pour défendre comme il le prétende l'Europe

le 28/02/2024 à 11:00
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Il ne sait plus comment attirer l'attention vu que plus personne ne l'écoute.

à écrit le 27/02/2024 à 7:49
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Bonjour, avant toute chose je tiens à dire que nous devons surtout pas envoyer nos soldats en Ukraine.... Notre bon président souhaite peux être évité la débâcle électorale par une guerre indirecte avec la Russie... Avant toute chose je rappelle qu...

à écrit le 27/02/2024 à 7:17
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Pour le climat, c'est réglé, tout le monde s'en fiche

le 27/02/2024 à 10:36
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@Charlie. Comme du temps du Rapport Meadows publié en 1972. "Les Limites à la croissance" — plus connu sous le nom de "Rapport du club de Rome" (avec ses principaux auteurs: Donella Meadows et Dennis Meadows). Ben oui, surtout l'économie post 1970 (a...

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