Céréales : l'UE prolonge les restrictions sur les importations ukrainiennes

A l'heure actuelle, cinq Etats de l'Union européenne imposent des restrictions sur l'importation de céréales en provenance d'Ukraine. La Commission européenne a annoncé leur prolongation jusqu'au 15 septembre, en dépit de l'opposition de Kiev et des résistances d'une partie des Vingt-Sept. A travers ces mesures, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie souhaitent protéger leurs agriculteurs.
Gardienne de la politique commerciale de l'UE, la Commission avait conclu fin avril avec ces quatre Etats, ainsi que la Roumanie un accord prévoyant jusqu'au 5 juin des « mesures de sauvegarde » (Photo d'illustration).
Gardienne de la politique commerciale de l'UE, la Commission avait conclu fin avril avec ces quatre Etats, ainsi que la Roumanie un accord prévoyant jusqu'au 5 juin des « mesures de sauvegarde » (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

La décision de Bruxelles devrait faire l'objet d'un nouveau contentieux entre l'Ukraine et l'Union européenne. Les restrictions imposées par cinq Etats de l'Union européenne sur l'importation de céréales ukrainiennes pourront être prolongées jusqu'au 15 septembre, a annoncé la Commission européenne, lundi 5 juin. Face à l'afflux de produits agricoles ukrainiens à la suite de la levée des droits de douane de l'UE en mai 2022, plusieurs pays riverains (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie) avaient unilatéralement interdit mi-avril l'importation de céréales d'Ukraine pour endiguer la saturation de leurs silos et l'effondrement des prix locaux.

« Ces mesures restent nécessaires pour une période limitée, compte tenu des circonstances exceptionnelles de graves goulots d'étranglement logistiques et de la capacité limitée de stockage de céréales avant la saison des récoltes dans ces cinq États membres », insiste l'exécutif européen dans un communiqué.

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Des mesures « temporaires et exceptionnelles »...

Gardienne de la politique commerciale de l'UE, la Commission avait conclu fin avril avec ces quatre Etats, ainsi que la Roumanie un accord prévoyant jusqu'au 5 juin des « mesures de sauvegarde ». Elles leur permettent de bloquer sur leur sol la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens, à condition que ces pays  n'empêchent pas leur transit vers d'autres pays.

Ces mesures « temporaires et exceptionnelles » pourront être prolongées jusqu'à mi-septembre. Ce délai doit servir à « améliorer » les structures logistiques de transport des céréales pour soulager ces pays riverains et permettre à l'Ukraine d'écouler ses récoltes estivales, a précisé la Commission. « Comme convenu, une plateforme conjointe a été mise en place pour coordonner les efforts » de la Commission, des cinq Etats, ainsi que de l'Ukraine « afin d'améliorer les flux commerciaux et le transit des produits agricoles », ajoute-t-il.

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...mais très critiquées

Ces restrictions au sein de l'UE ont déjà été vivement critiquées par Kiev, qui avait appelé Bruxelles à ne pas les prolonger au-delà du 5 juin. « Leur maintien revient à donner des armes supplémentaires à (Vladimir) Poutine contre l'unité de l'Europe », avait déploré la semaine dernière le ministère ukrainien de l'Agriculture, Mykola Solsky. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait précédemment fustigé des « mesures protectionnistes sévères, voire cruelles ».

Ces restrictions sont également contestées par 12 Etats de l'UE, dont la France et l'Allemagne, qui avaient exprimé mi-mai leurs « sérieuses inquiétudes » sur ce « traitement différencié au sein du marché intérieur ». La Commission a assuré lundi que ces « mesures préventives (...) respectent pleinement l'engagement ferme de l'UE à soutenir l'Ukraine » face à l'invasion menée par la Russie « et à préserver ses capacités à exporter ses céréales », alors que les routes maritimes via la mer Noire restent contrôlées par Moscou. Bruxelles affirme cependant se tenir prêt à « réévaluer » ces restrictions « au cas où le transit de marchandises ukrainiennes serait entravé par des exigences indûment contraignantes dans un ou plusieurs des cinq États membres ».

Un marché sous tension

Cette décision de la Commission intervient dans un contexte tendu sur le marché des matières premières agricoles. Les prix mondiaux des produits alimentaires se sont repliés au mois de mai, sous l'effet d'une « importante » baisse de prix des céréales et des huiles végétales, a indiqué la semaine passée l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

L'indice FAO des prix des denrées alimentaires, qui suit la variation des cours internationaux d'un panier de produits de base, a reculé de 2,6% par rapport au mois d'avril. L'indice FAO des prix des céréales a diminué de 4,8% sur un mois, entraîné par le maïs dont le prix chute d'environ 10%, « en raison de perspectives de production favorables et d'une demande d'importation atone ». Les prix du blé, dont les réserves sont également abondantes, se sont repliés de 3,5%, du fait notamment du renouvellement du corridor maritime céréalier ukrainien mi-mai pour une durée de deux mois.

Les huiles végétales reculent encore plus fortement, chutant de 8,7% sur un mois, et tombant très largement sous leur niveau d'il y a un an, en mai 2022 (-48%). La récolte de soja « exceptionnelle » au Brésil, l'offre abondante de colza et de tournesol et l'augmentation de la production d'huile de palme, qui s'exporte difficilement, ont nettement pesé sur les prix. L'indice FAO des prix du sucre, en revanche, progresse de 5,5% en mai et enregistre sa quatrième hausse mensuelle consécutive. Il s'établit largement au-dessus de son niveau d'il y a un an (+31%). Les disponibilités mondiales de sucre se « resserrent », note la FAO, tandis que l'impact du phénomène climatique El Niño sur les récoltes la saison prochaine inquiète.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/06/2023 à 8:19
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Attendez je ne comprends pas là... on leur donne des milliards en ce moment aux ukrainiens, des armes en pagaille mais on ne veut pas acheter leurs céréales ? Heu... elle est où la logique là ?! Je comprends la réaction ukrainienne c'est complètement...

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