Alibaba affiche de belles ventes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, qui prendra fin en au 31 mars prochain. Ainsi, entre octobre et décembre, son chiffre d'affaires a atteint 260,3 milliards de yuans (33,8 milliards d'euros), soit une hausse de 5% sur un an, a indiqué le groupe dans un communiqué ce mercredi.
Il s'agit néanmoins d'un niveau plus faible que les prévisions d'analystes. Surtout, son bénéfice net a fondu. Il s'élève à 14,4 milliards de yuans (1,87 milliard d'euros), contre près de 47 milliards au même trimestre de l'année précédente, soit une chute de 69%.
Ces résultats sont notamment la conséquence de la concurrence féroce que le groupe, leader du commerce en ligne en Chine, doit affronter avec ses compatriotes et concurrents. À l'instar de JD.com, dont les résultats pour la période octobre-décembre 2023, n'ont néanmoins pas encore été dévoilés. Le trimestre précédent, il avait enregistré un chiffre d'affaires bien inférieur - 7,9 milliards de yuans contre 224 milliards pour Alibaba -, mais un bénéfice net largement plus élevé - 247 milliards de yuans contre 27 milliards.
Rachat de 25 milliards d'actions
Dans ce contexte, Alibaba a décidé d'augmenter son programme de rachat d'actions.
« Notre conseil d'administration a approuvé une augmentation de 25 milliards de dollars de notre programme de rachat d'actions », a indiqué Toby Xu, le directeur financier du groupe, dans le communiqué.
Ce programme s'étalera jusqu'à la fin du mois de mars 2027, selon le groupe. Le programme existant jusqu'à présent était déjà l'un des plus importants de Chine, avec environ 9,5 milliards de dollars pour la seule année dernière, selon l'agence de presse Bloomberg.
« Cela témoigne de notre confiance dans les perspectives de notre entreprise et dans nos flux de trésorerie », a-t-on ajouté.
Un optimisme affiché, mais pas partagé. Cette annonce surprise a entraîné une baisse de 6% de l'action Alibaba cotée aux États-Unis à l'ouverture, passant de 79,10 dollars ce mardi à 74,35 dollars, ce mercredi. À la Bourse de Hong Kong, où l'entreprise est aussi cotée, l'action a d'abord légèrement augmenté à l'ouverture (passant de 76,05 dollars de Hong Kong à 76,90) avant de reculer à 74,90 dollars de Hong Kong.
Les ventes décevantes annoncées ce mercredi ajoutent en tout cas de l'incertitude sur le groupe qui a connu une année 2023 mouvementée. En raison notamment des contrariétés au niveau de son grand programme de restructuration. Alibaba avait ainsi annoncé en novembre l'annulation d'un projet de scission de sa branche informatique en nuage (cloud) en raison de restrictions américaines sur les puces informatiques.
Baromètre de la consommation du pays
Basé dans la grande ville de Hangzhou, dans l'Est de la Chine, Alibaba est un acteur incontournable de l'économie numérique dans son pays. Outre le commerce en ligne et le cloud, le groupe est présent dans la logistique, les médias, les divertissements et l'intelligence artificielle. Il est d'ailleurs considéré comme un baromètre de la consommation en Chine. Or, celle-ci est toujours atone, comme en témoigne la déflation qui s'est poursuivie en décembre, pour le troisième mois consécutif, le marché immobilier en crise et le fort chômage chez les jeunes.
De façon plus globale, le pays traverse des difficultés depuis plusieurs mois. La Chine a ainsi signé en 2023 l'une des croissances les plus faibles en trois décennies, selon des chiffres officiels. Si elle a malgré tout vu son produit intérieur brut (PIB) croître de 5,2% sur un an, la comparaison se fait avec 2022 lorsque les restrictions contre le Covid-19 avaient lourdement pénalisé l'activité. Entre les troisième et quatrième trimestres, comparaison la plus fidèle de la conjoncture, le rythme est bien plus modeste (+1%) pour le géant asiatique.
Un de ses importants leviers de croissance, les exportations, a connu un repli l'an dernier (-4,6%, d'après les Douanes chinoises), le premier depuis 2016. À cela s'ajoute la menace de récession en Europe, combinée à une inflation élevée, qui contribue à affaiblir la demande internationale en produits chinois. Les tensions géopolitiques et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine, ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement, expliquent également cette baisse.
(Avec AFP)
