[Article publié le lundi 04 septembre 2023 à 09h11 et mis à jour à 18h05]
La Turquie va-t-elle parvenir à réactiver l'accord sur l'exportation de céréales ukrainiennes ? En visite à Sotchi, en Russie, ce lundi 4 septembre, Recep Tayyip Erdogan semble du moins près du but. En témoignent les propos de son homologue russe lors d'une conférence de presse commune. Vladimir Poutine s'est, en effet, dit prêt à relancer l'accord céréalier via la mer Noire à condition que ses demandes soient satisfaites.
« Nous le ferons dès que tous les accords qu'il contient concernant la levée des restrictions à l'exportation des produits agricoles russes seront pleinement mis en œuvre », a affirmé l'homme fort du Kremlin.
Pour rappel, cet accord concerne les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Signé en juillet 2022 pour la première fois entre Russes et Ukrainiens sous l'égide de la Turquie et des Nations Unies, il avait été prolongé à plusieurs reprises avant que Moscou n'y mette fin le 17 juillet dernier, assurant que les objectifs prévus par l'accord n'étaient pas remplis. Depuis, l'Ukraine se rabat pour ses livraisons sur des itinéraires terrestres et un port fluvial peu profond, ce qui limite considérablement les volumes de céréales exportés.
Recep Tayyip Erdogan. A son arrivée à Sotchi, le président turc avait d'ailleurs promis de faire une annonce « très importante » sur l'exportation des céréales à l'issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine. « Je crois que le message que nous transmettrons lors de la conférence de presse qui suivra notre entretien sera très important pour le monde, en particulier pour les pays africains en développement », avait-il déclaré.
Lors de celle-ci, il a expliqué que « les propositions alternatives portées à l'ordre du jour ne peuvent offrir un modèle durable et sûr basé sur la coopération entre les parties comme l'Initiative de la mer Noire ». Le chef de l'Etat turc a d'ailleurs précisé que la Turquie préparait « un nouvel ensemble de propositions en consultation avec l'ONU » afin de ressusciter l'accord, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait écarté une nouvelle proposition du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. « Il n'y a toujours aucune garantie dans cette (proposition), seulement des promesses », avait-il affirmé le 1er septembre.
Quant à la proposition de la Russie fondée sur l'envoi des denrées alimentaires gratuites à l'Afrique et de céréales à prix réduit pour être transformées en Turquie grâce à une contribution financière du Qatar, Vladimir Poutine a dit, ce lundi, finaliser la livraison pour six Etats africains. « Nous sommes sur le point de conclure des accords avec six États africains auxquels nous avons l'intention de fournir gratuitement » des céréales « dans les prochaines semaines », a-t-il indiqué.
La Turquie renforce ses relations avec la Russie
Recep Tayyip Erdogan est un des rares dirigeants au sein de l'Otan à conserver de bonnes relations avec Vladimir Poutine. D'autant que le dirigeant de la Turquie, qui a toujours refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie, voit particulièrement d'un bon œil la perspective d'une reprise de l'accord sur les céréales, étant lui-même un gros importateur. Il n'a donc eu de cesse de défendre Vladimir Poutine lorsque ce dernier a dénoncé le non-respect de l'accord.
« Il y a, en réalité, deux volets dans l'accord : un ukrainien et l'autre russe. Le premier a toujours été respecté, ce qui n'est pas le cas du second qui prévoit que les céréales russes ne fassent pas partie des sanctions internationales. Or, ces dernières visent l'assurance des bateaux russes transportant les céréales empêchant la Russie de les acheminer tout comme ses engrais », explique Deniz Ünal, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii) à La Tribune. D'autant que les banques russes ont été exclues du système système mondial de transaction bancaire SWIFT ce qui leur interdit de recevoir ou d'émettre des paiements via ce canal et donc ce qui interdit à des établissements étrangers de commercer avec elles.
(Avec AFP)
